Le ministère de l’Environnement et du développement durable dispose d’une Stratégie genre du secteur de l’Environnement et du développement durable. Le document entend corriger les inégalités et autres disparités dans les politiques et services de l’Etat.Par Khady SONKO – 

Beaucoup d’efforts ont été déployés par les institutions pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes durant ces 25 dernières années. Cependant, il reste des défis à relever dans le secteur de l’Environnement et du développement durable où les femmes sont souvent victimes des actions menées s’il n’y a pas dans ces dernières, une différenciation entre les possibilités des genres en matière d’accès aux services et des bénéfices tirés des activités.
«Face au changement climatique, à la dégradation des écosystèmes, la perte de biodiversité et la désertification croissante, il est de plus en plus reconnu que les hommes et les femmes subissent différemment les effets provoqués par ces phénomènes», a témoigné Bocar Ndiaye. Le directeur de la Planification et veille environnementale, qui s’exprimait hier à l’atelier de partage de la Stratégie genre du secteur de l’Environnement et du développement durable, continue son diagnostic : «A cela s’ajoute la difficulté des femmes à accéder et/ou contrôler les ressources forestières, les combustibles ligneux, les produits halieutiques, les terres arables, entraînant ainsi leur faible productivité économique.»
«Aussi, la fragilité de l’environnement et du cadre de vie, la pollution industrielle, la gestion des déchets ont des effets désastreux sur la santé maternelle et infantile, sur le niveau d’éducation des jeunes filles et des adolescentes, sur leur sécurité et leur bien-être», regrette M. Ndiaye.

Accès limité aux moyens de production
Le colonel des Eaux et forêts constate la persistance des inégalités des rapports sociaux de sexe dans la gestion et la gouvernance des espaces et ressources naturels. Les femmes constituent près de 52% de la population, les rurales représentant près de 70% de la force de travail et assurant la sécurité alimentaire.
«Dans les sites d’extraction des ressources minières, les femmes et les jeunes filles sont souvent victimes de violences basées sur le genre, de viols, de harcèlements, de toutes formes de trafic, renforçant ainsi leur précarité et leur vulnérabilité», déplore-t-il.
En milieu rural, la dégradation accrue des sols, la salinisation des terres et les inondations, provoquant la rareté des terres arables, exacerbent les conflits pour l’acquisition des meilleures surfaces d’exploitation.
Par ailleurs, l’assèchement des points d’eau et la profondeur de certaines nappes phréatiques, dues à la forte chaleur, augmentent la pénibilité de la charge domestique dédiée à la gent féminine.
S’y ajoutent la surexploitation des ressources forestières et la faible capacité de régénération du couvert végétal qui exposent les femmes à parcourir de longues distances pour la collecte de bois nécessaire à la consommation familiale.
«Cependant, nous pensons que le contexte actuel reste favorable à la participation des femmes dans le processus de transformation structurelle et de croissance inclusive réaffirmée dans le Pse vert», espère Bocar Ndiaye.
A travers la mise en place de la Stratégie genre du secteur, le ministère de l’Environnement et du développement durable vise à asseoir un cadre d’orientation stratégique sectoriel, avec des axes prioritaires d’intervention, pour une meilleure prise en compte de l’équité et de l’égalité entre les hommes et les femmes, dans un modèle de développement durable et écologiquement vert inspiré du Plan Sénégal émergent vert.
La stratégie a été élaborée en s’adossant, d’une part, à la Lettre de politique sectorielle du ministère et, d’autre part, à des principes de base du Pse vert.
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) encourage et accompagne le Medd pour appuyer le pilotage de la Politique nationale de protection de l’environnement et du développement durable.
ksonko@lequotidien.sn