10 ans de réclusion criminelle et 45 millions de francs Cfa d’amende. Telle est la sentence prononcée par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) du Bénin à l’encontre de l’opposant Joël Aïvo, professeur de droit, dont la candidature à la Présidentielle d’avril 2021 avait été rejetée.  La haute juridiction de Porto Novo  a reconnu l’universitaire et politicien, tout comme deux de ses coaccusés (Boni Sarè Issiakou et Ibrahim Bachabi Moudjaïdou), coupables de «blanchiment de capitaux» et «atteinte à la sûreté de l’Etat».
Quant à Alain Gnonlonfoun, financier de M. Joël Aïvo, il a été relaxé au bénéfice du doute. Arrêté à la périphérie nord de Cotonou, de retour du campus, le 15 avril 2021, puis inculpé, le Pr Joël Aïvo a été écroué à la Maison d’arrêt de Cotonou.
Le Pr Aïvo avait été entendu à la barre, sur l’origine de sa caution de 50 millions de francs Cfa, une somme déposée dans le cadre de sa candidature à la dernière Présidentielle au Bénin. L’accusation a estimé que celle-ci aurait partiellement été financée par Arnaud Houédanou, qui est accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat. Et le Procureur de la Criet, Mario Mètonou, d’après Le Monde, ne s’est pas empêché de considérer : «Le complot contre la sûreté de l’Etat est constitué dès son acceptation morale, avant qu’il ne se concrétise. Joël Aïvo est bénéficiaire du complot financé par Arnaud Houédanou.»
Réagissant à cette condamnation de son client, la défense qualifie la peine de «disproportionnée, (d’) excessive, (d’) abusive. Elle est absurde… On ne peut la comprendre qu’avec une lecture purement politique», a regretté Ludovic Hennebel, professeur à la Faculté de droit d’Aix-en-Provence et avocat au sein de l’équipe de défense internationale de Joël Aïvo. Avant d’indiquer : «Le pouvoir en place envoie un signal fort à tout opposant politique, qui oserait lui faire de l’ombre ces dix prochaines années.»
L’ancien bâtonnier du Bénin et avocat Maître Robert Dossou ne dit pas autre chose que : «Ce dossier est vide, la procédure pénale est devenue un instrument de terreur. On assiste à un recul généralisé des libertés publiques. Tout ça me rappelle les procès politiques d’antan, lorsque le Bénin était un pays instable et coutumier des coups d’Etat. On peut faire Appel de la décision de la Criet pour la forme, mais je vous avoue que notre client n’est pas chaud pour cela…»