Pour une meilleure santé unique : «Thiellal» prône une transition agro-écologique

Le projet «Thiellal» promeut la santé unique, c’est-à-dire celle humaine, animale et environnementale. A ce titre, le projet encourage une transition vers l’agro-écologie qui utilise des intrants agricoles dans le respect de l’environnement et qui s’intéresse à ses impacts sur la santé publique.Par Abdoulaye KAMARA(Correspondant) –
C’est avec ses dents que l’on creuse sa tombe. Valable pour les humains, cette vérité l’est aussi pour les animaux et pour l’environnement dont la bonne santé peut aussi être compromise, par ce qu’il reçoit en termes de produits utilisés dans l’agriculture. Le projet «Thiellal», qui est né d’un consortium entre Agronomes et vétérinaires sans frontières (Avsf), Casades (Comité d’appui et de soutien aux activités économiques) et Solthis (Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé), a fait sienne cette réalité en promouvant la santé unique, considérant qu’il existe une relation de dépendance entre les santés humaine, animale et environnementale. Certaines pratiques agricoles, liées notamment à la protection des végétaux, leur fertilisation ou leur traitement, font recours aux pesticides. Dans le département de Vélingara, circulent 73 types de pesticides (insecticides, herbicides, fongicides), parmi lesquels 45 ne sont pas homologués par le Comité sahélien des pesticides (Csp), structure du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss). A ce titre, ces produits ne devaient pas être vendus au Sénégal. Malheureusement, ils sont d’accès facile dans les marchés hebdomadaires qui pullulent dans la localité. L’information est donnée par Younoussa Barry, expert environnement et agro-écologie du projet «Thiellal», qui faisait une communication sur la transition écologique au cours d’un atelier organisé hier. Il a ajouté : «Dans ce département, la majorité des agriculteurs utilisent les pesticides, pour la culture du coton, du maïs et de l’arachide. Et tenez-vous bien, à des proportions sensiblement équivalentes. Contrairement à la croyance populaire qui attribue à la cotonculture la palme de l’utilisation des pesticides.»
Malheureusement, l’usage de ces produits se fait en toute méconnaissance de la nocivité pour la santé des matières actives qu’ils secrètent. La cinquantaine de participants composés d’agriculteurs, de conseillers agricoles, de sociétés d’encadrement et d’élus locaux ont reçu des cours sur lesdits produits, leurs différents usages et les conséquences dommageables de leur usage incontrôlé dans l’agriculture. Des conséquences négatives qui peuvent affecter la santé à la fois des humains, des animaux tout comme de l’environnement, et occasionner leur perte à petit feu (appauvrissement des sols).
Toutefois, selon le responsable de la formation de la Sodefitex, Boubacar Diop, «pour ce qui concerne la société cotonnière qui utilise beaucoup d’intrants chimiques, elle a toujours tenu compte de la dangerosité des pesticides par la formation des cotonculteurs, mais aussi en mettant des pictogrammes assez éloquents sur les emballages. Mais aussi en mettant à la disposition des producteurs, des combinaisons de protection individuelles, des masques et des bottes pour le traitement des cotonniers. Et puis pour ce qui concerne les emballages, un projet de la boîte avec la Fao se propose de les racheter après utilisation, pour éviter qu’elles ne retombent entre des mains non avisées».
Au finish, l’atelier a recommandé une transition vers l’agro-écologie par l’utilisation de bio-pesticides, par la sensibilisation en organisant une journée de l’agro-écologie, par le recours à des pratiques traditionnelles de traitement des végétaux, par le déparasitage des animaux à travers la «cure salée» ou «mondé» en pulaar, par la non-utilisation des intrants du coton dans le maraîchage, etc.
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