Cedeao – Prévention et lutte contre l’extrémisme violent : Apprendre du modèle sénégalais, l’aider à se préserver
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Le Sénégal a beaucoup à donner, et encore autant à apprendre, en matière de lutte contre l’extrémisme violent, nul pays n’étant totalement à l’abri. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest et le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal l’ont compris. Formation ! Anticipation !Par Moussa SECK –
«Parce que le Sénégal est l’un des pays les plus anciennement islamisés dans la région.» Parce qu’aussi, «c’est un pays où il y a la tolérance» et une certaine stabilité. Parce qu’en outre, dit le professeur Abdoulaye Maga, «en élargissant la formation au Sénégal, on apprendra davantage à savoir comment le Sénégal a réussi à (se) stabiliser malgré les différents courants religieux». Et parce qu’enfin le Sénégal demeure un pays «qui a beaucoup à fournir en matière d’islam» et que «ça peut enrichir les prêches, les enseignements dans les autres pays malgré les différents courants religieux». C’est en ce sens et à en croire le directeur de l’Education, des sciences et de la culture au niveau de la Cedeao, «un exemple intéressant»…
Un exemple dont les racines de la réussite se trouvent dans la salle même où les propos ci-dessus ont été tenus. Des imams et maîtres coraniques, des représentants des foyers religieux du pays et d’associations religieuses, hommes et femmes de différents «courants», sensibilités, sont venus dialoguer et s’enrichir au cours de cette formation entamée le 8 juin et qui se tiendra jusqu’au 22 du même mois. Il sera, le temps de cette formation initiée par la Cedeao et facilitée au Sénégal par le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (Cudis), question de lutte et de prévention contre l’extrémisme violent. Avec pour objectif principal de «renforcer les compétences et les connaissances pédagogiques en utilisant le manuel de référence de la Cedeao sur l’éducation pour la culture de la paix dans la lutte contre l’extrémisme violent dans la région».
Confréries, recommandations, jeunesse, réseaux sociaux
La formation vient à son heure, et il n’y a pas de doute quant à son utilité, ainsi que souligné par le directeur de l’Institut islamique de Dakar au sein duquel se déroulent les séances. M. Thierno Ka dira se féliciter de sa tenue dans les locaux dont il a la direction. Une première, depuis 2017 qu’elle a été initiée, et qu’elle a eu à se dérouler au Burkina Faso, au Niger, au Nigeria, au Mali et en Côte-d’Ivoire. Le Sénégal séduit par sa stabilité ainsi que rappelé par Abdoulaye Maga. Stable, mais pas totalement à l’abri. «Il ne faut pas oublier que nos frontières ne sont que des frontières théoriques», dit-il avant d’interroger : «Si c’est arrivé au Mali, pourquoi pas au Sénégal ?» Pourquoi pas en Guinée, en Gambie ? «Et c’est pourquoi, préconise-t-il, il faut voir la Cedeao dans son ensemble» et «non pas en portions entre les pays du Sahel et les autres». La prévention doit d’ailleurs aller au-delà du Sahel. L’exemple de la Côte-d’Ivoire sera donné, «qui n’est pas un pays du Sahel mais qui a connu des attentats à Grand Bassam, du fait de sa proximité avec des pays qui étaient dans la ligne de front, notamment le Mali et le Burkina ».
Le pays de la Teranga est ainsi le sixième à abriter la formation, dans une région «qui a tout intérêt à apprendre du Sénégal», ce Sénégal qui, selon M. Maga, est «le seul pays à disposer de grandes confréries qui fédèrent malgré tout». Une autre des raisons qui expliquent le choix Sénégal…
Que les uns et les autres puissent s’approprier les modules du manuel de la Cedeao sur l’éducation pour la culture de la paix, puissent améliorer le contenu des prêches et des enseignements qu’ils donnent dans les différentes écoles : les grandes attentes de la formation. «Nous aussi, nous sommes là pour apprendre», fera remarquer le représentant de la Cedeao. Il renseigne que «des recommandations qui sortiront du rapport final de cette formation, nous aurons des idées pour améliorer les contenus des autres formations» prévues dans d’autres pays. Au niveau de ces derniers, l’un des buts sera d’ «arriver à ce que les différentes religions, les différents courants se parlent, parce que ce n’est pas évident», projette Abdoulaye Baya qui rappelle que la facilité de dialoguer remarquée entre les courants au Sénégal n’est pas forcément donnée partout ailleurs. Un objectif des plus importants : «Faire aussi en sorte que les jeunes comprennent mieux les enjeux liés à la radicalisation.» L’idée de prévention imaginée par la Cedeao et le Cudis s’articule, en plus des canaux traditionnels, autour de l’utilisation des nouvelles technologies de communication. Des startups seront mises à contribution, auront pour rôle de s’approprier les modules pour «éventuellement les séquencer en thèmes qui pourraient être disséminés dans les réseaux sociaux».