Ils sont 100 artistes, écrivains, musiciens, poètes ou tout simplement des «faiseurs de rêves» qui racontent et partagent leur regard sur Dakar. «Dakar, nid d’artistes», un ouvrage de Aisha Dème, édité par les Editions Malika, a été présenté ce jeudi au Musée des civilisations noires.Par Mame Woury THIOUBOU –

Présenter le nid d’artistes qu’est Dakar ! La tâche s’assimile à un travail d’Hercule, mais Aisha Dème, «la fée culturelle» de Dakar, a relevé le défi. L’ouvrage Dakar, nid d’artistes, présenté ce jeudi, a été l’occasion de mettre en lumière une petite partie de cette créativité extraordinaire qui coule entre les artères de la capitale sénégalaise. De la musique au cinéma, à la mode, la peinture, la littérature et aussi des faiseurs de rêves. Tous les arts vivent cette effervescence caractéristique de Dakar. «Dakar est un océan d’inspiration pour les artistes», dit Kader Diarra dans le texte qui lui est consacré. L’œuvre de Aisha Dème, presque une encyclopédie, donne la parole à 100 artistes qui racontent leur Dakar. Au fil des pages, chacun des 100 artistes qui y figurent, partage son regard sur la cité au travers d’un mot clé. «100 voix qui ont accepté de partager leur amour/désamour à cette ville fascinante qu’on ne quittera pour rien au monde.» Germaine Anta Gaye, Germaine Acogni, Sahad Sarr, Rokhaya Niang, Selly Raby Kane, Abdoulaye Diallo, Jabir Malick, pour ne citer que ceux-là, les noms défilent et tissent le nuage artistique qui plane sur Dakar. «Ce livre est une petite contribution pour rendre hommage à cette ville, mais aussi à ses faiseurs de beau», souligne l’auteure Aisha Dème.

L’éditrice de cet ouvrage, Malika Slaoui, des Editions Malika, investit ainsi Dakar après un premier ouvrage consacré à Casablanca. «J’ai commencé par Casablanca pour rendre hommage à cette ville, et quoi de mieux que de le faire par les artistes», indique-t-elle. L’éditrice, qui s’est spécialisée dans les beaux-arts et le patrimoine historique, ouvre, à travers cette série d’ouvrages, une fenêtre sur la scène contemporaine culturelle africaine. Quelques années après sa disparition, il est toujours difficile de parler de la scène artistique dakaroise sans évoquer son nom. Et c’est ce que rappelle Ousseynou Wade. «Parmi ces personnes qui ne sont plus parmi nous, ou plutôt qui sont encore parmi nous comme l’a dit le Pr Souleymane Bachir Diagne, il y en a une qui cristallise le cœur du Dakar culturel, nous avons pensé évidemment à Joe Ouakam. Et tout le monde dans la salle a un lien avec cet homme de culture, ce monument qui a accompagné, observé et guidé beaucoup de ceux qui sont devenus nos ambassadeurs», souligne Ousseynou Wade, auteur de la préface de l’ouvrage.
Ainsi que le rappelle le Pr Souleymane Bachir Diagne, Dakar a été chantée par les écrivains, Abdoulaye Sadji notamment dans Maïmouna. Il y peint Dakar comme «une ville à la beauté séductrice et diabolique». Et selon le philosophe, s’il est un quartier qui résume le charme de Dakar, ce sont les Sicap, de par leur caractère cosmopolite. «Dakar est une terre finistère, le bout de la terre et le point de rencontre de toutes ces populations qui se sont dirigées vers la mer», dit-il.

100 visages de Dakar
La rédaction de l’ouvrage, Dakar, nid d’artistes, a démarré un mois avant la pandémie. Et l’ambition de ses initiateurs, de rassembler en un même lieu tout ce qui porte la création au Sénégal, a été largement réussie. En effet, c’est tout le Dakar culturel qui a répondu à l’appel. Pas étonnant que la cérémonie ait été une vaste scène où différents talents se sont succédé. Dès le parvis du Musée des civilisations noires, des groupes d’artistes avaient déjà démarré le spectacle. En pénétrant dans la salle du musée, la foule avait encore en mémoire les belles prestations de ces jeunes artistes. Un spectacle qui se poursuivra avec les prestations de Kya Loum, Samira la slameuse et Souleymane Faye. Sur scène comme hors de la scène, le spectacle est là et la créativité enveloppe l’assemblée. Parures, vêtements et postures, tout concourt à cela et l’auteure, Aisha Dème, a su saisir toutes ces dynamiques et les faire tenir dans un livre, mais aussi les faire exploser face au public du musée, avec la complicité du directeur artistique, Majaw Ndiaye. Née à Dakar, précisément à la Médina, Aisha Dème est la directrice de l’agence d’ingénierie culturelle Siriworo. Engagée dans le développement de la culture en Afrique depuis une quinzaine d’années, ce n’est pas fortuit si on la qualifie de «fée culturelle» de Dakar.
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