Après la marche pacifique de solidarité avec la population de Ndingler, organisée à Dakar, la tension régnait entre les deux villages rivaux de Djilakh et de Ndingler qui se disputent des terres depuis quelques années. En réponse à cette marche pacifique, les habitants de Djilakh, qui étaient face à la presse le samedi dernier, ont invité l’Etat à trancher au plus vite ce problème avant que l’irréparable ne se produise.Par Alioune Badara CISS(orrespondant) –

La marche pacifique organisée à Dakar par le Directeur exécutif de la section d’Amnesty International (Ai) Sénégal, Seydi Gassama, en solidarité avec la population de Ndingler, n’est pas du goût des populations de Djilakh, village situé dans la commune de Sindia.

Ces dernières ont fait face à la presse à Djilakh pour dénoncer les agissements du responsable d’Ai Sénégal. «Nous ne connaissons pas les intentions de celui qui a organisé la marche. Seydi Gassama et Amnesty sont devenus des sources de tension pour nous habitants de Djilakh. Amnesty International devrait être impartial dans ce problème. Une fois qu’il a écouté la population de Ndingler par rapport à ce problème, il devait également écouter les populations de Djilakh pour en savoir davantage, avant de mettre ses pieds dans la sauce», a décrié Aliou Faye, conseiller municipal à la commune de Sindia et porte-parole  des habitants de Djilakh.

Selon lui, l’organisateur de cette marche s’est immiscé dans un dossier qu’il ne maîtrise pas. «Ces terres-là ont une histoire. Il y avait un arrêté préfectoral que le vieux Ablaye Dione appelé Galgor, du village de Ndingler, a même signé pour dire, voici la limite entre la commune de Sindia et celle de Ndiaganiao. Dans l’arrêté même, il y avait une zone tampon de 15 km vers Ndingler et 15 km vers Djilakh, en demandant que personne n’empiète dans cette zone tampon. Et cette personne est en train de manigancer et de créer toutes ces histoires et le Préfet  est au courant de ce qui existe. Je dis que cet arrêté-là est dans le bureau du Préfet, les deux sous-préfets qui ont en charge les deux communes de Ndiaganiao et de Sindia ont cet arrêté», a affirmé Aliou Faye.

Mutisme de l’Etat
C’est pourquoi, les habitants exigent de L’Etat que la loi soit dite. «La commune de Sindia a délibéré sur 300 hectares à la Sedima et cette société a respecté toutes les procédures. Cette société a eu un bail, c’est après que ces terres ont été immatriculées par un décret pour les sortir du domaine national pour aller vers le domaine privé de l’Etat et ce dernier a pris son patrimoine pour le vendre à la Sedima, à qui il a donné un titre foncier.  Nous ne pouvons pas comprendre comment un arrêté préfectoral peut être au-dessus d’un décret. C’est pourquoi, jusqu’à présent, ces problèmes existent car l’Etat ne réagit pas ; nous ne pouvons pas comprendre la faiblesse de l’Etat. C’est écœurant. C’est nous, les populations de Djilakh, qui avons donné les terres à la Sedima en organisant trois audiences publiques et nous étions d’accord pour donner ces terres à la Sedima. Comment se fait-il que nous avons respecté toutes ces procédures et qu’aujourd’hui, on empêche à la société de travailler ?», s’interroge le porte-parole des habitants de Djilakh.

Ces habitants qui travaillent dans la ferme de la Sedima, à qui on a octroyé ces terres, veulent que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur pour permettre à ce promoteur de travailler et aider les populations.

Sur la plainte brandie par Amnesty au niveau international, les populations de Djilakh encouragent ce dernier à le faire car c’est l’Etat du Sénégal qui a immatriculé les terres et les a vendues à la Sedima. «Donc, la plainte va viser le Président Macky Sall, parce que c’est lui qui a signé le décret du titre foncier, donc, c’est le patrimoine de l’Etat. Donc, ils n’ont qu’à porter plainte contre l’Etat qui a immatriculé la terre et dans ce cas, l’Etat va répondre et, il va apporter des justificatifs», a déclaré le conseiller municipal à la commune de Sindia.

A l’en croire, les gens de Ndingler font une usurpation foncière car «ils sont obligés de faire 7 km pour venir dans leur champ, alors que tout le monde sait que le Sérère habite à côté de son champ. Ces terres sont à plus de 100% un patrimoine de Djilakh, nous sommes à moins d’1 km des terres et Ndingler est à 7 km des terres.  Il faut que l’Etat sache qu’il peut y avoir une guerre entre les deux villages, car le jour où cette société dira qu’elle quitte ces terres, que les populations de Ndingler sachent qu’elles ne mettront pas les pieds ici. Donc, pour éviter un bain de sang, l’Etat n’a qu’à prendre ses responsabilités en demandant à la Sedima d’exploiter la totalité des terres parce que c’est pour le développement de cette localité», a déclaré Aliou Faye.
abciss@lequotidien.sn