Marie Désirée Diène vient de faire paraître aux Editions Harmattan, son premier ouvrage. Intitulé « Révoltes intérieures et désirs dévoilés», ce livre est un recueil de poèmes dans lequel l’auteure, handicapée motrice, évoque avec la douceur qui la caractérise, le parcours d’une femme battante. Ce recueil est également une leçon de vie qui invite à une introspection.Par Ousmane SOW 

– Assise dans un fauteuil roulant, Marie Désirée Diène, une jeune femme de 48 ans, ressemble avec son sourire d’ange, à une jeune fille de moins de 20 ans. Marie Désirée Diène, un bébé qui n’a jamais parlé et marché, mais qui a tout accepté, sans aucun murmure, sans aucune plainte… Avec beaucoup d’abnégation et des efforts soutenus, elle a terminé ses études secondaires et supérieures. Avant, elle pouvait se servir de sa main droite pour écrire, mais aujourd’hui, ses mains se sont recroquevillées et elle écrit avec son portable. Elle aurait pu simplement baisser les bras et accepter un destin de mendiante auquel la société la destine. Mais non ! Son handicap n’a jamais été un frein à son épanouissement personnel. Bien au contraire ! La jeune dame de 48 ans est aujourd’hui titulaire du certificat d’études primaires et élémentaires, du brevet de fin d’études moyennes et d’un Baccalauréat A3. Elle a également suivi des cours d’anglais à l’Institut sénégalo-britannique de Dakar jusqu’en sixième année, avant de compléter son cursus par des cours de traduction commerciale français-anglais. Et bien sûr, avec les nouvelles dispositions officielles du gouvernement concernant les personnes vivant avec un handicap, l’espoir est grand de lui trouver un emploi. «C’est ce parcours de femme battante qu’elle évoque avec la douceur qui la caractérise, dans ce recueil de poèmes inspirants», explique sa maman, Jocelyne Quenum Diène, lors de la cérémonie de dédicace du tout nouveau recueil de poèmes de sa fille aînée, Marie Désirée Diène, à la Place du souvenir africain. Marie Désirée, se souvient sa maman, était un beau bébé, jusqu’au jour où un médecin a décidé qu’il fallait la vacciner contre les maladies infantiles. «Elle avait huit mois quand tout a basculé. Fièvre, convulsions et diarrhées ont mené Marie Désirée à ne plus pouvoir se tenir sur ses jambes. Alors commença la ronde des médecins et spécialistes de Dakar, en vain. Son état physique continuait de se dégrader, comme pris dans un tourbillon qui lui a lié la langue et les membres», raconte Jocelyne Quenum Diène, également assise, bien à l’aise, sur sa chaise roulante.

La jeune dame de 48 ans a connu un parcours pas très facile, mais elle a été couvée par la tendresse de sa maman et l’affection de toute une famille, ainsi que des amis de classe qui, d’ailleurs, s’étaient déplacés pour venir assister à la cérémonie de présentation de l’ouvrage. Pour la maman de Marie Désirée, l’être humain, ce n’est pas le physique, c’est le cœur et l’esprit. Marie Désirée sait lire et écrire. Dès lors, sa plume devient son arme et ses écrits reflètent son combat de tous les jours. «Pour la poésie, c’était juste pour se libérer», dira Jocelyne Quenum Diène, ajoutant que Marie Désirée fait de chaque jour de sa vie un combat contre la routine, le découragement et le désespoir. Dans un poème intitulé Handicap, Marie Désirée invite les personnes vivant avec un handicap à ne pas se décourager. Surtout pas ! «Enfant atteint d’un handicap, ne te décourage surtout pas. Ne sois surtout pas enfermé, n’aie jamais peur d’affronter la vie. Partage toujours tes peines, tes joies. Intègre-toi dans la société. Ne te sens pas comme un poids en son sein, conditionné, ne l’accepte jamais. Accepte ton handicap, dis-toi que c’est un don de Dieu. Alors, enfant démuni, soit physiquement, soit mentalement. Prends goût à la vie», a écrit Marie Désirée, qui a démarré son recueil de poèmes sur une interrogation : Pourquoi l’injustice ? Mais aussi avec des thèmes comme force, volonté, amitié, détermination, espérance, famille, colère, foi en Dieu…

Une leçon de vie qui invite à une introspection
A travers la communication de cet ouvrage, elle donne une leçon de vie qui invite à une introspection. «Ce livre de Marie Désirée Diène est une invitation de voyage pour vaincre notre propre mythe, notre perception de l’étrange. Oui, Marie Désirée, tu nous invites à nous voir tels que nous sommes et à faire face à nos dénégations intérieures, à nous efforcer. Tu nous invites à faire face à notre handicap ô combien plus dramatique. Tu nous invites et tu nous pousses à retirer ce voile que nous nous efforçons de jeter sur nos propres peurs et de te voir telle que tu es, parce que tu es une lumière», témoigne Alfred Quenum, qui a parlé au nom de la famille. Marie Désirée Diène, une âme sœur qu’on célèbre à travers son livre, a indiqué le journaliste et ministre-conseiller, El Hadji Hamidou Kassé, soulignant que la poésie réconcilie les arts et a quelque chose d’universel. «On ne peut écrire de la poésie si on n’est pas généreux. La poésie est une blessure au cœur de la vie. C’est pourquoi je voudrais saluer le geste de Marie Désirée Diène, pour lui dire que nous avons en commun cette blessure qui est le propre de chacun de nous», s’est-il félicité. De son avis, les poètes sont les seuls sur la terre ici-bas, capables de produire des écrits que tout le monde partage parce que, dit-il, les poètes ont quelque chose dans l’âme qui aspire fondamentalement à faire prendre conscience. «N’importe qui peut être romancier, nouvelliste, mais n’importe qui ne peut pas être poète. Parce qu’il faut savoir mobiliser son âme pour qu’elle soit la copie de toute autre âme», fait-il savoir.

De grands yeux intelligents, un sourire à toute épreuve, Marie Désirée, décomplexée, a pris très tôt conscience de son handicap. Née le 11 septembre 1975 à Dakar, elle a fréquenté le jardin d’enfants à la Petite école protestante de la rue Carnot à Dakar, avant de suivre le cours élémentaire à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc.