Trafic d’antiquité : Des objets éthiopiens vendus en ligne

Le quotidien britannique The Times a révélé que des manuscrits anciens et des objets religieux éthiopiens d’une grande valeur sont apparus sur des sites de vente en ligne ces dernières semaines. D’après plusieurs experts, ces antiquités pourraient provenir du pillage de sites religieux pendant la guerre menée dans le Tigré.
Une Bible en langue Geez enluminée à la main sur velum, pour 650 livres sterling. D’autres dans leur coffret de bois, pour 1600 ou 2000 livres. Un très ancien Coran écrit à la main sur une peau tannée. Mais aussi de petites croix coptes à porter en collier, pour 200 ou même 50 livres… Ce n’est là qu’un aperçu de l’inventaire des antiquités éthiopiennes que l’on peut trouver sur les sites eBay ou Etsy. Or, la provenance de ces biens n’est pas toujours claire, révèle l’enquête du Times. Alerté par le journal, eBay a d’ores et déjà retiré les artefacts les plus douteux. Mais plusieurs experts soupçonnent qu’il pourrait s’agir là de biens volés par des soldats pendant la guerre livrée dans le Tigré, au cours de laquelle des sites religieux célèbres ont été pillés. Le trafic d’antiquités éthiopiennes est antérieur à la guerre, mais il est établi que des soldats érythréens, notamment, ont commis des tueries et des vols dans la ville sacrée d’Axoum fin novembre 2020, puis au monastère de Maryam Dengelet, le lendemain. La mosquée d’Al-Nejashi, le plus ancien site musulman d’Afrique, a quant à elle été bombardée puis pillée par l’Armée érythréenne le mois suivant. Le philologue éthiopien, Hagos Abraha Abay, qui a alerté le journal britannique, s’inquiète particulièrement pour les extraordinaires «Evangiles de Garima», l’un des trésors les plus précieux du christianisme, qui pourraient remonter aux premiers siècles de l’ère chrétienne et qui, à ce jour, n’ont pas pu être localisés.
Rfi