Inde : Des internautes font rapatrier idoles et œuvres d’art volées

Rare et importante sculpture indienne du XVe siècle en bronze, affiche le site, avec une mise à prix de 200 000 euros. La photo montre Nataraj, un avatar de Shiva, connu comme le dieu de la danse. Mais mardi 13 décembre, un internaute indien la repère et publie une alerte sur Twitter. «Arrêtez les enchères. Ceci est une idole volée à l’Inde. Elle vient du temple Sri Kodandaramesvara, dans le Tamil Nadu. J’en ai la preuve. Renvoyez-la-nous», écrit-il. Dans son tweet, l’internaute publie aussi une photo du registre d’archéologie de l’Institut français de Pondichéry, l’ancien comptoir de la France en Inde. Commence alors une course contre la montre de la part des enquêteurs indiens. La branche de recherche des idoles du Département des enquêtes criminelles du Tamil Nadu prend le relais. Elle fait passer la photo auprès de grands-pères dans les villages alentours du temple, qui reconnaissent la statue. L’enquête conclut qu’elle aurait été volée en 1972. La branche de recherche des idoles alerte alors les autorités françaises et Christie’s. Jeudi, l’ambassade de l’Inde en France annonce que la vente est annulée et que l’Inde va désormais réclamer le retour de la sculpture sur son sol.
Restitution du patrimoine indien
Derrière cette histoire, un mouvement global pour la restitution du patrimoine prend de l’ampleur en Inde. Car, en vertu de conventions de l’Unesco, ce type d’artéfacts volés ou acquis dans des conditions douteuses doivent revenir au pays d’origine, en particulier s’ils ont été déplacés après 1970. Aujourd’hui, il existe des groupes citoyens qui utilisent les réseaux sociaux pour identifier les artéfacts partout dans le monde et assurer leur restitution. Par exemple, l’Indian Pride Project fondé en 2014 et qui revendique aujourd’hui 300 bénévoles en Inde et parmi la diaspora indienne. En 2021, la National Gallery of Australia a rendu huit statues et six peintures dont certaines datent du XIIe siècle, grâce au travail de recherche et de plaidoyer du groupe. Des enquêtes qui s’étalent parfois sur plusieurs années et auraient permis de faire revenir 265 artéfacts. Mais les internautes ne peuvent évidemment pas tout faire. Pour beaucoup de pays colonisés comme l’Inde, la discussion sur la restitution du patrimoine se joue entre gouvernements. Sur ce sujet, l’Inde est en conflit ouvert avec le Royaume-Uni qui refuse de signer la convention de restitution de l’Unesco. Les internautes et le gouvernement se battent donc au cas par cas pour récupérer des objets. En septembre, le Musée Kelvingrove de Glasgow a accepté de rendre une épée du XIVe siècle qui appartenait aux sultans musulmans de la ville indienne d’Hyderabad, une première.
Rfi