Le Cap-Vert met le pied sur l’accélérateur, ouvrant les portes à un nouvel élargissement de ses relations avec le continent africain, qui a démarré par une visite au Sénégal, la semaine dernière, de son Ministre des communautés (Mc). Jorge Santos a eu des réunions de travail avec son homologue sénégalaise, Annette Seck, et avec la communauté capverdienne. Il a déclaré avoir informé cette dernière des nouvelles mesures du gouvernement capverdien visant à mettre en œuvre le processus d’attribution de la nationalité capverdienne, à coût nul, aux citoyens résidant en Afrique. Le processus se déroulera à partir de ce mois de mai jusqu’au 31 décembre, et inclura la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée-Bissau, l’Angola, le Liberia, le Gabon et le Mozambique. En plus de cette importante mesure, dans cette interview exclusive avec Le Quotidien, à Praia, le ministre, qui a même découvert des membres de sa famille dans le pays de la Teranga, a parlé des émigrés qui «font la fierté du Cap-Vert» dans ce pays, et a insisté sur plusieurs projets dans différents domaines qui bénéficieront à la communauté et aussi permettront de réduire les barrières dans les relations entre les pays, ainsi que d’attirer les investissements des Capverdiens, mais aussi des hommes d’affaires du Sénégal et d’autres pays africains qui veulent investir dans l’archipel. Le statut de l’entrepreneur émigré, les investissements dans les secteurs maritime et aérien, la possibilité d’exporter du thon et ses dérivés, et du ciment, sont des projets «robustes» qui encouragent Jorge Santos à se tourner avec optimisme vers l’avenir dans les relations avec l’Afrique, les yeux déjà fixés sur la mise en œuvre de l’important projet de corridor maritime Praia-Dakar-Abidjan.

Monsieur le ministre, vous étiez en visite officielle au Sénégal du 5 au 8 mai. Comment avez-vous trouvé la communauté capverdienne ?
Nous avons eu quelques jours de visite intenses. Comme vous le savez, le Sénégal est un pays ami du Cap-Vert et accueille une importante communauté capverdienne [plus de 42 000 personnes], qu’elle soit autochtone ou descendante. Il s’agit d’une communauté historique de plus de 150 ans, au sein de laquelle des migrants en sont à leur quatrième génération. J’ai trouvé une communauté très diversifiée et intégrée d’entrepreneurs, avec des familles qui se sont considérablement élevées dans la communauté sénégalaise, avec des techniciens et des spécialistes dans pratiquement tous les domaines, à savoir la médecine, l’économie, l’agriculture, la pêche, le commerce, l’industrie et la technologie. J’ai également vu des Capverdiens possédant de grandes entreprises, qui exportent depuis le Sénégal, et des familles impliquées dans les administrations publique et municipale. Je parle par exemple du maire de Dakar, Bar­thélemy Dias, arrière-petit-fils de Capverdiens, et de son père, Jean-Paul Dias, Con­seiller principal du Président du Sénégal, Macky Sall. Ce sont donc des personnalités qui font la fierté de notre pays et qui sont des exemples de bons citoyens. Mais nous avons aussi trouvé une communauté majoritairement chrétienne, avec différentes associations de femmes chrétiennes, l’école de Batuco dirigée par la chanteuse Rosy, bien connue dans les milieux sénégalais. Par ailleurs, nous avons visité notre communauté et eu des contacts avec les autorités locales, avec les maires de Thiès et de Dakar, avec le Conseiller principal du président de la République du Sénégal, Jean-Paul Dias, ainsi que des rencontres avec le gouvernement sénégalais, avec mon homologue en la personne de la ministre auprès de la ministre des Affaires étrangères, chargée des Sénégalais de l’extérieur, Mme Annette Seck. Ces rencontres nous ont permis de nous faire une idée très précise de la vie des Capverdiens au Sénégal.

Du côté capverdien, quelles sont les initiatives concrètes qui ont été présentées à la communauté capverdienne ?
Nous leur avons présenté trois initiatives majeures. Tout d’abord, nous avons lancé l’ensemble du processus d’acquisition de la nationalité d’origine. Comme vous le savez, le Cap-Vert a adopté une loi [qui a été approuvée en termes généraux en décembre 2022 au Parle­ment, les procédures spéciales devant encore être approuvées] qui permet à tous les Capver­diens qui souhaitent acquérir la nationalité d’origine de le faire gratuitement et avec des facilités. Gratuite parce que tous les frais d’acquisition sont pris en charge par le gouvernement capverdien, jusqu’au 31 décembre. Avec des facilités, parce que nous enverrons une équipe technique composée d’un notaire, d’un chef du Service des étrangers et des frontières, d’un représentant du ministère des Commu­nautés et du Directeur général des affaires consulaires qui, conjointement avec l’ambassade, se rendra dans les différentes villes, Thiès, Ziguinchor, Saint Louis, etc., où il y a des Capverdiens, pour recenser et identifier les gens qui veulent acquérir la nationalité. En ce sens, je voudrais lancer un appel aux Cap­verdiens qui vivent au Sénégal et dans les pays concernés, tels que le Sénégal, la Guinée-Bis­sau, la Côte d’Ivoire, l’An­gola, Sao Tomé-et-Principe, le Liberia, le Gabon et le Mozambique, pour qu’ils profitent de ce moment, car cette opportunité est nécessaire et attendue depuis longtemps, pour que les Capverdiens aient ce document qui leur assure la sécurité juridique, ainsi que d’autres documents tels que le passeport et la carte d’identité nationale. Par conséquent, tous ceux qui ont des origines capverdiennes jusqu’à la troisième génération, doivent saisir cette opportunité.

