Réplique – La visite de Nancy Pelosi à Taipeh fâche Pékin : 21 avions militaires chinois survolent Taïwan
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La visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, à Taïwan n’est pas du goût de la Chine, qui a envoyé hier 21 avions militaires dans l’espace aérien de Taipeh. Par Mamadou T. DIATTA
– Entre la Chine et les Etats-Unis, la tension est forte. En cause, la visite à Taïwan depuis hier du Speaker de la Chambre des représentants américaine. Contre vents et marées chinois, Mme Nancy Pelosi a tenu à se rendre à Taipeh, deuxième étape de sa tournée asiatique après Singapour. Arrivée à l’aéroport de Songshan à bord d’un avion militaire américain, Mme Pelosi a été accueillie par le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu. Elle est la plus haute responsable américaine à visiter l’île depuis 1997, année durant laquelle son prédécesseur, Newt Gingrich, s’y était rendu.
Mais cela n’a visiblement pas plu à l’Empire du milieu. Aussi, la Chine a-t-elle décidé de déployer une partie de sa flotte aérienne en direction de Taïwan. Cela transparaît dans l’annonce faite hier par le ministère taïwanais de la Défense. Celui-ci a, en effet, annoncé dans un communiqué rendu public hier sur Twitter : «21 avions de l’Armée chinoise (…) sont entrés dans l’Adiz (Zone d’identification de défense aérienne, plus large que l’espace aérien) du Sud-ouest de Taïwan le 2 août 2022».
De son côté, Pékin avait indiqué qu’elle allait, en réponse à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, mener des actions militaires. La Chine veut, à travers son opération militaire, d’après Wu Qian, un porte-parole du ministère chinois de la Défense, «défendre résolument la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale et fermement contrecarrer les ingérences extérieures et les tentatives séparatistes d’indépendance de Taïwan».
Appréciant un peu sa visite sur l’île réclamée par Pékin, Nancy Pelosi, âgée de 82 ans, soutient, par l’entremise d’un communiqué diffusé peu après son atterrissage, que son arrivée à Taïwan est la manifestation du «soutien inconditionnel» américain à la démocratie à Taipeh. Mme Pelosi, qui est depuis 35 ans élue au Congrès américain, dira en substance : «La visite de notre délégation parlementaire à Taïwan démontre le soutien inconditionnel de l’Amérique à la dynamique démocratique de Taïwan.» Tout en précisant toutefois : «Notre visite est l’une des nombreuses délégations du Congrès à Taïwan et elle ne contredit en rien la politique de longue date des Etats-Unis.»
Côté américain toujours, on oppose l’unité nationale à Pékin avec le discours de la Maison Blanche qui s’apparente à celui de Pelosi. Mais aussi avec le soutien de plusieurs sénateurs républicains dont le chef de la minorité, Mitch McConnell.
Réagissant à l’arrivée de la haute responsable américaine sur l’île, le ministère taïwanais des Affaires étrangère soutient, entre autres mots, dans un communiqué : «Nous pensons que la visite de la présidente Pelosi va renforcer les relations étroites et amicales entre Taïwan et les Etats-Unis, et encore approfondir la coopération en général entre les deux parties dans tous les domaines.»
Cependant, Washington n’est pas resté de marbre face aux actions militaires de Pékin. Il a été ainsi noté que «plusieurs navires américains croisaient mardi, dans la région de Taïwan, au moment de l’arrivée de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Taïwan». La 7ème flotte américaine a annoncé hier sur Twitter, la présence du porte-avions Uss Ronald Reagan dans la mer des Philippines, au Sud de Taïwan. Ce bâtiment croise en effet dans la région depuis le début du mois de juillet. Parallèlement, l’Uss Tripoli, qui est un navire amphibie du corps des Marines, était en train de naviguer au même moment, à l’Est de Taïwan.
mdiatta@lequotidien.sn