L’Afrique continue de faire sa part des choses pour en finir avec les effets des crises exogènes comme le Covid-19 ou la guerre d’Ukraine. Mais elle attend de ses partenaires qu’ils tiennent aussi leurs engagements. Le Président Macky Sall réitère ce message lors de la 4ème réunion de coordination de l’Ua, aujourd’hui à Lusaka.Par Mohamed GUEYE –

La 4ème réunion annuelle de coordination de l’Union africaine, qui se tient aujourd’hui à Lusaka, donnera l’occasion au Président Macky Sall, président en exercice de l’organisation continentale, de mettre une nouvelle fois l’accent sur les efforts à faire par le continent pour ne plus être victime de chocs exogènes dans sa recherche de souveraineté alimentaire et sanitaire.
En effet, le mandat du chef de l’Etat sénégalais à la tête de l’Ua a été mis à l’épreuve par la situation engendrée aussi bien par la pandémie de coronavirus que par les effets de la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Ces deux situations ont menacé la stabilité de plusieurs pays africains, les mettant même au bord de la famine. Dès l’entame, avant même de prendre la présidence de l’Ua, le Président Sall avait milité pour la mise en place d’un mécanisme mondial d’effacement de la dette ou à défaut, sa suspension. Il a trouvé, sur ce point, des alliés solides comme le Président français Emmanuel Macron. Seulement, leur plaidoyer, s’il a convaincu des structures comme le G20 à préconiser la suspension de la dette publique, n’a pas encore connu de mise en œuvre.
A Lusaka, face au Bureau de l’Union et aux représentants des communautés économiques et des mécanismes régionaux, Macky Sall va demander que des efforts soient intensifiés pour une solution rapide de cette question qui, de même que la réallocation partielle des Dts du Fmi, doit venir «en soutien à nos efforts de résilience et de relance économique». Pour le dirigeant du Sénégal, ce combat contre la dette et plus de moyens financiers, est «une façon de porter et intensifier le message pour un ordre économique mondial plus juste et plus équitable».
Cela va ensemble avec d’autres batailles qu’il n’a cessé de mener, comme celui du changement «du système de notation des agences d’évaluation et de la réforme des règles de crédit export de l’Ocde» ou bien celui lié à «la faible rémunération de nos ressources minières et aux pratiques fiscales abusives de certaines compagnies sur le continent», qui tous «handicapent lourdement nos pays en les privant d’importantes ressources qui auraient pu largement contribuer à financer leurs budgets». Macky Sall souhaiterait que ses pairs puissent consacrer plus de temps à ces questions dans leurs débats internes et avec les institutions partenaires. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le président de la Commission européenne, Charles Michel, se retrouve à Lusaka à cette quatrième réunion de coordination.
Macky Sall n’a toutefois pas l’intention d’oublier les responsabilités propres aux Etats africains dans les crises qui nous affectent, en particulier la crise alimentaire. Le dirigeant sénégalais estime que cette situation «nous rappelle que nous devons davantage compter sur nous-mêmes pour nous libérer de certaines contingences que nous traînons depuis plusieurs décennies.
Il en est ainsi des entraves aux échanges intra africains que l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) devrait aider à résoudre en boostant l’intégration par le commerce et l’investissement».
De même, pour le continent qui détient 60% de terres arables dans le monde et une abondante main d’œuvre, souffrir d’insécurité alimentaire est un gros paradoxe auquel il s’agit de mettre rapidement fin. Il s’agira, sur ce point, de mobiliser des investissements massifs pour l’agriculture. Les priorités sont connues, des efforts sont faits, qui ne demandent qu’une coordination et une concertation.
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