Et vice-versa…
Nous prenons en considération le fait que nous avons déjà ici au Cap-Vert, la deuxième plus grande communauté d’immigrants, avec environ cinq mille Sénégalais, dépassés seulement par les ressortissants de Guinée-Bissau. Des milliers de Sénégalais ont déjà régularisé leur situation en 2021/2022, au cours du processus de légalisation extraordinaire pour les immigrants et leurs enfants. Le processus se poursuit par la voie normale. Par conséquent, je demande également aux citoyens africains de saisir l’occasion de régulariser leur situation afin qu’ils puissent être des citoyens à part entière et avoir accès à tous les services disponibles au Cap-Vert, avec une liberté sociale, économique et culturelle totale.

Quand cette équipe technique partira-t-elle en mission ?
Depuis hier mercredi 10 mai, une équipe technique est à Abidjan, où elle passera une semaine en mission, avant de commencer à travailler au Sénégal à la fin du mois de mai, à une date qui n’a pas encore été annoncée. Les dates seront annoncées dans les médias locaux. En attendant, nous travaillons déjà avec toutes les associations capverdiennes, par exemple avec celles du Sénégal -une dizaine- qui disposent déjà des informations nécessaires pour que nous puissions lancer la campagne d’acquisition de la nationalité.

Il y a quelques instants, vous avez mentionné un deuxième aspect qui a été abordé lors de votre visite. De quoi s’agit-il ?
Au cours de la visite, nous avons également fait connaître le statut de l’émigrant investisseur qui est déjà une loi qui est réglementée et dont la certification se trouve sur une plateforme numérique au sein du portail consulaire du Cap-Vert (www.portalconsular.caboverde). Ce portail nous permet d’accéder et de nous enregistrer en tant qu’entrepreneur. Derrière ce statut, se cache un ensemble d’avantages et de facilités. Par exemple, en ce qui concerne les avantages fiscaux pour ceux qui veulent investir au Cap-Vert, et pas seulement l’exonération fiscale, la facilité de crédit. D’autre part, tous ceux qui ont ce statut peuvent construire leur maison au Cap-Vert en bénéficiant d’une exonération douanière sur tous les matériaux de finition, y compris en amenant leur voiture. En d’autres termes, il existe un certain nombre d’avantages individuels pour notre communauté.

Vous avez parlé d’une communauté historique, comment peuvent-ils prou­ver leur origine capverdienne dans cette situation ?
Il n’est pas nécessaire que l’immigrant possède un document capverdien. Il doit prouver qu’il est d’origine capverdienne, car la diaspora comprend tous ceux qui sont nés au Cap-Vert et tous leurs descendants qui sont nés en dehors du Cap-Vert. Normalement, il s’agit de citoyens ayant une double nationalité. Toutefois, il convient de noter que nombre de ces immigrants n’ont pas de certificat d’origine capverdienne et que certains ont perdu des liens familiaux. En effet, de nombreuses familles capverdiennes, y compris celles des îles de Santo Antão et São Vicente, ont embarqué sur des bateaux à partir des années 45, pendant la famine au Cap-Vert et la guerre mondiale, et ont fui vers le Sénégal et d’autres pays africains sans emporter de documents. D’autres ont des documents périmés ou une partie de leurs documents. Il y a donc des familles vivant au Sénégal qui n’ont pas de documents pour prouver leur citoyenneté sénégalaise ou capverdienne. Dans ces cas-là, et parce que la loi le permet, le dossier individuel de chacun sera reconstitué grâce aux études et aux témoignages de ces personnes.

