La spirale de la violence dans le discours politique au Sénégal, pays de dialogue, a débuté récemment avec le parti Pastef dont le projet politique comporte des relents cachés affairistes, tribalistes et djihadistes. Nous savons tous que, depuis l’origine de l’humanité, le monde s’est toujours confronté à des conflits entre puissances pour le contrôle des ressources de la planète ou à des conflits entre communautés à connotation tribale ou religieuse. Ces conflits continuent de nos jours sous des formes pernicieuses moins apparentes, pour les mêmes objectifs de contrôle des ressources naturelles ou de domination d’une communauté sur les autres. Karl Max a théorisé que l’histoire de l’humanité a été de tout temps une histoire de lutte des classes, cristallisant toutes les autres formes de lutte pour le contrôle des richesses. Cependant, il y a eu des exceptions de par le monde, des nations où la culture du dialogue, du partage et de la paix a fait de celles-ci des ilots de stabilité grâce au génie de leur Peuple et au leadership d’hommes exceptionnels pacifistes ou non violents, tant aux plans coutumier, religieux que politique.
Le Sénégal fait partie de ces peuples bénis, par sa résilience et la providence. Nous sommes malheureusement en train d’assister au dépérissement de cette race d’hommes politiques aux qualités exceptionnelles qui nous ont valu la stabilité, en substitution d’une nouvelle race d’hommes politiques populistes aux discours violents, s’appuyant sur les influences extérieures négatives et sur les différences entre les communautés pour trouver un terrain fertile à l’assouvissement rapide de leurs ambitions politiques de dévolution du pouvoir. Cette forme violente d’accéder au pouvoir ne peut être que catastrophique, dès lors que le soubassement est malsain, la fin justifiant les moyens. L’histoire nous a toujours montré que cette forme violente de dévolution du pouvoir par la négation de la vertu, de l’éthique et de la responsabilité ne peut conduire qu’à la tyrannie et à des guerres. Certains politiciens populistes instrumentalisent la victimisation et la manipulation pour gagner en notoriété et en sympathie aux yeux du public, en jouant sur la psychologie des populations pour se déculpabiliser ou se justifier, les médias jouant un effet d’amplification de la victimisation.
La presse est toujours présentée comme auxiliaire des bourreaux. Et pourtant, c’est la prime à l’émotionnel et au pathos qu’entretient souvent largement la presse qui constitue le terrain idéal pour la victimisation et la déresponsabilisation. Pour l’atteinte de leurs objectifs de prise du pouvoir par des moyens non conventionnels, toutes les influences extérieures négatives, antirépublicaines et anticonformistes sont admises. Ces influences extérieures négatives profitent des divisions internes, politiques, religieuses ou ethniques pour les financer et prospérer. Les exemples foisonnent dans notre sous-région qui est le terreau fertile de l’extrémisme religieux et en dernière instance, pour le contrôle des ressources naturelles qui sont devenues rares de nos jours, avec l’augmentation mondiale de la demande alors que l’offre s’amenuise. C’est dire que l’irresponsabilité et le discours violent caractérisent les personnes frustrées, lesquelles ont tendance à l’utilisation de la victimisation comme instrumentalisation politique.
La réalité est qu’au Sénégal d’aujourd’hui, il y a eu un cumul de frustrations nées de l’échec de la rébellion armée en Casamance qui a duré plus d’une quarantaine d’années et qu’on tente aujourd’hui de ressusciter avec d’autres méthodes, et l’apparition dans notre pays ces dernières années, d’un islam politique violent, minoritaire par rapport à un islam confrérique majoritaire, s’appuyant sur notre culture locale, pacifiste et tolérante. Mais aussi et surtout, il y a un phénomène nouveau qui aiguise les appétits de lobbyistes du gaz et du pétrole et qui s’appuie sur nos contradictions internes précitées pour renverser l’ordre actuel. A partir de ce moment, la finalité du discours politique des néo-politiciens voulant utiliser le plus court chemin pour arriver au pouvoir en faisant un pacte avec le diable, est simplement de s’appuyer sur les frustrations nées de la rébellion en Casamance et du tribalisme, de l’islam politique violent minoritaire et des lobbyistes internationaux pour le contrôle de nos ressources naturelles. Car ces marchands d’illusions n’ignorent pas qu’ils attendront très longtemps pour parvenir au pouvoir par une manière non violente et démocratique.
La finalité d’un discours politique dans un Etat démocratique où la dévolution du pouvoir se fait par les urnes et non par la violence, n’est plus aujourd’hui chez certaines formations politiques de type nouveau comme le parti Pastef, d’affirmer comment gérer la cité pour atteindre des objectifs de progrès économiques et sociaux pour améliorer les conditions de vie et d’existence des populations, elle est plutôt de tromper les masses et particulièrement la jeunesse, en jouant sur son désarroi par un discours violent populiste sur la négation des institutions, pour créer des situations insurrectionnelles et semer le chaos, comme nous l’avons vu au niveau de certains pays qui nous entourent. Cette jeunesse désœuvrée est la cible de propagandistes populistes pour entretenir des révoltes, précisément parce qu’elle n’est pas équipée pour résister, pour endurer.
Les émeutes des 1er et 2 juin au Sénégal et même en 2021, avec leur cortège de morts, ne sont pas des manifestations politiques, loin de là. Elles sont manifestement des situations insurrectionnelles planifiées pour déstabiliser le Sénégal, dans l’ultime but de permettre le contrôle sur nos ressources naturelles par des forces obscures, les contradictions internes, politiques, tribalistes, communautaristes ou religieuses servant de ressorts.
Les feuilletons judiciaires de certains politiciens, par rapport à des agendas, ne sont que des prétextes pour les lobbyistes du pétrole et du gaz d’arriver à leurs fins de déstabilisation et de pouvoir ainsi faire main basse sur l’exploitation du pétrole et du gaz dans notre pays. Tous les Sénégalais devraient refuser la déstabilisation de notre pays par la remise en question des fondements de notre commun vouloir de vie commune et la désacralisation de nos institutions et des valeurs républicaines.
Si bien que le principal défi qui se pose à notre pays de nos jours et à moyen terme, auquel nous devrons répondre immédiatement, est le défi de la stabilité, en anéantissant les assauts des forces obscures et tous leurs suppôts internes, afin de permettre à nos populations de bénéficier de façon optimale et dans la concorde nationale de l’exploitation des ressources gazières et pétrolières qui leur appartiennent.
Kadialy GASSAMA
Economiste – Membre du SEN du PS