C’est avec «amertume» que le Collectif des travailleurs bénévoles dans les seize brigades de l’hydraulique du Sénégal dit porter à l’attention du ministre de l’Eau et de l’assainissement, sa notification de préavis de grève. Elle est prévue en principe du 16 au 18 août 2023.Par Cheikh CAMARA – 

Une grève générale de 72 heures qui sera observée du 16 au 18 août 2023 et dont les motifs portent sur deux points. A savoir, souligne le Secrétaire général du Collectif des travailleurs bénévoles dans les 16 brigades de l’hydraulique du Sénégal, Babacar Ly, «l’absence de volonté de la tutelle de régler notre demande de recrutement». «Depuis 4 ans, notre ministre de tutelle n’a pris aucun acte concret pour régler définitivement ce problème. Ce que nous demandons est simple : sortir de la précarité par notre recrutement dans la Fonction publique ou par l’octroi aux membres du collectif de Contrats de travail à durée indéterminée (Cdi) au sein de son département ministériel.» Aussi, il y a «le non-respect des instructions du président de la République lors du Conseil des ministres du 22 février 2022 pour un règlement définitif de notre demande», précise M. Ly.
«Depuis 4 ans, nous courons derrière Serigne Mbaye Thiam pour notre recrutement, mais il semble refuser de régler notre situation», dénoncent Babacar Ly et ses camarades. Et de prévenir : «M. le ministre, veuillez noter que les conséquences de notre grève seront dures pour les populations dans les zones rurales en général et celles urbaines en particulier. L’importance de l’eau n’est plus à démontrer dans la vie, mais malheureusement, nous allons devoir en priver des milliers de personnes pendant trois (3) jours et vous pouvez mesurer, par vous-même, les conséquences désastreuses, surtout au niveau de la ville sainte de Touba, qui est un enjeu de taille pour tout le gouvernement et le chef de l’Etat.»
Ils menacent, cette fois-ci, de «bloquer plus de 2000 forages du monde rural». Aussi de remarquer : «Nous maîtrisons très bien le secteur, pour y avoir travaillé pendant 15 à 20 ans. C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal que les travailleurs de l’hydraulique déposent un préavis de grève et décident de bloquer tous les forages. Tous les chefs des services régionaux pourront confirmer que 80% des dépannages sur les forages sont assurés par les travailleurs bénévoles. Nous méritons donc du respect de la part de la tutelle et d’être embauchés dans la Fonction publique ou, à défaut, d’avoir des Cdi au sein du ministère de l’Eau et de l’assainissement.»
Compte tenu des efforts consentis par l’Etat pour recruter des milliers d’agents dans la Fonction publique, les travailleurs de l’hydraulique disent avoir la conviction qu’en recruter 112 autres «n’est pas et ne peut pas être un problème pour un Etat ambitieux et conscient de l’enjeu de l’eau dans le monde rural», qu’«après 15 à 20 ans de bénévolat, nous méritons que notre statut soit changé». Ils invitent le ministre à la table des négociations avant que «l’irréparable ne se produise». Ils pensent «pouvoir éviter cette grève si la tutelle fait preuve d’ouverture et de dépassement en nous prouvant sa bonne volonté de régler définitivement ce problème par la prise immédiate d’engagements forts».
Correspondant