Littérature – 18 ans de la maison d’édition Oxyzone : A l’âge de la majorité

Oxyzone a dix-huit ans. Dix-huit ans, comme pour dire qu’elle mérite le qualificatif de «majeure». Majorité, comme pour dire qu’il y a un impératif de grandir, de s’agrandir. Et Oxyzone entend s’oxygéner en s’élargissant par l’audiovisuel.Par Moussa Seck –
«Ce jour est un moment de souvenir. Ce jour est un moment de joie.» Ce jour, du samedi 7 octobre 2023. Ce jour, au cours duquel on remercie «la Grande Royale de la littérature». Ce jour, ce samedi, Sokhna Benga, les éditions Oxyzone. Il y a de cela dix-huit ans, ces dernières naissaient : «Souvenir» et «Joie». «Les éditions Oxyzone sont nées de la rencontre de Sokhna Benga et de moi-même, que nos destins professionnels ont réunis et qui, comme bien souvent au Sénégal et ailleurs dans les grandes familles, se sont découvert un cousinage avec plein d’histoires familiales communes», a souligné Cheikh Mandiogou Denis Ndiaye, Directeur général de la maison d’édition. Ainsi en est-il des liens humains entre les deux fondateurs. Leur autre lien, qui n’est pas moindre dans la mise en place de la structure : «Une ambition commune pour la culture et la littérature en particulier.» Le but étant d’accompagner «l’éclosion et le développement de nouveaux talents».
«…créer la passerelle indispensable entre le livre et les écrans»
Oxyzone a su grandir au fil des ans. Elle, qui avait pour pari de faire dans les livres de poche, d’autres de jeunesse et les ouvrages scientifiques, techniques et pédagogiques. Oxyzone entend en outre s’agrandir, en élançant ses tentacules vers les écrans. Le numérique. «Sous peu, nous envisageons de nous lancer dans la préparation de contenus pour l’audiovisuel et le cinéma. Et, ainsi, créer la passerelle indispensable entre le livre et les écrans», annonce M. Ndiaye dans la salle Amadou Aly Dieng de Harmattan. Traverser le pont qui lie livre et écrans, «c’est dans l’ordre des choses», soutient celui qui dit s’être lancé dans le monde de l’édition sous l’insistance de Sokhna Benga rappelons, «par patriotisme et par idéologie». De belles histoires existent, et portées par de beaux ouvrages. Qu’il faut sortir de l’ombre ! Ainsi entend-on innover à Oxyzone et «donner plus de portée, faire mieux connaître l’œuvre», en l’étendant au public des écrans «plus général, plus universel».
Mieux, mieux, mieux…
Innover mais, au fond, avoir l’intelligence d’un monde qui bouge. Surtout d’ailleurs, si l’on sait qu’avant les chamboulements occasionnés par le numérique, le livre ne nourrit pas forcément ses hommes et femmes. Au Sénégal, en tous cas. «L’écriture est difficile et l’édition, aussi», fait remarquer Amina Seck, à l’origine d’un des ouvrages présentés, Sœurs d’encre. Le numérique alors, comme «continuation de l’œuvre», mais, comme moyen d’explorer d’autres perspectives. «Il ne faut pas négliger que nous avons une forte tradition orale. Donc, le livre a une place assez difficile à trouver auprès de notre société ou de nos sociétés. Et l’audiovisuel, comme la narration, offre des perspectives et de l’intérêt pour les œuvres écrites. C’est une dimension nouvelle, c’est ramener l’œuvre au cœur du public, c’est effectivement un moyen important de communiquer l’œuvre, de la partager, de susciter l’intérêt pour l’œuvre initiale qui était écrite.» Sketchs et films se consomment aujourd’hui sur le téléphone : ce constat du directeur d’Oxyzone dit tout. L’oxygène et le souffle nouveau semblent venir des leds, algorithmes, scénarios… entre autres.
Oxyzone va donc s’hybrider. S’hybrider, en gardant l’Adn d’«une aventure unique qui a commencé en 2006». C’est Sokhna Benga qui revenait ainsi sur l’historique de la fabrique de livres et d’histoires et d’amitiés et de trajectoires. «Au départ, nous étions quarante-six, aujourd’hui, nous sommes des milliers à travers le Sénégal», dit-elle. Fierté : «C’est ça l’aventure Oxyzone. Oxyzone, ce sont des espaces de liberté à travers l’atelier, l’agora, l’itinérance, pour mieux dire, mieux lire, mieux écrire, mieux comprendre, mieux vivre, mieux être…» Oui, et parce que, «oui, la liberté commence par l’ouverture de l’esprit et se perpétue dans son élévation». Et se sont élevés des applaudissements çà et là, le long de la cérémonie. Soit pour dire des prières à l’endroit de Pierre Sagna dont l’ouvrage, Le Sine, ses grands hommes et les grands moments de son histoire, a été présenté. Sokhna Benga a confié lui devoir ça. Soit pour apprécier les déclamations poétiques. Soit pour rire. Soit pour encourager l’aventure jeune de dix-huit ans des quarante-six de deux-mille-six devenus des milliers en deux mille vingt-trois.