Par Dieynaba KANE – 

La coalition des Organi­sations de la Société civile (Osc) défendant les droits démocratiques et la bonne gouvernance en Afrique, et en particulier dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, «rejette les tentatives des décideurs» d’avoir recours à une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Dans un communiqué conjoint, le Centre de ressources pour les droits de l’Homme et l’éducation civique (Chriced), le Centre de plaidoyer législatif de la Société civile (Cislac), le Programme de développement humain et environnemental (Heda), le Centre pour la démocratie et le développement (Cdd), le Centre africain d’appui au leadership aux droits hu­mains et à l’innovation sociale (Caldhis) et le Réseau des organisations nigériennes pour la défense de la démocratie et des droits hu­mains (Roniddedh) font part de leurs inquiétudes concernant une intervention militaire de la Cedeao au Niger. Cette coalition d’Organisations de la Société civile (Osc) est convaincue qu’elle ne fera que multiplier «la misère et la souffrance des populations de la sous-région». Par conséquent, prévient-elle, «la menace de guerre et la mobilisation effective de toutes les options militaires dans le contexte de la crise politique ne sont pas dans l’intérêt des populations du Niger, du Nigeria et du reste de la Cedeao».
A la place de la guerre, la coalition «appelle à l’introspection, ainsi qu’à un dialogue calme et constructif pour aborder les questions sous-jacentes à la crise à laquelle sont confrontées les démocraties dans la sous-région». Une crise qui, selon les signataires du document, «s’est manifestée sous la forme d’une pandémie de coups d’Etat qui balaie la sous-région de l’Afrique de l’Ouest». Pour eux, «il est urgent que les acteurs politiques et les acteurs-clés des Etats d’Afrique de l’Ouest réfléchissent à la manière dont la sous-région est arrivée à cet état désolant de graves revers démocratiques». Dans cette logique, ils estiment que la Cedeao «ne peut plus fonctionner comme un club de chefs d’Etat dont la seule préoccupation est la protection du régime des différents dirigeants ouest-africains et l’appropriation des avantages de leur fonction, tandis que les citoyens ordinaires des pays de la sous-région se vautrent dans l’extrême pauvreté, la misère et le dénuement». D’après la coalition des Ocs, «il est instructif de noter que la Cedeao, qui a maintenant adopté l’approche des pompiers pour lutter contre la pandémie de coups d’Etat dans la sous-région, ait trouvé commode de rester silencieuse lorsque certains des dirigeants en son sein ont décidé d’adopter des méthodes antidémocratiques pour rester au pouvoir». Les auteurs du document soulignent qu’il y a eu dans cette partie du continent, «des cas où des dirigeants, ayant épuisé les limites de leur mandat constitutionnel, déploient les institutions de l’Etat pour faire appliquer des changements constitutionnels afin de leur accorder un ou plusieurs mandats supplémentaires».
Faisant ainsi le procès de l’organisation sous-régionale, la coalition des Osc indique : «Pour que les causes sous-jacentes des coups d’Etat soient traitées et que la démocratie soit restaurée, la Cedeao doit s’efforcer d’être démocratique dans son esprit et dans son caractère.»
En outre, la coalition est persuadée que «le manque de respect pour les principes démocratiques, la pauvreté extrême au milieu de l’abondance, le chômage massif et le manque d’inclusion sont quelques-uns des facteurs qui alimentent le banditisme, l’insurrection, le terrorisme et, plus récemment, la pandémie de coups d’Etat dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest».

Un plan de transition demandé à la junte
Par ailleurs, la coalition des Ocs, qui dit être consciente de ces réalités, «appelle la junte nigérienne à présenter immédiatement un plan de transition vers un gouvernement démocratique et constitutionnel». Les organisations signataires espèrent «que toutes les parties à cette crise malheureuse ont tiré les leçons amères des événements au Niger». De ce fait, elle pense «qu’un retour à la démocratie, par le biais d’élections libres, équitables et crédibles, contribuera à restaurer la confiance et à répondre aux préoccupations de la population et de la Com­munauté internationale».
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