#Vélingara – Amadou Seydou Balnde, Khalife général des peulhs fouladou : «Aux Locales, Je ne battrai campagne pour personne»

Après avoir refusé de battre campagne pour quelque candidat que ce soit lors des Municipales à venir, le Khalife général des Peulhs du Fouladou a demandé de la retenue à ses talibés, et les a exhortés à ne pas céder à la violence.Par Abdoulaye KAMARA
– Le Khalife général des peulhs fouladou de Médina Gounass, Amadou Seydou Balnde, a coupé court à la rumeur qui enflait à propos d’un éventuel soutien à des candidats aux élections locales dans les différentes communes de la région de Kolda. En visite à ses talibés de la ville de Vélingara, dimanche soir, il a dit : «Je ne battrai campagne pour personne pour ces Locales. Je ne vois aucun homme politique dans la région de Kolda qui mérite mon soutien. Par contre, je ne m’opposerai à la candidature d’aucun de mes talibés.» Devant plusieurs centaines de talibés qui l’écoutaient attentivement, il a donné les raisons d’une telle posture. Il a dit : «Les hommes politiques sont de 2 types : ceux qui, sous l’emprise de la colère, cherchent à régler un compte par la voie politique et ceux qui, éblouis par l’espoir d’un lendemain meilleur, en perdent la raison. Vous croyez que je peux me mettre aux côtés de ces 2 types de citoyens ? Tous ces 2 citoyens peuvent être auteurs d’exactions à un moment de leur activité politique, pour un oui ou pour un non.»
L’homme de Dieu en est arrivé à cette déduction de par son «vécu et ses expériences dans la politique et auprès des hommes politiques depuis 1972». C’est justement, dit-il, parce qu’il craint que ça dégénère lors de la prochaine campagne électorale qu’il a décidé de faire le déplacement à Vélingara et, plus tard, à Kolda auprès des siens, pour prêcher la paix.
A rappeler que c’est suite à l’érection de Médina Gounass comme chef-lieu de communauté rurale en 1979 et ses implications politiques, que cette cité religieuse a connu des batailles meurtrières et des incendies criminels de maisons au début des années 1980. Et depuis, règne dans cette localité du département de Vélingara, un climat social de ni paix ni guerre. Une des rares villes de plus de 30 000 âmes du Sénégal où il est interdit de battre campagne.
Des événements de mars 2021
Le vénéré khalife Thierno Amadou Seydou Balnde a décidé de ne pas battre compagne au profit de quelque homme politique. Toutefois, a-t-il dit, «je battrai campagne pour le bonheur des couches vulnérables». C’est pour fustiger l’attitude des hommes politiques et des activistes qui, sous le coup de la colère ou parce que leurs espoirs sont trahis, incitent ou se lancent dans la destruction de biens publics. C’était le cas lors des événements de mars 2021. Sans les citer nettement, il a notamment dit : «Macky Sall ne sait pas si je vais à la boutique d’à côté pour mes besoins, aucun membre du gouvernement ne m’aide à trouver du carburant ou évacuer mes malades. Par contre, le boutiquier d’à côté, la station-service ou le voisin de chauffeur sait que j’utilise ces services publics. C’est pour souligner la nécessité de les préserver pour nous-mêmes et non pour déplaire aux autorités qui ne les utiliseront jamais. En cas de toute accès de colère, il faut de la retenue.»
A rappeler que le département de Vélingara a enregistré un mort lors de ces événements de mars 2021. Au cours desquels, la gendarmerie de Diaobé a été incendiée et toujours laissée à l’état de ruines. Le bureau des postes de Diaobé, le bureau des Eaux et forêts de Carrefour Manda ainsi que des stations-services et des commerces ont également connu le même sort.
akamara@lequotidien.sn