Grève des bus «Tata» : Galère en banlieue

Avec la grève des travailleurs d’Aftu, les banlieusards ont souffert hier. Ils ont été aussi contraints de supporter le renchérissement du prix du transport et le sectionnement des trajets imposés par des transporteurs véreux. Par Abdou Latif MANSARAY –
Le matin, c’étaient des regroupements au niveau des différents arrêts, des dépôts des bus. A la fin de l’après-midi, ce sont des colonnes de personnes, trempées, qui marchaient le long des grands axes de la banlieue. Hier, le Collectif des travailleurs de l’Association de financement des professionnels du transport urbain (Aftu) a entamé trois jours de grève pour réclamer de meilleures conditions de travail, notamment l’établissement de contrats de travail, l’augmentation des salaires, une prise en charge. En mettant le pied sur le frein, ils ont plongé les usagers des «Tata» dans la galère.
En banlieue dakaroise, tous les bus étaient stationnés aux différents arrêts. Même certains qui ne sont pas d’accord avec cette grève ont été obligés de garer leurs véhicules pour éviter les représailles. Regroupés sous une tente au niveau d’un arrêt bus Tata, chauffeurs, apprentis et receveurs se tournent les pouces. «Nous sommes fatigués. Nos employeurs nous exploitent, nous n’avons pas de contrat en bonne et due forme. Tout ce qui les intéresse est que le versement journalier soit complet. Il y a des receveurs qui touchent moins de 30 mille francs Cfa par mois, des chauffeurs qui ont moins de 100 mille francs Cfa. Si tu es malade, si tes parents ne te prennent en charge, tu es mort», balance un chauffeur.
Un autre enchaîne : «Et pourtant les tickets ont connu une hausse qui malheureusement n’a pas impacté nos salaires.» Sous la tente, les plaintes et les complaintes se multiplient. «Nous sommes confrontés à des chantages de la part de nos patrons, l’abus gagne du terrain», selon nos interlocuteurs retrouvaient dans les garages. «Il y a trop d’abus dans le secteur», explique une «receveuse». Au Garage Hamo 6, des femmes, des hommes et jeunes se bousculent devant les taxis-clandos. On joue des coudes, car le ciel est menaçant. «Nous sommes habitués à ça, seulement nous prions pour que le Brt qui est en chantier soit rapidement opérationnel. Car les travailleurs et transporteurs nous rendent la vie difficile. Cette grève ne nous concerne pas. Les différentes parties auraient dû trouver une solution au lieu de nous mettre dans des situations aussi difficiles. Aujourd’hui ce sont les travailleurs, demain ça sera le tour des transporteurs», rouspète une dame, qui se souvient de la dernière grève des transporteurs. Comme dit l’adage, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les cars rapides, les taxis, les «clandos» ont pris le pouvoir. Si certains ont renchéri le prix, d’autres comme toujours ont décidé de sectionner le trajet pour gagner plus d’argent. Et les Jakartamen, qui font partie du décor dakarois, ont décidé de profiter à fond du déficit de véhicules.
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