Pour le vingtième anniversaire de la disparition de Senghor, Ibou Fall publie un ouvrage intitulé «Senghor, sa nègre attitude». Et selon Hamidou Anne, chroniqueur du journal Le Quotidien, cet ouvrage est une «photographie des mœurs sénégalaises d’hier à aujourd’hui». «On commémore Sen­ghor, le symbole de la pensée», déclare le chroniqueur, en faisant une brève présentation du livre ce mardi, dans les locaux de la Fondation Léopold Sédar Senghor. D’après lui, Ibou Fall part de ce fait peut-être anodin, mais qui va chambouler le destin de tout un continent et «nous» ramène à ce que Malraux disait : «Senghor a pris entre ses mains périssables, le destin spirituel d’un continent. Toute personne qui a quitté le pouvoir de façon volontaire, marche inlassablement sur les traces de Senghor. Et toutes les personnes qui tentent de s’éterniser par la répression dans les pouvoirs, sont en train de dévoyer l’héritage de Senghor, sont en train de dévoyer la promesse et la mystique républicaine.» Pour M. Anne, l’auteur ne se limite pas dans l’ouvrage, à conter le parcours de celui qu’il appelle non sans une certaine affection, «Sédar Gnilane», lui le fils de Mamadou Dia, mais il montre qu’au fond, pas grand-chose n’a changé depuis 1958. «Le Sénégal, les Sénégalais, nos mœurs, nos pratiques, nos grandeurs et nos misères sont peints avec précision, et surtout sans concession.» Selon lui, ce que Senghor avait construit par la mystique de la République, est en train de se transformer en politique politicienne. «Alors, Senghor est resté en 20, 40 ans de vie politique, attaché à une mystique républicaine, celle qui libère, qui unit et enrichit à travers les arts et la culture.» Hamidou Anne de signaler également que Ibou Fall «nous promène dans la vie de Senghor et parle de quelque chose de très important et qui n’est pas souvent mis en valeur». Par conséquent, il estime que la critique la plus «injuste» de Senghor, c’est de dire que Senghor est l’homme des Blancs, un français. De ce fait, il a invité les Sénégalais à revisiter les ouvrages du Président-poète. «Révi­sons la poésie de Senghor, révisons les travaux de Sen­ghor. Il n’y a pas un Sénégalais plus ancré dans sa tradition, dans les valeurs de son territoire que Léopold Sédar Sen­ghor. Il n’y a pas de Sénégalais plus attaché à notre identité nègre que Léopold Sédar Senghor.» Et Pour finir, il dit : «Le livre de Ibou Fall est érudit et exigeant.»