Qu’en est-il des hommes d’affaires, ont-ils investi massivement au Cap-Vert ?
Les Capverdiens au Sénégal, par exemple, investissent dans toutes les îles, construisent des maisons, possèdent des commerces et d’autres entreprises, et maintenant ils ont commencé à investir dans le marché boursier, à travers l’acquisition d’obligations d’Etat, de sociétés, etc. Comme on le voit, les possibilités sont innombrables. D’ailleurs, c’est un autre sujet qui a été discuté avec les hommes d’affaires et l’idée est restée, de la part de notre communauté d’affaires à Dakar, d’organiser un grand forum d’affaires dans cette ville sénégalaise, où nous présenterons les opportunités d’investissement au Cap-Vert et les facilités que notre pays offrira. Nous avons accepté le défi et nous allons maintenant, avec le ministère de la Promotion des affaires et les institutions financières nationales (Pro-empresa et Pro-garante, Banque commerciale, Bourse, Parc technologique, Poste, Cvtelecom), avec la Chambre de commerce sénégalo-capverdienne, avec les autorités sénégalaises, avec les mairies de Dakar et de Thiès où nous avons une grande communauté et où il y a des hommes d’affaires sénégalais qui veulent investir au Cap-Vert. En effet, la diaspora capverdienne fait partie du secteur privé, ce sont des entrepreneurs.

Pouvez-vous donner des exemples concrets de ces investissements ?
Aujourd’hui, en 2022, notre diaspora a investi dans des dépôts à terme pour un montant de 357 millions de dollars, ce qui équivaut à 18, 2 % du Pib du Cap-Vert. Elle a investi près de 4, 8 milliards d’escudos en investissements directs. Par ailleurs, plus de 7% des dépenses des ménages capverdiens sont couverts par la diaspora, sous forme d’aides, de commandes, etc. Si l’on ajoute les dépôts à terme, les investissements directs et l’entreprenariat social et solidaire, on parle de 34% du Pib. Et ce chiffre est bien plus élevé que l’aide publique au développement et les investissements étrangers au Cap-Vert. Cela signifie que la diaspora a une importance énorme dans l’économie capverdienne.

Selon vous, quel serait le poids de la diaspora africaine dans l’économie capverdienne ?
Ce poids est différent. En premier lieu, il y a notre diaspora en Europe, puis aux Etats-Unis d’Amérique. En troisième position se trouve la diaspora africaine, où le Sénégal et l’Angola dominent, mais avec un pourcentage encore faible, avec un fort potentiel de croissance. L’important est que les transactions, le commerce et les investissements de notre diaspora au Sénégal, en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire continuent de croître et de se renforcer à l’heure actuelle. C’est pourquoi le gouvernement capverdien mène cette offensive afin d’éliminer les barrières, d’informer les entrepreneurs potentiels et de leur montrer les avantages d’investir au Cap-Vert. Par exemple, nous avons déjà enregistré des investissements de citoyens sénégalais à la Bourse du Cap-Vert. Le Blu-X a été lancé, ce sont les obligations de l’économie maritime et, seulement dans une souscription de 300 mille escudos capverdiens, 20% provenaient de la diaspora. Sur ce nombre, près de la moitié provenait de la diaspora africaine, c’est-à-dire d’entrepreneurs du Sénégal, de Guinée-Bissau et d’Ouganda. Par conséquent, et je le répète, nous devons créer les bases et laisser le marché fonctionner.

Mais pour cela, il faut des transports aériens et maritimes. Est-ce dans cet esprit qu’est créé le fa­meux corridor Dakar-Abidjan-Praia dont on parle tant, pour stimuler les activités économiques, le commerce et la circulation des personnes et des biens en Afrique de l’Ouest ?
Absolument. En effet, il arrive souvent que des Capverdiens vivant en Côte d’Ivoire ou en Guinée-Bissau n’investissent pas au Cap-Vert en raison de l’absence de transport maritime ou aérien. Actuellement, ce corridor maritime est lancé avec le soutien de la Cedeao et de la Bad. Mais aussi, la compagnie aérienne nationale Tacv a récemment annoncé son intention de mettre en place des vols vers Bissau et Dakar, une mesure réclamée depuis longtemps par la communauté. Ces projets ne dépendent que de la Cedeao. Et comme le Cap-Vert ne bénéficie pas des projets continentaux de la Cedeao, tels que les chemins de fer et les barrages, parce que le pays n’est pas inclus dans ce paquet d’investissements, ce projet de création d’un corridor est important, parce que le Cap-Vert fait partie de ce paquet d’intégration régionale de la Cedeao. En attendant, nous avons déjà des entreprises privées qui ont déjà commencé à faire la connexion maritime et ce qui est fait est d’intensifier cette connexion et d’avoir plusieurs alternatives d’exportation pour l’archipel. Parce que le Cap-Vert importe, par exemple, tout ce qui est nourriture, fruits, céréales, etc. Dans ce sens, notre pays développe un projet avec la Guinée-Bissau pour développer des entreprises conjointes entre des sociétés privées capverdiennes et guinéennes dans le domaine de l’agriculture, cofinancé par la Bad. Tout cela montre que nous passons du discours à l’action.

