L’opposition ne compte pas laisser Ousmane Sonko se rendre seul au Tribunal aujourd’hui. Ils vont l’accompagner. Khalifa Sall a même assuré qu’un «mars bis n’est pas à exclure».Par Malick GAYE

– La Conférence des leaders de Yewwi askan wi s’était adressée à des journalistes avant que Ousmane Sonko ne prenne à son tour la parole dans la soirée, pour tous se prononcer sur l’audition programmée aujourd’hui du leader du Pastef/les Patriotes sur l’accusation de viol qui lui colle à la peau depuis plus d’une année.

Un mars 2021 bis ! Les leaders de la Coalition Yewwi askan wi ne l’ont pas exclu ni appréhendé, si c’est, selon eux, le chemin à emprunter pour que Sonko ne «soit pas liquidé politiquement». Khalifa Sall et les siens ont annoncé hier qu’ils vont accompagner le maire de Ziguinchor, attendu aujourd’hui au Tribunal de Dakar dans le cadre des auditions de l’affaire Adji Sarr. «Nous ne saurions exclure une réédition de mars. On nous torture, on nous emprisonne, on nous réprime, mais nous n’allons jamais baisser les bras. Si cela persiste, nous ne craignons pas une réédition des évènements de mars 2021. Personne ne le souhaite, mais cela reste une possibilité», a déclaré Khalifa Sall. Le président de la Conférence des leaders de Yaw, confiant quant à «l’innocence» de Sonko si «le Droit est dit», a affirmé qu’ils ne vont pas «accepter que dans ce pays quelqu’un puisse choisir les adversaires avec qui il doit aller en compétition. Le problème, c’est qu’il veut liquider un adversaire quelle que soit la forme que cela prend, quels que soient les moyens qui sont utilisés. Et nous n’allons pas l’accepter».

C’est le même son de cloche du côté de Moussa Tine. «L’opposition n’a pas pour ambition d’entraver le travail de la Justice. Cependant, ce qui gêne, c’est la main de l’Etat que l’on sent derrière. Il est inconcevable qu’à chaque fois qu’un homme politique est impliqué dans une affaire judiciaire, l’Etat s’y implique», a-t-il déclaré, tout en faisant le lien avec la forte mobilisation des Forces de l’ordre.

Pour sa part, Cheikh Tidiane Youm a fustigé «l’instrumentalisation de la Justice dans ce dossier». Le représentant du Pur est allé jusqu’à préciser, parlant du Président Macky Sall : «Mars n’est qu’un début s’il continue dans cette logique. S’il avait travaillé, il n’aurait pas besoin d’écarter des opposants. Il s’entête dans cette stratégie mortifère, car il sait qu’il va perdre.» M. Cheikh Tidiane Youm est convaincu que derrière cette convocation de Sonko, se cache une manœuvre politique. «L’objectif de Macky est de semer le chaos pour installer un régime d’exception. Il ne faut pas lui permettre de dérouler son programme.»
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