Kabirou Mbodji, qui a brillé hier par son absence à la barre de la 3e chambre correctionnelle, n’a pas aussi apprécié la décision rendue par le juge. Ainsi, il a adressé une lettre à l’Inspecteur général de la justice (Igaj) pour montrer son indignation. «Je viens respectueusement vous saisir de la situation d’injustice criarde dans laquelle je pense avoir été mis par deux procédures inédites et deux décisions rendues par le Juge Hamath Sy de la 3ème Chambre du Tribunal correctionnel hors classe de Dakar», dit-il. Dans sa missive, le patron de Wari précise : «La première affaire qui a déjà été jugée a été initiée par une société de droit anglais dite Tap Tap Send pour un prétendu abus de confiance dont serait rendue coupable la société Wari Sa.» Pour ces motifs, poursuit-il, «en sa qualité de prétendu Directeur général, il a été condamné à une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis et 1 milliard 500 Millions de francs de dommages et intérêts, solidairement avec la société Wari Sa». Kabirou Mbodji rappelle à l’Igaj, le compte rendu de son avocat : «Le Tribunal a refusé que je soulève des exceptions au motif que le prévenu n’étant pas présent, que donc je ne pouvais pas prendre la parole en son nom.» Mieux, souligne encore le fondateur de Wari, «un dossier a bien été déposé sur lequel le juge Amath Sy s’est prononcé en rejetant l’argumentaire décliné sous le couvert du civilement responsable». Il rappelle que les documents produits par ses conseils et par le plaignant lui-même, indiquent clairement que la convention qui lie la société Wari Sa à la société Tap Tap Send prévoit une clause d’arbitrage donnant compétence aux juridictions anglaises avec application du droit Anglais en cas de litige sur l’interprétation ou la mise en œuvre de ladite convention, violant la règle d’incompétence». Selon lui, «c’est cette fausse qualité qui lui a été attribuée et qui a fait qu’il a été cité et condamné».
Par ailleurs, il pense que le juge, en rejetant les exceptions soulevées par ses avocats, en est arrivé à sa condamnation et même solidairement avec la société Wari Sa alors que cela n’a pas été demandé par les plaignants. «Malheu­reuse­ment, le juge a cru, encore une fois, devoir rejeter cette demande et entrer en voie de condamnation contre moi pour un prétendu abus de biens sociaux en allouant aux parties civiles la somme de 5 milliards de F Cfa», enchaîne M. Mbodji, qui regrette qu’il «n’a pas été tenu compte des décisions de non-lieu de la Chambre d’accusation et de la Cour Suprême qui s’imposent à lui, mais encore de la tendance des juridictions internationales sur les conditions d’un procès équitable et enfin des dispositions pourtant claires du Code de procédure pénale».
Face à cette situation, il estime que «la décision rendue n’a aucune base légale». Il l’a «qualifiée» même d’abus de pouvoir. Et au regard de tous «ces errements», le patron de Wari estime que ses «droits n’ont pas été respectés» malgré les efforts consentis par ses avocats pour apporter des éclairages.