La 13e édition du Festival international du film documentaire de Saint-Louis a permis de poser les bases d’une synergie d’action autour de ce genre. Une rencontre a réuni les principales structures formant au cinéma.Pendant cette 13e édition du Saint-Louis’Docs, vous avez réuni l’essentiel des écoles de formation en cinéma du pays à Saint-Louis. Quel était l’objectif d’une telle rencontre ?

L’objectif, c’était de créer un lieu de discussion autour du documentaire, la formation, les problèmes que l’on rencontre pour la distribution. Claire­ment, on veut fédérer tout ce monde-là pour faire à Saint-Louis, les Etats généraux du documentaire, où toutes les écoles de formation et tous les acteurs du cinéma documentaire peuvent se rencontrer cha­que année, pour débattre et avancer ensemble. L’objectif a été atteint parce qu’on a décidé de créer un site où on peut répertorier tous les documentaires qui ont été faits au Sénégal, la filmographie des réalisateurs, avec leurs con­tacts. De façon à permettre à ceux qui veulent programmer des documentaires, de retrouver les films qu’ils cherchent et prendre contact avec les auteurs. On a décidé de faire ça avant l’année prochaine et ça nous a permis de réfléchir à des perspectives de collaboration avec Wido, la plateforme de Orange.

Vous avez fait le diagnostic des difficultés. Quelles sont-elles ?
Les difficultés, c’est d’un côté la formation. De qualité surtout. Il y a quelques films, mais il faut vraiment qu’on travaille la qualité. Et qu’on ait aussi un lieu de convergence où les gens peuvent se réunir et discuter. Mais le principal problème, c’est la diffusion. C’est dommage que les films documentaires ne soient jamais vus dans nos télévisions au Sénégal. Les chaînes n’achètent pas les films ou alors les propositions ne sont pas adaptées. Pour résoudre ce problème, nous allons réfléchir à des alternatives, comme par exemple réunir nos films et proposer des catalogues pour les pousser à acheter. Comme ça, créer un temps d’antenne régulier, quotidiennement ou mensuellement, pour diffuser les films qui seraient accompagnés par les auteurs pour en discuter.

Et pour fédérer toutes ces dynamiques, il va y avoir une association…
L’idée n’est pas de créer une nouvelle association, mais juste de nouvelles dynamiques qui permettent aux gens du documentaire de se regrouper. La plateforme permettra ainsi de regrouper tous les documentaires sénégalais comme dans certains pays où il y a le Film Institute ou quand tu as besoin de films documentaires, quelle que soit la thématique, tu peux les retrouver et aussi avoir les coordonnées de toutes les personnes évoluant dans le secteur. Ca nous permet déjà de nous structurer. Et tous les gens qui auront envie de regarder un film disposeront d’un lien et du contact des ayants droits. L’idée, c’est vraiment de trouver des convergences pour améliorer les choses.

Et concrètement, à la prochaine édition, qu’est-ce qui va être mis en place ?
On s’est dit qu’à la prochaine édition, on va créer cette plateforme et ça va être un premier pas. A partir de là, nous allons réfléchir avec les professionnels qui seront là.

Un bilan pour cette 13e édition ?
A chaud, je peux dire que c’est une belle réussite sur toute la partie inédite de cette année, c’est-à-dire ces rencontres avec les professionnels qui sont venus nous répondre en masse, avec notamment le centre Yennenga, Ciné Banlieue, le Media Centre et Gorée Cinéma. On a aussi pu démarrer des projections à la Maison de quartier de Diamaguène. Le directeur de la Cinéma­togra­phie a assisté à l’ouverture et on est très contents. C’était très risqué de changer de date (le festival se tenait habituellement en décembre), mais le public est venu en masse et il y a eu de belles projections, de beaux films. !!!

Et financièrement, c’était moins tendu cette année ?
C’était tendu mais franchement, on ne se plaint pas. On a une belle équipe, avec des bénévoles très motivés. L’objectif, c’est vraiment de vulgariser le documentaire, former des gens et qu’à chaque édition, on sente qu’il y a un plus par rapport à l’environnement du documentaire au Sénégal.

Vous sentez l’adhésion des autorités, leur soutien ?
Oui. Cette année, on a eu le directeur de la Cinéma­tographie et à la clôture, la directrice du Centre culturel de Saint-Louis s’est fait représenter et a pris la peine de nous faire un message que je trouve très fort. Les autorités étatiques, municipales et l’administration territoriale nous accompagnent aussi.

Les défis pour les prochaines années ?
Déjà valider les acquis qu’on a et essayer d’aller plus loin. Et arriver à mettre en place une résidence d’écriture de documentaires qu’on veut organiser et qu’à la fin, les participants puissent rencontrer des partenaires, leur pitcher leurs projets et pourquoi pas, trouver des financements et des producteurs. C’est ça le défi pour l’année prochaine
Propos recueillis par Mame Woury THIOUBOU
mamewoury@lequotidien.sn