Les autorités françaises sont appelées à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes. Une décision prise hier par le gouvernement malien, en réponse à la France.Par Aliou DIALLO

– Hier, le Mali a demandé aux autorités françaises de retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes. Une décision qui intervient 24 heures après l’annonce du départ des forces françaises du Mali par le Président français, Emmanuel Macron. La junte dit avoir pris acte de la décision «unilatérale» du 17 février 2022 des autorités françaises, de procéder au retrait des forces militaires de Barkhane et Takuba, «en violation des accords liant la France et le Mali et impliquant d’autres partenaires». Le chef de la junte, Colonel Assimi Goïta, et son gouvernement déclarent que cette décision fait suite à d’autres annonces également «unilatérales» de la France. Il s’agit selon eux, de la suspension des opérations conjointes avec les Forces armées maliennes le 3 juin 2021 et, le 10 juin 2021, de la fin de l’opération Barkhane, «sans préavis et sans consultation préalable de la partie malienne». Cette dernière considère ainsi que «ces décisions unilatérales constituent des violations flagrantes du cadre juridique liant la France et le Mali».
Dressant le bilan de la présence française sur son sol, le Mali estime que «par rapport aux résultats attendus, les résultats obtenus et annoncés officiellement par les autorités françaises, n’ont pas été satisfaites, ni en 2013 avec l’opération Serval (détruire le terrorisme, restaurer l’autorité de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire national, faire appliquer les résolutions de l’Onu), ni en 2016 avec l’opération Barkhane (lutter contre le terrorisme, aider à faire monter l’Armée malienne en puissance, intervenir en faveur des populations)».
En outre, le Mali laisse entendre que malgré la présence de l’opération Barkhane et des forces internationales, de 2013 à 2021, le Mali a risqué la partition et la menace terroriste initialement localisée au nord du Mali, s’est répandue sur l’ensemble du territoire national.
Dans le même sillage, les autorités de Bamako indexent la responsabilité de la France relativement à la situation actuelle. Elles disent : «Le gouvernement du Mali rappelle que l’opération Serval n’aurait pas été nécessaire si l’Otan n’était pas intervenue en Libye en 2011. Cette intervention, qui a fondamentalement modifié la donne sécuritaire dans la région et dans laquelle la France a joué un rôle actif de premier plan et au grand dam des Africains, est à la base des problèmes sécuritaires actuels du Mali en particulier et du Sahel en général.» Elles ajoutent : «Contrairement aux allégations relatives à la dégradation de la situation sécuritaire, les autorités de la Transition, dans l’exercice de leur droit souverain, ont entrepris des actions volontaristes pour diversifier les partenaires, consenti d’énormes efforts, permettant ainsi la montée en puissance des Forces armées maliennes et l’amélioration significative de la situation sécuritaire sur le terrain depuis 6 mois, notamment en vue de créer les conditions de la tenue d’élections.»
Ainsi, le gouvernement exhorte «ses vaillantes Forces armées et de sécurité nationale à plus d’engagement, de vigilance et de détermination dans l’accomplissement de leurs missions de défense de l’intégrité territoriale et de sécurisation des personnes et des biens».
Malgré la montée de l’escalade entre la junte et la France, les militaires disent néanmoins reconnaître les sacrifices consentis, mais aussi s’inclinent devant la mémoire des victimes de l’insécurité, civiles et militaires, maliennes et étrangères. Ils ont aussi réaffirmé leur disponibilité à renforcer davantage le dialogue et la coopération avec les partenaires «soucieux de la prise en compte des intérêts vitaux du Mali, dans le respect de la souveraineté nationale et de la dignité du Peuple malien». Ce peuple est appelé à rester serein et vigilant par les militaires, qui ont pris l’engagement que toutes les dispositions sont prises pour garantir la sécurité.