La récurrence des accidents en mer inquiète les acteurs du secteur de la Pêche, mais également les autorités. Cette année, en l’espace de trois mois, 29 accidents ont été notés où  43 pêcheurs ont été portés disparus ou morts en mer, 167 personnes ont été assistées ou secourues en mer par le truchement de la Marine nationale. Pour éviter une augmentation de ces chiffres qui font froid dans le dos, la Confédération africaine des organisations professionnelles de la pêche artisanale (Caopa), en partenariat avec  l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), a initié depuis hier, une session de formation à l’intention des capitaines de pirogue du Sénégal. «Les capitaines de pirogue ont une lourde responsabilité à la fois humaine et même dans le cadre de la gestion de la ressource. Avec les enjeux et les défis qui sont dans le cadre de la gestion durable de la ressource, l’avènement du gaz et du pétrole sont autant  d’enjeux que les pêcheurs doivent comprendre. Ils doivent savoir quel est leur responsabilité et comment ils doivent l’appliquer vis-à-vis de leur pirogue, de leur équipage et des pays qu’ils doivent visiter pour aller travailler. On ne doit plus laisser n’importe qui devenir capitaine. Aujourd’hui, on est  en train de dénombrer beaucoup de morts, je ne peux pas dire que c’est de la responsabilité du capitaine uniquement, mais s’ils étaient très bien formés, très bien outillés, cela peut limiter cela», a déclaré le président de la (Caopa). Gaoussou  Guèye a profité de cette tribune pour interpeller l’Etat pour «qu’il essaie de les identifier, de les doter d’une carte professionnelle et de leur permettre d’avoir la formation requise pour être capitaine, parce qu’avoir la responsabilité de 40, 50 voire 60 personnes n’est pas quelque chose de facile».

Au-delà des capitaines de pirogue, les mécaniciens de pirogue et les charpentiers qui construisent des pirogues artisanales sont aussi ciblés. «Le pêcheur, quand il a une panne en mer, il a les moyens d’appeler son mécanicien  qui peut même le dépanner à travers son téléphone. Les charpentiers sont là aussi,  parce que ce sont eux qui construisent les pirogues», indique le président de la Caopa. Lequel invite également l’Etat à mettre en place  un Centre de formation de la pêche artisanale au même titre que des  centres de formation technique dans les autres métiers. «On peut le faire à Joal, d’ailleurs ce centre existait avant. On peut le faire dans les plus grands centres de débarquement où les pêcheurs, les mécaniciens, les charpentiers vont se retrouver. Aujourd’hui, il y a un projet de l’Etat sur les pirogues en fibres de verre, mais est-ce qu’il ne faut pas repenser ce projet ? En amenant tout ce gotha ensemble et voir quelles sont les normes sécuritaires qu’il faudra d’abord adapter à ces pirogues   et voir si elles sont adaptées à nos réalités, notre quotidien, notre culture», plaide M. Guèye. Se félicitant de la formation des capitaines, Abdou Aziz Ly, chef de service régional pêche de la région de Thiès, a souligné que ces acteurs vont jusqu’en Guinée, Gambie, Guinée-Bissau et dans la sous-région entière. «Renforcer la capacité de ces gens, c’est renforcer globalement les aspects sécuritaires, le comportement du pêcheur en mer. Ce renforcement de capacités va contribuer à diminuer les accidents en mer…», espère M. Ly.
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