Modou Fall, directeur de l’Emploi, ingénieur informaticien, techno-pédagogue, président du parti Rassemblement pour la vérité (Pv/Deug mo woor) et coordonnateur de la Coalition républicaine Sam sunu rew (Cr/2sr), fait le point, dans cet entretien, sur les «efforts» pour la création et la conservation des emplois et la situation politique actuelle avec une Assemblée nationale fragmentée.Propos recueillis par Bocar SAKHO – M. le directeur, comment se porte l’emploi au Sénégal ?

Le 22 avril 2021, le Président a lancé un programme très important dénommé Xëyu ndaw ñi pour l’emploi et l’insertion socio-économique des femmes et des jeunes. Ce programme a plusieurs piliers, parmi lesquels le recrutement de plus 65 mille jeunes. S’y ajoutent les jeunes recrutés dans le cadre d’intérêts communautaires pour le compte de l’Agetip, le Fera, entre autres ; ce sont 65 mille 234 emplois qui sont créés. Sur le plan de la formation professionnelle, c’est-à-dire sur le plan du renforcement de l’employabilité des jeunes avec les structures de l’Etat qui accompagnent la formation comme le 3fpt, le Pf2e, etc., 17 mille 694 jeunes ont été formés. Ces derniers ont bénéficié de bons de formation, soit pour des certificats de spécialisation professionnelle, soit pour des permis de conduire. Dans le cadre du financement des projets des jeunes avec la Der/fj, nous avons eu à financer à hauteur 20 milliards 84 millions F Cfa pour 86 mille 146 jeunes. Tout ce travail entre dans le programme Xëyu ndaw ñi, parce que c’est un programme avec plusieurs piliers : le recrutement spécial, les projets d’intérêts communautaires et d’intensification de la main d’œuvre, la formation et le financement, etc. Toujours dans le cadre de ce programme, nous avons une dimension de territorialisation pour répondre au besoin des jeunes en termes d’emploi et d’employabilité. Cela s’illustre parfaitement avec l’installation de 46 pôles emploi sur l’ensemble du territoire national. Ils sont non seulement fonctionnels, mais ils sont en train d’accueillir les jeunes demandeurs d’emploi salarié, de financement ou encore porteurs de projets, issus des 4 coins du Sénégal. Ces dernières 48h, les pôles emploi ont accueilli des centaines de jeunes pour bénéficier de bons de formation du 3fpt. Dans ce même programme, il y a un volet «projet d’investissements publics». Il s’agit à titre d’exemples, du projet 100 mille logements, où travaillent beaucoup de jeunes demandeurs d’emploi. Il s’agit du projet de construction du Port de Ndayane, il y a le Ter dont la phase 2 Diamniadio-Aibd est en train d’être finalisée et le Bus rapid transit (Brt) qui recrute beaucoup de jeunes. Ce sera de même dans sa phase exploitation. Nous avons en outre les zones économiques spéciales, les zones industrielles, etc. Tout ça inscrit dans la cadre du programme d’urgence. C’est un programme très ambitieux qui offre aujourd’hui plusieurs opportunités aux jeunes en termes d’emploi et d’employabilité, mais aussi de finance et d’activités génératrices de revenus ou de formation professionnelle. C’est un programme qui nous donne entièrement satisfaction au regard des résultats obtenus. C’est pourquoi on va travailler prochainement sur les modalités de pérennisation du programme, sachant que c’est un programme de 3 ans pour un budget de 150 milliards de F Cfa par mois, soit un budget cumulé de 450 milliards de nos francs sur 3 ans. Il doit finir normalement en fin 2023.

Comment vous allez faire pour la pérennisation de tout ça, d’autant plus qu’on parle déjà d’emplois précaires ?
Je vous informe que déjà, pour les jeunes qui sont recrutés pour des emplois salariés, nous avons des Cdd d’une durée de 2 ans renouvelables une fois. Je pense qu’on ne peut pas qualifier cela d’emploi précaire. Ceux qui sont pris dans le cadre des projets d’intérêts communautaires vont être recrutés et formés. Ils auront déjà la main puis­qu’ayant travaillé sur des chantiers des collectivités territoriales. Ils seront organisés en Gie et signeront des conventions avec les collectivités territoriales pour avoir non seulement des marchés, mais aussi et surtout assurer la maintenance des travaux réalisés. D’autres pourraient être reversés dans la Fonction publique locale.

