Le document publié ci-dessous est la préface de l’ouvrage que publie très bientôt Son Excellence l’ambassadeur de la République du Cameroun au Sénégal. Doyen du corps diplomatique au Sénégal, M. Jean Koé Ntonga réside dans notre pays depuis plus de 15 ans. Il est également accrédité au Mali, en Mauritanie, en Guinée-Bissau, en Gambie et au Cap-Vert. On se doute que toutes ces représentations lui offrent une certaine vision de la diplomatie de son pays, et des relations que ce dernier tient à entretenir avec les pays dans lesquels il sert. Tout cela a permis de produire des centaines de discours, adresses, allocutions dont le chef de la mission diplomatique a bien voulu donner une certaine primeur aux lecteurs du journal Le Quotidien. Nous sommes convaincus que ces derniers apprécieront à sa juste valeur, la profondeur de ces «Notes diplomatiques» de l’ambassadeur Jean Koé Ntonga.

Après mûres réflexions, j’ai décidé de publier quelques-uns des discours prononcés et des interventions et communications faites au Cameroun ou en qualité d’ambassadeur dans les pays où j’ai représenté le chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Paul Biya, et le gouvernement, de décembre 1996 à ce jour, soit près de 24 ans (1).

Ces «sorties» de l’ambassadeur sont indispensables. Elles font partie intégrante des activités du chef de mission. Elles procèdent du rôle d’information et de communication qu’il doit jouer à tous les niveaux.

Commis de l’Etat appartenant au corps des fonctionnaires de la diplomatie relevant du ministère des Relations extérieures, ministère de souveraineté, l’ambassadeur applique les instructions du gouvernement. Il a cependant la faculté de discriminer, de juger, de décider en connaissance de cause et de rendre compte à ce gouvernement.

En effet, de par ses missions politique et diplomatique, économique, socio-culturelle et consulaire, l’ambassadeur informe le gouvernement de la situation politique, économique et socio-culturelle du Sénégal, ainsi que de la vie et des problèmes consulaires des communautés camerounaises vivant dans ce pays et dans les autres pays d’accréditation ou de juridiction.

En retour, l’ambassadeur informe le gouvernement du Sénégal et ceux des autres pays, ainsi que les missions diplomatiques, les organisations internationales et les communautés camerounaises, de la situation politique, économique et socio-culturelle qui prévaut au Cameroun.

Pays d’accréditation : Gabon, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Mali et Mauritanie
Pays de Juridiction : Gambie, Guinée-Bissau et Cabo Verde.
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L’ambassadeur doit traiter et gérer le personnel de l’ambassade et les membres de la communauté camerounaise, en bon père de famille. Il doit promouvoir la politique d’humanisme, de solidarité et du vivre-ensemble au sein de cette communauté. Il organise des réceptions à l’occasion des fêtes de fin d’année ou des départs à la retraite pour le personnel de l’ambassade, sans oublier l’aide aux compatriotes en détresse ou les visites à ceux qui sont malades dans les hôpitaux ou en prison.

Par ses discours, l’ambassadeur, homme de contacts et de dialogue, est aussi un communicateur. Il présente et explique à ses interlocuteurs la politique du gouvernement, ainsi que l’action et la gestion administrative et consulaire de l’ambassade. Il joue la transparence avec ses compatriotes, qu’il reçoit en audience pour régler les problèmes personnels et ceux de la communauté camerounaise.

En ouvrant les portes de l’ambassade à tous ses compatriotes, sans distinction, l’ambassadeur instaure ainsi un nouvel état d’esprit et une nouvelle gouvernance de la mission diplomatique et consulaire.

L’ambassadeur organise la communauté camerounaise, en explique et justifie la nécessité et le bien-fondé. Il suscite la création des associations camerounaises (étudiants, sportifs, femmes, opérateurs économiques, etc.) en inculquant à nouveau l’esprit de patriotisme, de solidarité et du vivre-ensemble au sein de ces associations.

L’ambassadeur a la mission d’inviter ses compatriotes à se considérer, non comme une colonie, mais une communauté qui s’intègre et vit, non en vase clos, mais en osmose et en harmonie avec les nationaux des pays-hôtes avec qui ils peuvent contracter des mariages et avoir des enfants. Ils doivent contribuer et participer au développement économique et socio-culturel des pays de résidence. Enfin, ils doivent vivre en paix et s’abstenir de commettre des actes anti-économiques et anti-sociaux dans ces pays amis.
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Par son comportement personnel, ses discours, interventions, communications, circulaires et notes de service, l’ambassadeur doit prôner, faire respecter et faire appliquer par tous ses collaborateurs, l’éthique administrative et la déontologie diplomatique dont l’objectif est l’atteinte d’une conscience professionnelle à toute épreuve grâce aux valeurs de vie et aux qualités humaines que sont l’assiduité et la ponctualité au travail, la disponibilité et la serviabilité, la probité morale, l’abnégation et le désintéressement et, enfin, l’efficacité dans l’action, le rendement optimum et le service bien fait.