Mais il y a d’autres projets…
Une autre action très forte qui a été signée récemment est la concession de Pozolanas do Porto Novo, sur l’île de Santo Antão, à l’entreprise Cimpor, détenue majoritairement par des entrepreneurs turcs, qui sont également présents au Sénégal, en Guinée-Bissau et dans d’autres pays de la côte ouest-africaine. L’idée de placer le ciment du Cap-Vert sur ces marchés est intéressante, tout comme les dérivés du basalte. Nous créons ainsi une puissance d’exportation, comme je l’ai mentionné précédemment, ainsi que d’autres industries connexes.

A quoi faites-vous spécifiquement référence ?
Comme vous le savez, le Cap-Vert dispose déjà d’une industrie de transformation du poisson qui a également un marché dans la Cedeao. Nous devons avoir la capacité d’exporter, parce que le Sénégal et la Guinée-Bissau ont beaucoup de poissons sur leurs côtes, mais ils n’ont ni thon ni maquereau, deux poissons migrateurs qui ne passent que par notre côte maritime du Cap-Vert. Comme nous le savons, l’entreprise Frescomar transforme ces produits, et les conserves de thon sont très appréciées sur la côte ouest-africaine. A l’heure actuelle, des commerçants capverdiens acheminent déjà du thon vers ces pays de la région, mais en petites quantités. Nous devons maintenant faire un pas de plus pour formaliser cette exportation, en créant les conditions pour que les entreprises aient la capacité logistique d’exporter du thon frais et ses dérivés, ainsi que d’importer des produits de la région africaine, de les transformer et de les exporter vers d’autres marchés. Par conséquent, avec le réveil du corridor et des connexions aériennes, ce marché de la Cedeao sera relancé, car nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la côte ouest, à environ 1h 20mn, et il y a une courte connexion maritime.

Mais ce qui manque encore, c’est la troisième grande initiative dont vous avez parlé au début de cet entretien. En quoi consiste-t-elle ?
C’est la question du capital humain entre le Cap-Vert et le Sénégal au niveau de la médecine, de l’économie et de l’éducation. Nous devons créer une connexion intense avec ce capital humain qui se trouve à Dakar. Par exemple, il existe actuellement une initiative visant à créer une association de médecins capverdiens au Sénégal afin d’aider le système de santé national du Cap-Vert, car de nombreux Capverdiens se rendent à Dakar pour recevoir un traitement médical. La ministre capverdienne de la Santé est en contact avec son homologue sénégalaise pour mettre en place des accords de coopération afin que les Capverdiens puissent recevoir un traitement médical de manière plus organisée et officielle, et qu’ils bénéficient de l’assurance sociale et du financement nécessaires pour leurs soins. Par exemple, le Cap-Vert paie le voyage de ses patients au Portugal, mais une fois sur place, le traitement est pris en charge par ce pays européen. C’est ce type d’accord qui fait encore défaut avec le Sénégal. Et lors de ma visite, le gouvernement sénégalais s’est montré très sensible à cette question.

Un autre aspect abordé lors de votre visite a été la cartographie et le recensement de la diaspora capverdienne. Comment cette initiative a-t-elle été accueillie ?
Cette question a suscité beaucoup d’intérêt au sein de la communauté, notamment pour savoir combien ils sont, où ils se trouvent et ce qu’ils font. Le projet est mis en œuvre par l’Institut national de la statistique du Cap-Vert et celui du Sénégal, car il s’agira d’un recensement avec sa propre méthodologie, étant donné que nous ne pouvons pas faire de statistiques dans un pays tiers. Ce que le Cap-Vert peut faire, c’est établir un accord, qui existe déjà, pour échanger des informations entre les communautés, en se rappelant que beaucoup d’entre elles ont une double nationalité, avec ou sans documents. Ce processus nécessite beaucoup de soins et de protection afin que ces données ne soient utilisées qu’à des fins comptables, c’est-à-dire pour que nous puissions disposer d’éléments nous permettant de définir nos politiques régionales de réintégration.

Pour conclure, Monsieur le ministre, quelles sont les autres impressions de votre visite au Sénégal ?
Un aspect très important est lié au fait que notre communauté capverdienne a une vie culturelle très riche dans ce pays de la Teranga, avec un éventail d’activités intéressantes. Il ne fait aucun doute que Dakar est la capitale de la culture au Cap-Vert. Pour vous donner une idée, de grands musiciens capverdiens dont Luís Morais, ont été formés dans cette région du Sénégal. En ce sens-là, je profite de l’occasion pour vous informer que le maire de Dakar, Barthélemy Dias, sera en visite au Cap-Vert du 17 au 21 mai et qu’il aura plusieurs réunions avec le Premier ministre, le ministre des Communautés et d’autres institutions du Cap-Vert, dans le cadre de la coopération.
Propos recueillis par Arlinda NEVES
(Correspondante particulière)