Y’a-t-il un mécanisme de suivi pour les jeunes qui ont bénéficié des financements de la Der/fj ou qui ont mis en place des entreprises ?
Il y a effectivement un suivi qui est mis en place au niveau de la Der/fj, où il y a trois types de financement : l’Ano crédit, donné surtout aux femmes qui sont au niveau des marchés, des quais de pêche et ne dépassant pas le plus souvent 300 mille F Cfa. Il y a aussi des crédits d’autonomisation qui peuvent aller jusqu’à 1 million F Cfa et ne nécessitent pas de plans d’affaires. Il suffit juste d’avoir l’idée de projet pour être accompagné par les équipes de la Der/fj. Il y aura un suivi derrière et un accompagnement en termes de formation. Parmi les stratégies mises en place par la Der/fj, figure en bonne place l’accompagnement basé sur la formation pour que le jeune puisse savoir comment gérer une entreprise. C’est-à-dire de l’éducation financière. Ce n’est pas de l’argent qu’on donne gratuitement. Tout un dispositif et organisation est mis en place pour faire le suivi derrière et accompagner le remboursement des crédits.

Est-ce qu’il n’y a pas aujourd’hui urgence à orienter et inciter les élèves à aller vers des secteurs professionnels ?
Absolument ! J’en conviens avec vous. Et je dois vous dire que dans les mesures fortes du programme, le président de la République avait demandé au ministre de la Formation professionnelle de travailler sur une stratégie pour que 30% des jeunes issus de la formation classique puissent être reversés dans la formation professionnelle. Le plus souvent, tous ceux qui choisissent l’enseignement général auront des difficultés à avoir un métier, une qualification. Par conséquent, si le jeune a la possibilité, à partir de la 4e ou de la 3e, d’être orienté vers la formation professionnelle, cela voudrait dire que le jeune choisit d’aller vers un métier. Cela donne plus d’opportunités et offre beaucoup plus de chance au jeune pour intégrer le marché de l’emploi, aller vers l’entrepreneuriat ou l’auto-emploi. C’est sûr qu’on va diminuer le nombre de jeunes qui errent dans la rue avec des diplômes en main, malheureusement. En cela, je trouve que cette vision du chef de l’Etat, qui consiste à territorialiser la formation professionnelle en mettant en place des centres de formation sectoriels à travers le pays, est une très bonne chose et répond quelque part au besoin de formation des jeunes issus de ces localités.
Aujourd’hui, le Président a lancé un vaste chantier avec un centre de formation pour chaque département. Il s’agit du grand projet de construction de 46 centres de formation. Je pense d’ailleurs que les 15 premiers centres seront bientôt disponibles, et que les jeunes Sénégalais vont aller s’inscrire pour renforcer leur employabilité. Nous devons aussi comprendre que l’emploi est là. C’est vrai. C’est l’emploi salarié, l’entrepreneuriat ou encore l’auto-emploi. Mais, l’employabilité est encore beaucoup plus importante. Puisqu’elle fait en sorte que le jeune puisse avoir une compétence, une qualification, donc un métier.

Pour aller vers ça, est-ce qu’il ne faut pas démystifier l’emploi salarié ?
Je partage cette idée. Nous tous sommes d’accord, même les plus grands économistes, les chercheurs au niveau des universités conviennent que l’emploi salarié est limité éco­nomiquement, surtout dans nos pays. Parce que tout simplement il n’y a pas beaucoup d’opportunités ni de grandes entreprises, des industries qui peuvent recruter des milliers de jeunes. Ce qui fait qu’on ne peut compter que sur l’emploi salarié pour solutionner la question de l’emploi des jeunes. C’est pourquoi nous travaillons sur l’entrepreneuriat et l’auto-emploi pour permettre aux jeunes de choisir, de manière autonome et responsable, de faire ces options. Ensuite de savoir qu’il y a des structures étatiques qui lui sont dédiées pour l’aider à entreprendre ou à monter son entreprise. Rien qu’avec la nouvelle appellation de notre ministère, à la suite de la formation du gouvernement avec la prise en compte de la donne entrepreneuriale, cela atteste de la nécessité et de l’urgence d’encourager les jeunes dans ce sens d’une part, et d’autre part, de la volonté de l’Etat qui l’inscrit comme une priorité pour régler la question de l’emploi des jeunes et réduire le taux de chômage.

