Chambre criminelle – Procès de l’enseignant qui avait égorgé sa femme à Fissel : Une expertise psychiatrique réclamée

Saliou Ngom, qui avait égorgé son épouse en état de grossesse, à Fissel en 2018, était devant la barre de la Chambre criminelle de Mbour hier. Avant de donner son verdict alors que le Parquet a requis la perpétuité, le juge a décidé de faire une expertise psychiatrique avant de se prononcer.Par Alioune Badara CISS –
La Chambre criminelle de Mbour a statué hier sur l’affaire Saliou Ngom, professeur de Sciences de la vie et de la terre (Svt), qui a égorgé sa femme enceinte de 9 mois. La tragédie s’est déroulée le jeudi 15 novembre 2018 à Fissel Mbadane, chef-lieu d’arrondissement situé à une dizaine de kilomètres de la commune de Thiadiaye. Précisément, c’est à Koboran, un village situé dans la commune de Fissel Mbadane, que Mme Amy Dieng a été retrouvée couchée sur un matelas gisant dans une mare de sang. Car, elle venait d’être égorgée par son mari.
Le couple vivait séparé en attendant de célébrer le mariage traditionnel. Mais la femme qui habite non loin du domicile de son mari, venait chaque matin le saluer et s’enquérir de sa santé. Le jour des faits, pendant que tout le monde était au marché hebdomadaire de Mbafaye, ils se sont retrouvés seuls dans la maison. Le mari ne jouissant pas de toutes ses facultés mentales s’est jeté sur elle et l’a égorgée.
Le meurtrier présumé avait été immédiatement arrêté par les éléments de la brigade de gendarmerie de Thiadiaye. Tandis que le corps sans vie de la victime, qui était élève au lycée, avait été déposé par les sapeurs-pompiers à l’Hôpital départemental de Mbour pour les besoins de l’autopsie.
Quatre ans après les faits, le professeur de Svt était hier devant la barre de la Chambre criminelle de Mbour pour répondre de ce crime odieux. Mais, il semble ne pas se souvenir de son acte. «On m’a raconté ce qui s’était passé ! Je ne me souviens de rien par rapport à ça. Tout ce que je sais de cette histoire, on me l’a raconté. Je demandais à ceux qui venaient me voir ce que je faisais en prison», a déclaré devant la barre, Saliou Ngom, âgé de 32 ans, accusé d’avoir tué sa femme, Amy Dieng, qui était en état de grossesse (9 mois).
A la barre de la Chambre criminelle, le professeur de Svt n’a pas trouvé les mots pour revenir sur cette horrible journée. D’ailleurs, les témoins appelés à la barre du Tribunal ont décrit Saliou Ngom comme une personne sincère, serviable, attentionnée, fiable, respectueuse, studieuse.
Interpellé sur son mariage avec Amy, il a déclaré qu’ils ont convolé en noces en 2013, quand il était encore étudiant. Par la suite, il est devenu professeur de Svt. C’est à sa 2e année d’enseignement qu’il a été sujet à des troubles jusqu’à commettre l’irréparable.
Des propos corroborés par le frère de la victime, cité à titre de témoin, qui a expliqué devant la cour que le couple n’a jamais eu de problème. «Nous n’avons jamais eu de problème avec Saliou. Si je pouvais, il sortirait de prison. Nous ne réclamons aucun dommage», a précisé le frère de la victime.
L’oncle de Saliou Ngom, devant la barre, a également raconté qu’une fois son neveu s’est jeté au fond d’un puits d’une profondeur de 15 mètres. «Son acte a été une surprise pour tout le monde. Le jour où il s’est jeté au fond du puits, c’est moi qui l’ai repêché. 29 à 30 jours plus tard, il a posé cet acte», rappelle Abdoulaye Ngom.
Des propos qui ont poussé le procureur à se demander si Saliou Ngom jouissait de toutes ses facultés mentales. «Est-ce que Saliou avait toutes ses facultés parce qu’il y a absence totale de mobile, absence d’antécédents de violence. A la lecture de ce dossier, je ne peux pas dire si Saliou est sain d’esprit», souligne le procureur. D’ailleurs, il pense qu’une expertise au moins va l’aider. «A la lecture de ce dossier je ne peux pas dire si Saliou est sain d’esprit», assure le procureur qui a toutefois requis une réclusion criminelle à perpétuité. Selon lui, l’intention de donner la mort est établie vu l’arme utilisée et la partie du corps visée.
En attendant, le juge de la Chambre criminelle a demandé une expertise à la charge du prévenu qui devra être faite par Abdoulaye Danfa, psychiatre au centre Dalal Xel de Thiès. Rendez-vous lui a été donné le 24 février 2023 pour les résultats de l’expertise.
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