Recherche de 4000 ha de terres : Baïdy Agne plaide pour la Css

La compagnie sucrière sénégalaise a besoin de 4 mille ha de terres pour garantir l’autosuffisance en sucre du pays. Les terres sont disponibles, mais inaccessibles. Or, la compagnie de Jean-Claude Mimran a déjà investi 60 milliards dans le projet. Vendredi dernier, elle a reçu le soutien du président du Cnp, Baïdy Agne, qui a promis de porter le plaidoyer partout où il faudra, pour que ce problème soit réglé au plus vite.Par Mohamed GUEYE –
L’ambition est de permettre au Sénégal d’atteindre l’autosuffisance en sucre. Poursuivie depuis longtemps, sera-t-elle atteinte un jour ? Si plusieurs facteurs rentrent en compte pour obtenir une réponse nette à cette interrogation, la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) elle, de son côté, fait tout ce qui est en son pouvoir pour permettre au rêve de devenir réalité. La société dirigée par Jean-Claude Mimran est en train d’investir environ 60 milliards de francs Cfa dans la mise à niveau de leur usine de Richard-Toll, afin d’être en mesure de porter la production de sucre à 200 000 tonnes d’ici 5 ans.
Ce projet, nommé KT200, est arrivé juste après la réalisation du KT150, qui a permis de porter la production à 150 mille tonnes. Il veut s’aligner sur le niveau de croissance de la population. Néanmoins, comme il y a quelques années, la Compagnie sucrière se trouve toujours confrontée à la disponibilité des terres. Baïdy Agne, le président du Conseil national du patronat (Cnp), à qui ce projet a été présenté à Richard-Toll, n’a pas manqué de déclarer : «Cette entreprise est la seule au Sénégal qui emploie 8000 personnes, en très grande majorité des Sénégalais. Elle utilise des techniques de production parmi les plus performantes, et qui mettent en œuvre l’efficacité énergétique. Si nous convenons tous que pour se développer, un pays a besoin de développer son industrialisation, on ne peut comprendre que la Css ait de la peine à développer sa production du fait de manque de terres.»
Le président du Cnp trouve d’autant plus anormal que les terres dont pourrait disposer la Css sont disponibles, et inexploitées à ce jour. En effet, le projet KT 200 a besoin de 4000 ha de terres. La Direction de la Css dit avoir sollicité de toutes les autorités, l’acquisition de ce foncier disponible dans la commune de Mbane, où 8 mille hectares de terres ont été accordés par bail à un particulier qui, depuis des décennies, les mobilise sans les exploiter. «Ces terres sont arides et ne peuvent servir à l’agriculture. Y amener de l’eau demanderait un investissement d’environ 17 milliards de francs Cfa. En dehors d’une entreprise aussi importante que la Css, personne ne peut se lancer dans une telle gageure. Il est donc important que la Css puisse obtenir ces terres», a réitéré Baïdy Agne.
Le président de la plus importante association patronale du pays a souligné que ce problème de la terre est similaire à celui qui a été martelé le jeudi dernier à Saint-Louis, lors des Rencontres décentralisées Cnp-entreprises, organisées sous l’égide de sa centrale, et qui ont vu la participation de toutes les forces productives des régions du Nord du pays. «Même des jeunes entrepreneurs sont freinés par des problèmes liés au foncier. Avec l’approche de l’élection présidentielle, nous allons demander aux différents candidats de s’engager à régler ce problème une fois pour toutes. S’ils croient au développement de ce pays, il faut qu’ils nous donnent des garanties qu’ils vont s’engager à régler ces problèmes et faciliter l’implantation des entreprises industrielles et agro-industrielles dans ce pays.»
Baïdy Agne était accompagné, à Richard-Toll, par deux de ses cice-présidents du Cnp, à savoir Antoine Ngom, président d’Optic, la branche des services de télécoms du Cnp, ainsi que Malick Guèye, président du Conseil d’administration de l’institut 3Fpt. Ils ont pu se rendre compte du rôle social et économique important que joue la Css dans la région. Quasiment chaque famille, entre Richard-Toll et Dagana, compte un membre qui travaille pour ou avec la Css. Le rôle socio-économique est si visible quand on se rend compte que Richard-Toll est la seule ville de l’intérieur du pays, qui ne soit pas capitale de département, et où l’on trouve les succursales d’une dizaine de banques environ. «Cela montre à quel point l’économie de la ville est florissante. Et cela, d’abord, grâce à la Css», souligne un observateur.
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