Après tous ces efforts que vous avez énumérés, quel est le taux de chômage actuellement ?
Pour parler honnêtement en termes de chiffres, le meilleur indicateur reste 2019. Puisqu’on a connu la pandémie en 2020 et 2021. D’ailleurs, je pense qu’en 2020, il n’y a même pas eu d’études sur le chômage. Pour moi, l’année de référence est 2019 et à la date du 31 décembre de cette année, le taux de chômage était à 16.9%. Entre temps et avec la pandémie, ce taux a connu une hausse de quelques points ; il va falloir attendre la fin du 4e trimestre 2022 pour voir est-ce que nous allons venir et faire baisser le taux de 2021. Les activités ont repris et le programme de relance commence à prendre forme. S’y ajoute qu’en 2023, nous allons entrer dans l’ère du pétrole et du gaz et tout ça va booster notre économie. D’ailleurs c’est pourquoi l’Etat du Sénégal a projeté son budget 2023 à plus de 6 mille milliards de francs Cfa et décrété année sociale. Avec ce budget, on pourra travailler à diminuer considérablement le taux de chômage et un taux de croissance qui va avoisiner 10% comme c’est projeté.

Ce qui permettrait de hausser la part du budget de l’emploi pour répondre aux attentes de la population en termes d’emploi ?
Effectivement ! Parce qu’une chose est sûre, si le budget augmente, le nombre d’emplois créés augmente. Il n’y a pas débat à ce niveau. Si on prend un dispositif comme la Convention nationale Etat-Employeurs et Privés, qui est un élément du programme d’urgence, si on réajuste et qu’on augmente le budget dédié à cette convention, cela nous donne plus de marge pour signer avec des employeurs privés qui pourront insérer plusieurs jeunes sénégalais au sein de leurs entreprises. A ce moment-là, en termes de statistiques, nous allons voir que la courbe du nombre d’emplois va augmenter. Parce qu’on aura augmenté le nombre de partenaires et le nombre de conventions signées. En le faisant, on aura forcément un impact positif sur le nombre d’insérés, de sorte que le taux de chômage diminue considérablement. En outre, en termes d’entrepreneuriat aussi, il va falloir booster les fonds alloués à la formation des jeunes et des femmes, de sorte que les projets à financer puissent augmenter. Cela permettra de stabiliser et de mettre les jeunes porteurs de projets dans des conditions stables qui leur permettent d’exercer et de gagner décemment leur vie.

En plus des questions d’emploi, le gouvernement doit affronter la cherté de la vie. Le Président parle de gouvernement de combat et d’année sociale, que peut-il faire pour alléger le panier de la ménagère ?
Je crois que la démarche du président de la République est la bonne. D’abord, une dé­marche de concertation, d’autant plus que nous sommes dans un pays de dialogue. On doit continuer dans cette dynamique d’échanges, de partage, de recherche, de consensus, de faire appel à des acteurs qui peuvent participer et accompagner la construction de projets et la consolidation des acquis. Cela, dans le cadre d’un développement participatif et inclusif. C’est pourquoi, avec les concertations qui sont engagées, nous espérons avoir sous peu, des résultats probants tendant à amoindrir le coût cher de la vie, la stabilisation des prix à un niveau acceptable. Que ce soit pour les denrées de première nécessité, le loyer ou encore les matériaux de construction, l’électricité, la diminution des prix va contribuer à alléger les conditions de vie des Sénégalais. Je dois dire que les 18 ou 19 commissions qui ont été mises en place, lors de ces concertations, ont fourni leurs résultats et les rapports sont déposés sur la table du Premier ministre et du président de la République. Cependant, il y a eu plusieurs recommandations qui ont été formulées consistant à modifier les lois, les textes. C’est-à-dire prendre des décrets pour stabiliser certaines choses, plus de rigueur dans l’organisation et la gestion pour tout ce qui concerne l’immobilier d’une part, et d’autre part, la stabilisation des prix. Ensuite, faire le suivi qu’il faut derrière pour accompagner l’effectivité des mesures prises. En cela, vous avez entendu un communiqué du Conseil des ministres parler de nouveaux volontaires de la consommation. 1000 jeunes seront recrutés et ventilés pour veiller à la bonne exécution des prix par le contrôle. Cela va permettre au Sénégalais lambda de se rendre compte de l’allègement de ses charges. Il y va de l’intérêt de tout le monde. D’ailleurs, j’ai dit il y a de cela quelque temps, si j’étais à la place du Président, je travaillerais sur ces priorités : d’abord, la souveraineté alimentaire coûte-que-coûte, et s’il faut dépenser des milliards, il faudra le faire pour y parvenir. Ensuite, renforcer les mécanismes pour prendre en charge les questions de l’emploi, l’entrepreneuriat et l’auto-emploi des jeunes, en ajoutant des fonds supplémentaires pour leur insertion.

Est-ce que l’Etat dispose de suffisamment de leviers pour veiller à la bonne application de la baisse des prix des denrées après qu’il a renoncé déjà à certaines taxes ?
Non ! Cette fois-ci, j’ai confiance que tout va bien se passer, tenant compte de ce qu’on aura sur l’exploitation du pétrole et du gaz. Il sera toujours possible d’intervenir au niveau du transport au Port autonome de Dakar pour alléger les frais, au niveau de l’exploitation et de la commercialisation, en y mettant plus de rigueur. Parce que comme vous le savez, il y a des produits qui, en réalité, n’ont pas augmenté, mais il suffit de se rendre chez le boutiquier du coin pour constater une hausse. Je signale qu’au niveau des concertations, il y a à la fois les exportateurs, les importateurs et les producteurs. Tous les acteurs sont réunis autour de la table pour harmoniser les positions en prenant en compte les préoccupations de chaque acteur de la chaîne. Cette approche inclusive aura comme conséquence, un consensus autour de l’harmonisation des prix qui va impacter le panier de la ménagère et réduire la cherté de la vie pour les populations. C’est très important et le Président a vu grand.

En plus d’être le directeur de l’Emploi, vous êtes responsable du parti Rassemblement pour la vérité (Rv/Deug mo woor), membre de la Coalition Bby. Que pensez-vous de la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale avec une majorité relative ?
Non ! Sur ce sujet, je suis de ceux qui pensent honnêtement que ce sera très difficile. Ce sera très difficile, mais il faut y aller avec intelligence. Cela veut dire tout simplement qu’au Sénégal, il y a plusieurs lois qui ont été stabilisées. Pour ce qui est des autres textes, par exemple si on doit modifier des choses dans le Code électoral, il faut aller vers un consensus avant que le projet de loi ne soit déposé sur la table. Sur le budget, tout de même, il est bien de voir qu’il y a des ministères qui sont aujourd’hui des ministères de souveraineté et que l’Etat du Sénégal ne peut pas fonctionner si on ne donne pas son budget à l’Armée, au ministère de l’Intérieur, etc. A ce niveau, on demande plus de députés patriotes que de députés parlementaires. Le patriotisme doit primer sur tout. Parce que le budget est bien élaboré et qu’il y a une cohérence entre les rubriques. Toutefois, au niveau de certains départements, s’il y a des budgets qui sont présentés à l’Assemblée et qui nécessitent des réajustements, il faut tout de même que les députés de l’opposition acceptent d’aller travailler au niveau des commissions. Bon nombre de Sénégalais ne savent pas que les documents qui sont présentés en plénière doivent d’abord passer par les commissions. Je parle en connaissance de cause. J’étais à l’Assemblée nationale avec mon ministre pour défendre notre budget en commissions. Le plus souvent, ce qu’on constate, c’est que les opposants parlementaires ne viennent pas. Ils attendent la plénière pour venir faire leur show devant les caméras de la télévision. Si c’est le Sénégal qui les intéresse et qu’ils sont de vrais patriotes, il ne peut pas y avoir de blocage, puisque l’essentiel du travail se fait en commissions. S’il y a des choses à revoir, à réajuster, c’est à ce niveau que le travail doit se faire. Faire du cinéma ou aller vers un sabotage n’a pas de sens. Si on respecte le fonctionnement normal, la hiérarchie des choses, il ne doit pas et ne peut pas y avoir de blocage. Maintenant, c’est sûr qu’en termes de majorité, cette majorité relative appartient toujours à Bby.

La situation a été rendue compliquée avec la démission de Aminata Touré de votre groupe parlementaire. A votre avis, on doit la déchoir ou elle doit rendre son mandat ?
Il y a deux éléments qu’il faille prendre en considération. Je suis, pour ma part, de ceux qui pensent qu’on doit la laisser à l’Assemblée. Tant qu’elle accepte de rester à l’Assemblée, qu’on n’essaie pas de la pousser vers la sortie ou de l’éjecter. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. La meilleure pour moi est de la laisser, puisque qu’elle a décidé de son propre chef de s’inscrire comme non-inscrite. Néanmoins, elle peut intervenir à tout moment. Elle peut intervenir en plénière, donner des idées. A ce moment-là, tant qu’elle restera dans la ligne du parlementaire avec l’ensemble des valeurs, le respect de tout ce que cela demande au niveau de l’Hémicycle, il n’y a pas de problème.