Les discours de l’ambassadeur à l’occasion de la Fête nationale, de la Fête de la jeunesse ou des autres manifestations publiques auxquelles il prend part, sont suivis avec une particulière attention par l’assistance nombreuse d’officiels, de diplomates, de compatriotes et d’autres invités.

L’ambassadeur a la mission de promouvoir et de renforcer l’esprit de patriotisme et l’amour de la Patrie. Ses discours et interventions sont des invitations permanentes au respect et à la défense des institutions de la République dont le chef de l’Etat est l’incarnation et le garant de la paix et de la sécurité, de l’intégrité territoriale, de l’indivisibilité et de la souveraineté de la Nation.

Il a le devoir de lutter contre le tribalisme et l’esprit d’exclusion et de division entre ses compatriotes. Il doit les inciter à séjourner périodiquement au Cameroun. Il doit promouvoir l’organisation d’une diaspora dynamique devant, par des envois réguliers de fonds, aider les familles et contribuer au développement économique, culturel et social du pays.

Par ses discours et interventions, l’ambassadeur doit prôner et exalter l’esprit de civisme, de respect des autorités, des lois et règlements des pays-hôtes, et inviter les Camerounais à pratiquer la politique de non-ingérence dans les affaires intérieures de ces pays qui leur accordent une généreuse hospitalité tout en bénéficiant de la sollicitude des autorités.
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La non-participation de l’ambassadeur aux évènements douloureux (décès, veillées et levées de corps) suscite de troublantes interrogations, car il y prend nécessairement la parole pour présenter ses condoléances aux familles des défunts et prodiguer à ses compatriotes les vertus et bienfaits de l’entraide et de la solidarité concrétisées par les quêtes et contributions des uns et des autres pour aider les familles en détresse, prendre en charge les dépenses diverses et permettre le rapatriement des corps au Cameroun ou leur inhumation digne et honorable sur place.

Homme de compromis, l’ambassadeur est aussi un homme de consensus. Il doit le démontrer dans la vie de tous les jours, plus particulièrement en matière de règlement des conflits. Le consensus n’est-il pas devenu depuis la fin de la Guerre froide Est-Ouest en 1989-1990, la règle d’or du monde contemporain exaltée par les hommes épris de paix et par les Nations unies.

Par ses actes, l’ambassadeur est un auxiliaire de la Justice qui, par le dialogue et la conciliation, tend la main aux uns et aux autres pour trouver, par des voies pacifiques, des solutions de compromis, en tenant compte des intérêts des parties en conflit. La voie de la palabre, voie de la sagesse et de la raison, doit être sa prédilection conformément au dicton, «mieux vaut une mauvaise palabre qu’une bonne justice ou un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès».

Résidant dans la capitale politique et administrative du pays-hôte, l’ambassadeur se doit d’effectuer des visites à l’intérieur pour rencontrer et échanger avec les autorités régionales, départementales et communales, ainsi qu’avec ses compatriotes vivant dans ces localités. Les discours, interventions et échanges avec les uns et les autres, et l’accueil reçu à ces occasions démontrent et renforcent l’amitié et la compréhension entre ses compatriotes, les autorités et les nationaux, ainsi que la qualité des relations d’amitié et de coopération entre le Cameroun et les pays accréditaires.
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Les discours, interventions et échanges de l’ambassadeur sont marqués du sceau de l’élégance verbale et de la qualité des mots choisis, le tout destiné à éviter tout dérapage et tout incident diplomatique avec ses interlocuteurs, car si la plume est serve et la parole libre, l’ambassadeur se doit de bien manier sa langue, qui est celle de la courtoisie et de la diplomatie. En application des instructions du gouvernement et à travers ses discours, interventions et actes, l’ambassadeur traduit dans les faits la politique d’amitié, d’entente et de coopération qu’entretient le Cameroun avec les autres membres de la Communauté internationale, en vue de relever les défis politiques et sécuritaires, économiques et socio-culturels auxquels ils sont confrontés. La lutte contre les mouvements terroristes, les sectes islamiques et toutes les formes d’intégrisme religieux, d’une part, la promotion de la paix, de l’unité et du développement de nos Etats et du progrès de nos peuples, d’autre part et, enfin, le raffermissement des liens d’amitié et de coopération, de solidarité et d’entente en Afrique et dans le monde, constituent les objectifs ultimes assignés à notre mission diplomatique.
Etc, etc.
Jean KOE NTONGA
Ministre Plénipotentiaire Hors Echelle
Ambassadeur du Cameroun, Doyen du
Corps Diplomatique accrédité au Sénégal