La proposition de Mimi Touré est insensée

La proposition de loi pour lutter contre le népotisme est une fausse solution face à un problème plus profond qu’on retrouve même au sein des partis politiques de tous bords.
En effet, le problème auquel nous faisons face concerne les pouvoirs de nomination exorbitants donnés au président de la République dans la Constitution, ou que les présidents de parti se donnent dans leurs statuts.
Le président de la République outrepasse même les pouvoirs de nomination qui lui sont donnés, il interfère à tous les niveaux civil et militaire.
Théoriquement, le président de la République n’a pas à se mêler du choix du président de l’Assemblée nationale et même des députés, car la Constitution consacre la séparation des pouvoirs comme un pilier de notre démocratie.
La réalité nous montre que c’est lui qui choisit tout le monde, en violation flagrante de la Constitution.
Tous les autres présidents d’institutions de la République sont choisis par lui.
Donc, au lieu de dire qu’il ne doit pas y mettre des membres de sa famille, la vraie solution est qu’il n’a pas à les choisir seul, sans que personne n’ait son mot dire.
Il faut lui enlever une grande partie de ces pouvoirs de nomination tout simplement, et quand il outrepasse ses droits dans des cas déjà réglés par la loi comme à l’assemblée nationale, il faudra prévoir des sanctions dans ce sens et la possibilité d’annuler le choix si des preuves de son implication sont données.
Cette proposition d’Aminata Touré est donc une fausse solution car elle veut que le Président garde tous ses pouvoirs actuels insensés.
Ceux qui se prononcent sur le sujet évitent de toucher le vrai problème, car peut-être qu’ils s’imaginent déjà «Président» avec tous ces pouvoirs pour nommer qui ils veulent comme ils le veulent.
Si on envisage d’interdire au président de la République de nommer des membres de sa famille à certains postes de responsabilité, il faut ne pas lui permettre d’avoir la possibilité de nommer des militants, des proches, des amis avec même des liens plus forts que les liens de sang, et cela sans tenir compte de la méritocratie.
Interdire au Président de nommer quelqu’un de sa famille, même s’il est compétent, est en même temps lui permettre de donner des responsabilités à un Farba Ngom avec tout ce qui les lie, c’est qui est un non-sens.
L’enjeu principal doit être comment s’assurer d’avoir l’homme qu’il faut à la place qu’il faut en termes de compétences et d’éthique, sans que cela soit les prérogatives d’une seule personne qui choisit comme bon lui semble. Il faudra mettre en place un processus de sélection transparent et démocratique.
Ameth DIALLO
Coordinateur national de Gox Yu Bess-Anta
Alliance Nationale pour la Transparence et l’Abondance