Même si elle vote contre les projets de loi proposés ?
Mais un député peut voter pour ou contre, quel que soit son groupe parlementaire. C’est le texte qui intéresse et non l’appartenance à un groupe. Je suis de ceux qui pensent aussi que quand on est dans la mouvance présidentielle et qu’on travaille avec le président de la République, on n’a pas intérêt à bloquer ce que le Président juge comme étant nécessaire pour dérouler sa vision. Ça c’est clair. Maintenant, lorsqu’elle (Mimi) déraille et qu’elle parle de choses qui concernent le président de la République et non le Pouvoir législatif, mais qui concerne le Pouvoir exécutif, comme l’a dit le ministre de la Justice, à ce moment-là, j’aurais proposé au parti, son parti, Apr, de convoquer les instances et la faire démissionner par un bon canal à partir des statuts et du règlement intérieur du parti.

A 15 mois de la Présidentielle, quel est votre avis par rapport au débat sur une 3e candidature du Président Macky Sall qui fait toujours rage ?
Je suis clair à ce propos. Je suis de ceux qui pensent que le Président peut se présenter encore. Parce qu’il faut prendre en compte la notion de candidat et celle de candidature. Et même si dans d’autres dimensions, ce n’était pas possible, il peut toujours déposer sa candidature. Dans tous les cas, c’est seul le Conseil constitutionnel qui est habilité à dire qui est candidat et qui ne l’est pas. Ce n’est pas le Sénégalais là-bas ou l’opposant qui va sortir dans la rue pour dire que quelqu’un ne sera pas candidat. Pour ma part, j’estime qu’il est à son premier mandat de 5 ans. Il est donc à son premier quinquennat. Et si on se base sur la Constitution actuelle, qui dit que le mandat du président de la République est de 5 ans, cela veut dire qu’on ne considère pas le mandat de 7 ans. D’ailleurs, lui-même, lorsqu’il a voulu diminuer son mandat de 7 à 5 ans, on lui a dit non, puisqu’il a été élu sur la base de 7 ans. D’après la Constitution, ce qui doit être comptabilisé, ce sont 2 mandats de 5 ans. Nulle part au monde, on a vu deux mandats cumulés de durée différente. Si on regarde la Constitution à l’instant T, elle parle aujourd’hui de 2 mandats de 5 ans. Celui qui n’a pas fait 2 mandats de 5 ans peut toujours se présenter. Quand bien même, il appartiendra au président de la République, le moment venu, de dire s’il décide de se présenter, de déposer sa candidature auprès du Conseil constitutionnel ou bien s’il renonce, pour porter son choix sur un autre. Le moment venu, nous serons édifiés.

Vous êtes le président du parti Rassemblement pour la vérité (Pv/Deug mo woor) et coordonnateur de la Coalition républicaine Sam sunu rew (Cr/2sr). Quel rôle jouez-vous au sein de la mouvance ?
Cette coalition regroupe plusieurs partis et mouvements. Dans cette coalition, nous travaillons à accompagner le président de la République dans la vulgarisation de ses réalisations, le renforcement et la mobilisation des bases pour notre accompagnement jusqu’en 2024. On travaille également à la massification de notre coalition pour avoir le maillage qu’il faut au niveau des 46 départements du Sénégal. Nous envisageons en ce sens, une tournée nationale pour aller à la rencontre de nos militants et sympathisants. Nous pensons, au niveau de la coalition, que le Président a besoin d’accompagnement au niveau de la communication et nous sommes déjà engagés à l’accompagner pour vulgariser plus et davantage son action, ses projets et ses réalisations qui passent de commentaires. Tout de même, nous nous dressons en sentinelles de la République. C’est dire que tout ce qui touche à la Constitution, par exemple le problème de l’amnistie, nous sommes pour. Tout simplement parce qu’il n’est pas normal, du point de vue des conditions d’inscription sur les listes électorales, qu’un Sénégalais ne soit pas en mesure de s’inscrire, même après sa condamnation. C’est pourquoi nous pensons qu’à un certain moment, pour renforcer notre démocratie, concernant ceux qui ont perdu leur droit de vote, on doit trouver un mécanisme clair pour les réhabiliter.

bsakho@lequotidien.sn