Moins d’une année nous sépare de la prochaine élection présidentielle qui cristallise déjà tous les intérêts et ambitions, sur fond de tensions politico-sociales de plus en plus vives et exacerbées au fur et à mesure que l’on se rapproche de la date fatidique du 25 février 2024 ; ainsi devient-il impérieux, voire vital pour tout citoyen sénégalais, de quelque bord qu’il se situe et dans la mesure de ses possibilités, d’apporter sa meilleure contribution, fut-elle modeste, aux fins de préserver la stabilité, la cohésion et l’harmonie sociales.
Au-delà, dans un élan inclusif et participatif, il urge de concrétiser rapidement un dialogue politique national qui sera cette fois-ci celui de la Vérité et des Consensus, en vue de s’extirper de l’impasse politique actuelle pour nous projeter vers des élections prochaines consensuelles et apaisées.

Pour trouver une solution à la situation politique actuelle qui préoccupe et interpelle tous les concitoyens soucieux de la stabilité du pays, il faut au préalable se donner le courage d’un diagnostic juste du jeu politique sénégalais, pour subséquemment proposer des voies de consensus.

La Vérité, c’est d’abord reconnaître et accepter que le landerneau politique sénégalais est actuellement dominé très largement par 4 ténors chefs de parti et leaders de coalitions ; ils sont pêle-mêle : Karim Wade, Macky Sall, Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Leur absence des joutes prochaines priverait bon nombre de concitoyens, ou tout au moins une frange majoritaire de l’électorat sénégalais, de leurs choix, de leurs premiers choix plus précisément.

Or du point de vue juridique, ni Macky, ni Khalifa, encore moins Karim ne peuvent être candidats à l’état actuel des choses, et Ousmane, en raison de ses procès à venir, est potentiellement inéligible. En plus clair, c’est le même Droit positif sénégalais qui interdit à Macky Sall de briguer un 3ème mandat qui s’oppose aux candidatures de Karim Wade et de Khalifa Sall et qui s’applique également à Ousmane Sonko dans le cadre de ses dossiers judiciaires.

Au plan moral, si une certaine opinion oppose à Macky ses engagements à ne pas briguer un 3ème mandat, des consciences sont aussi heurtées par les candidatures de Karim et de Khalifa, condamnés pour détournements de deniers publics, quand bien même des compatriotes cautionnent mal la candidature de Ousmane, renvoyé en Correctionnelle pour des affaires de mœurs.

Sans jamais tenter de jeter l’anathème sur des personnalités politiques aux parcours remarquables ou de nous risquer à une posture de directeur de conscience, il est évident qu’au plan juridique comme moral, ces 4 mastodontes de la vie politique, potentiellement candidats à la prochaines présidentielle, sont logés à la même enseigne ; dès lors, le fait de se focaliser uniquement sur l’impossibilité (juridiquement et moralement) de la candidature de Macky Sall nous semble objectivement approximatif et entraîne une rupture d’égalité. C’est à ce niveau que toute la Vérité sur la situation politique actuelle du pays est tronquée et où butent fatalement tous les appels à la retenue, à la pacification de l’espace politique, à des concertations politiques et toutes les tentatives de médiation. Deux hypothèses peuvent être retenues : soit l’ensemble des 4 candidatures sont acceptées, soit elles sont toutes rejetées. Dans la perspective de la première, il faudra, par souci d’équité vis-à-vis des potentiels autres candidats, élargir les possibilités de candidatures en supprimant le filtre des parrainages pour la prochaine présidentielle, quitte à expérimenter le bulletin unique.

Toutefois, pour des raisons objectives et subjectives liées à sa stature et à son parcours, et surtout à la Main si généreuse que le Seigneur a bien voulu poser sur lui, le Président Macky Sall doit se hisser pour se placer au-dessus de la mêlée en ne se présentant pas à la prochaine élection ; et ceci pour renforcer l’Etat de Droit, consolider et moderniser notre démocratie, et renforcer nos institutions, comme il nous y avait conviés lors de la réforme constitutionnelle de 2016 en adéquation avec le 3ème pilier du Pse dont l’une des 15 mesures porte sur «la Restauration du quinquennat et la limitation à deux mandats présidentiels». Dans le silence et la solitude de ses nuits harassantes et interminables de labeur, j’invite le Président Sall à voyager dans l’intimité de sa conscience froide et profonde pour y rencontrer son Seigneur, et surtout méditer sur tout ce qu’Il a déjà fait pour lui et tous les bienfaits qu’Il lui réserve pour ses jours prochains. Celui-là même qui, politiquement, l’a élevé comme il ne l’a jamais fait pour personne dans l’histoire politique contemporaine.
Président, en une séquence temporelle relativement courte, Allah vous a doté d’un parcours politique exceptionnel et unique. Aujourd’hui, vous venez de clôturer si brillamment votre magistère à la tête du continent après avoir présidé aux destinées de votre Fatick natal et de votre pays que vous chérissez tant ; que vous reste-t-il politiquement sinon que de parachever votre carrière politique nationale de la plus belle des manières possible. Ce que vos compatriotes retiendront de vous, ce que l’histoire enseignera sur vous à la postérité, transcende votre bilan matériel. Les présidents Mamadou Dia, Nelson Mandela seront célébrés pour l’éternité par les générations futures, non pas pour avoir réalisé des ponts et autoroutes ou pour avoir permis à leurs pays d’exploiter du pétrole et du gaz, mais leur legs, infiniment plus honorable et décisif, a été de laisser à la conscience africaine et mondiale, un idéal universel fortement ancré sur des valeurs sources d’inspiration pour l’humanité. Au soir d’une carrière politique, la seule crainte qui doit habiter tout leader est de tomber dans l’oubli ou de laisser un souvenir peu ou pas appréciable.

La destinée des créatures est exclusivement entre les mains du Maître des univers, seulement, au regard de votre si exceptionnel et évolutif parcours, l’on a du mal à vous imaginer ailleurs qu’au sommet mondial, à condition de bien gérer cette étape si décisive dans votre carrière politique. On vous le souhaite et votre Peuple aussi.

Excellence, vous comprenez donc aisément que tous les espoirs des filles et fils qui constituent cette belle Nation sénégalaise convergent vers vous.

Rassemblez les Sénégalais de tous les bords, aidez à cultiver le pardon à l’image de Cheikh Ahmadou Bamba et Nelson Mandela, et réunissez le Peuple autour de l’essentiel. Parlez-nous, rassurez-nous et permettez aux Sénégalaises et aux Sénégalais de se choisir, librement, sous la bénédiction d’Allah et à travers une élection inclusive et transparente, leur futur président de la République.
Dr Mamadou Badara SECK mamadoubadara@yahoo.fr