Le directeur de l’agence nationale des renseignements gambiens, sous le règne de Yahya Jammeh, a été condamné à mort hier à Banjul dans l’affaire relative au meurtre en avril 2016 de l’opposant Solo Sandeng. Yankuba Badjie et 4 autres de ses co-accusés ont vu la Haute cour de justice leur infliger cette peine capitale à la suite d’un procès dans lequel 25 charges étaient retenues contre eux.Par Mamadou T. DIATTA – 

La Justice gambienne a vidé l’affaire judiciaire relative au meurtre de l’opposant Solo Sandeng. Elle a, en effet, prononcé la peine de mort à l’encontre de 5 des 9 anciens responsables de l’appareil répressif de Yahya Jammeh, jusqu’ici poursuivis pour «enlèvement, crime, blessures graves, établissement de faux certificat de décès». On note que l’ancien directeur de l’agence nationale des renseignements, Yankuba Badjie, figure parmi les condamnés à mort. Ce dernier et ses co-accusés avaient vu la justice retenir à leur encontre 25 charges.
La sentance sera-t-elle exécutée ou commuée en une peine à perpétuité ? L’avenir nous le dira ; la Gambie n’aplique plus la peine de mort depuis l’année 2018.
La juge Kumba Sillah Camara s’est même permis de faire quelques commentaires. Puisqu’elle dira : «Même après sa mort, le corps de Solo Sandeng a été traité avec dédain. Même les gants qu’ils portaient en creusant sa tombe lui ont été jetés dans la tombe.»
Réagissant à ce verdict, la Fondation Solo Sandeng a salué, de son côté, la décision de Justice. Sous ce même registre, on notera aussi que Muhammed Sandeng, le fils de Solo Sandeng, interrogé par Rfi, parle de «véritable soulagement» et évoque un «résultat de plusieurs années de lutte pour la Justice et l’état de droit en Gambie». «Ma première réaction a été celle d’un accomplissement, parce que ça fait six années que nous nous battons pour rendre Justice à mon père et à notre famille. Et pas seulement mon père, mais aussi pour les causes pour lesquelles il s’est battu : pour l’Etat de droit et le respect des droits partout dans le monde, mais surtout en Gambie», a soutenu Sandeng-fils.
Solo Sandeng, leader du Parti démocratique unifié, avait été arrêté et tabassé à mort, au mois d’avril 2016, dans les locaux de la Nia, l’agence nationale des renseignements. Ce décès entraînera des mouvements de protestations, qui ont été réprimés par la police avant que l’avènement d’un nouveau pouvoir en Gambie -celui du Président Adama Barrow- ne contribue à l’ouverture d’un procès, en 2017, par la Haute cour de justice.
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