Après une pause de deux ans due à la pandémie du Covid-19, le 134ème pèlerinage marial de Popenguine a eu lieu hier. Le thème portait autour de : «Amour familial : vocation et chemin de sainteté.» Le diocèse de Kaolack a eu l’honneur de célébrer la messe solennelle, présidée par Mgr Martin Boucar Tine, évêque de Kaolack, avec l’accompagnement et la coordination des chorales dudit diocèse. Dans son homélie, l’évêque de Kaolack a délivré un message à teneur universelle. Il est revenu largement sur les maux dont souffre la société, tels que la violence, le mensonge, le désengagement des parents et la désobéissance des jeunes qui doivent prendre exemple sur Joseph et Marie.
Selon Mgr Martin Boucar Tine, les gens sont trop pressés de réussir dans la vie. Surtout les jeunes. «Ils veulent tous réussir, avoir beaucoup d’argent, sans réfléchir sur comment y arriver. Dans l’empire romain, l’Enfant avait patienté jusqu’au moment où il avait commencé ce qu’on appelle la mission divine. Une mission qui allait le conduire à la crucifixion. Nos familles doivent être davantage des petites églises domestiques où Dieu est présent, en apprenant à vivre la petite nouvelle de l’évangile. Jésus répond qu’il doit être à la maison du père mais il descend avec eux dans le quotidien de Nazareth et il leur était soumis. L’enfant avait écouté les conseils de son père Joseph et de sa mère Marie. C’est là, dans le quotidien de Nazareth, qu’il va apprendre de ses parents et de son entourage l’art d’être homme», a rappelé Mgr Tine.
Citant en exemple Marie, l’évêque de Kaolack invite la société à s’inspirer de ce modèle : «Elle n’a jamais croisé les bras. Marie et Joseph ressemblent tellement à la nôtre ; une famille n’est pas un idéal mais réelle. La vie de Joseph et de Marie ressemble à tant de parents à la nôtre. Marie et Joseph n’ont jamais reçu de Dieu un SMS, une télécopie ou un courrier électronique. Dieu n’a pas fait le travail à la place des parents, ils (marie et Joseph) ont dû fuir en Egypte et endurer.» Malheureusement, déplore Mgr Matin Boucar Tine, «on entend aujourd’hui des parents qui disent «nous n’y pouvons plus rien». Nous devons éviter de fuir nos responsabilités parce que Marie et Joseph n’avaient pas fui la leur. La Sainte famille n’est pas sainte parce que Marie et Joseph n’ont jamais eu de problème, la Sainte famille est sainte parce qu’au milieu des épreuves, ils ont toujours mis leur amour envers Dieu et ont toujours fait de leur mieux, sachant que Dieu fera le reste. Par ailleurs aucun Saint canonisé n’est saint. Les saints ont été comme vous et moi et ont été exposés aux conditions pécheresses, ils ont reçu les mêmes enseignements et les sacrements de l’Eglise. Les mêmes baptêmes qui nous font tous membres de l’Eglise», précise Mgr Tine.
Il a rappelé que Dieu n’a jamais dit que l’homme ne souffrirait pas, c’est pourquoi dans une situation pareille, l’homme doit avoir toujours la foi : «Quand on traverse une épreuve, il ne faut pas croire que Dieu nous a oubliés. Aujourd’hui beaucoup de familles sont disloquées. La sainteté n’est pas réservée à une catégorie de gens. La sainteté n’est pas pour les gens extraordinaires. La sainteté est pour tous. C’est en vue de la sainteté que Dieu nous a créés. La sainteté est synonyme de bonheur. Notre cœur est fait pour trouver son accomplissement dans la maturité de l’amour pour Dieu et pour notre prochain, et c’est cela, la sainteté. Nous sommes tous appelés à l’excellence spirituelle, et non à la médiocrité spirituelle. Et la voie de la sainteté est une voie ordinaire, avec des virages et des chicanes, des nids de poule, des ralentisseurs, des pièges, des côtes, des passages monotones, mais aussi des points de vue exceptionnels. C’est le chemin du combat normal, quotidien, pour répondre à notre vocation chrétienne.»
Ainsi, il a attiré l’attention de la société sur quelques lieux où elle doit sans doute renforcer son combat quotidien «Avant tout, la cohérence dans notre vie de foi. Le combat contre le mensonge, la corruption et le culte rendu au dieu argent. Le combat contre la violence sous toutes ses formes, verbale, physique et morale ; qu’elle soit familiale, sociale, politique ou religieuse», a indiqué l’évêque de Kaolack.
Par ailleurs, il a déploré la violence qui sévit : «Il y a trop de violences. Il n’y a pas un jour où on ouvre les medias sans qu’on ne parle de meurtre. Chacun doit jouer son rôle qui est de s’attaquer aux causes qui ne sont que dans nos cœurs. Aujourd’hui, nous copions les enfants rois, car nous avons copié les autres. Nous devons maintenir notre éducation traditionnelle, je ne dis pas de tabasser mais de conseiller. Marche sur le droit chemin comme autorité et sers ton peuple sans chercher la gloire mondaine. Ne cherche pas une sanctification par procuration, car elle n’existe pas, elle est unique. Cherche à te conduire d’une manière digne de la vocation, dans l’humilité, l’amour», a conclu Mgr Martin Boucar Tine.
Par Alioune Badara CISS – abciss@lequotidien.sn