Meilleur fonctionnement du système éducatif : Cheikh Mbow partage les solutions
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Les difficultés notées dans le secteur de l’éducation persistent, malgré les efforts du gouvernement, qui a augmenté le salaire des enseignants et fait mieux par rapport au standard international en consacrant à l’éducation plus de 20% du budget. Cheikh Mbow, Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), demande que des corrections soient apportées dans l’utilisation du budget destiné à l’éducation, pour arriver à bout des anomalies rencontrées dans son fonctionnement. «Comme on le disait tantôt, il y a des ressources importantes qui sont injectées dans le système éducatif reconnu par tous. Quand un pays met plus de 25% de son budget dans l’éducation, c’est un effort à saluer, qui représente près de 6% du Pib. Mais nous constatons, malgré ces efforts, qu’il y a énormément de besoins à satisfaire et qui exigent, pour une jeune Nation que nous sommes, un pays en développement, avec la croissance démographique, davantage d’investissements», mentionne Cheikh Mbow, qui a présidé une Session nationale de renforcement de capacités des acteurs de la presse sur la problématique du financement de l’éducation, organisée par la Cosydep.
Militant pour une «revalorisation de l’offre publique», M. Mbow appelle à la mise en place d’un «budget qui soit encore plus équilibré en termes d’investissements et de fonctionnement». «Nous le savons, notre budget est en grande partie consommé par le fonctionnement. Or l’investissement, ça veut dire l’environnement des apprentissages, on devrait faire encore plus attention à l’environnement», renchérit-il. «Il y a un système éducatif qui, malgré tous les efforts, laisse encore des enfants dans la rue ou alors des enfants déscolarisés de manière prématurée», regrette M. Mbow, non sans attirer l’attention sur un système éducatif qui continue de souffrir d’«écoles qui, aujourd’hui, ne sont pas aux normes, des abris provisoires ou alors des zones qui ont encore besoin de structures d’éducation». «Nous avons des besoins en tables-bancs, en matériels, en enseignants, en points d’eau, en blocs sanitaires», souligne-t-il. Réinventer le financement de l’éducation, c’est ce que prône M. Mbow pour en finir avec les difficultés. «Nous savons qu’aujourd’hui, au-delà du financement qui est alloué par l’Etat, il faut surtout rationaliser ou bien optimiser, c’est important de rationaliser. Il nous faut réinventer ce qu’on appelle le financement de l’éducation. Autrement, ces besoins vont rester. Nous pensons qu’il y a des questions récurrentes qui nous sont toujours adressées et que nous arrivons toujours à relever. Chaque année, nous entendons parler de manque de tables-bancs, d’enseignants, d’un réseau scolaire qui n’est pas approprié. Donc, il nous faut avoir un budget qui puisse nous permettre de dépasser définitivement ces problèmes», affirme-t-il, tout en réclamant «un budget qui soit sensible à certaines catégories» comme les filles, les enfants handicapés, les enfants qui sont dans les zones défavorisées.
Parlant de la Session nationale de renforcement de capacités des acteurs de la presse sur la problématique du financement de l’éducation tenue avant-hier à l’hôtel Féto, il souligne que cette rencontre a permis aux acteurs de la presse d’être davantage édifiés grâce à l’éclairage de deux experts en la matière, à savoir Mamadou Ngom, économiste fiscaliste, et Malick Ngary Faye, spécialiste en finances publiques. «Nous, en tant qu’organisation de la Société civile, nous pensons qu’un de nos alliés stratégiques, c’est le journaliste, simplement parce qu’il nous permet de pouvoir relier toutes les études, toutes les réflexions alternatives et nous considérons que le journalisme est un pouvoir important dans nos pays et qu’il faille évidement davantage renforcer», souligne Cheikh Mbow, Directeur exécutif de la Cosydep. «Le maître-mot de la Cosydep, c’est synergie», affirme M. Mbow dont la première attente «c’est de voir des journalistes qui ont une sensibilité sur le capital humain, s’organiser en réseaux autour des questions d’éducation». «Nous devons interagir avec les experts des finances, nous devons être un peu plus sachants. Être sachant, c’est maîtriser ce dont on parle, des journalistes qui soient capables de faire dans l’exercice d’analyse budgétaire», soutient-il. Au sortir de cette session, M. Mbow ose espérer «qu’à partir de cette session accompagnée par des experts en finances, par des experts fiscalistes, nous pensons maintenant que nos journalistes ont des outils, en tout cas pour décoder les messages qui sont autour du budget, l’analyser plus en profondeur et de manière désagrégée et de pouvoir poser les véritables questions au bénéfice de tous».
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn