A la limite ça devient un «disque rayé». Après Matar Ba et Yankhoba Diatara, c’est au tour du nouveau ministre des Sports, Lat Diop, d’annoncer, lundi face aux députés, un projet de création d’un «Office national de gestion des infrastructures sportives». Vivement que les actes suivent concernant un tel projet, pourtant très cher au président de la République.Par Hyacinthe DIANDY –

Face aux députés lundi, lors du vote de son budget qui a connu une hausse de 14 mil­liards Cfa par rapport au précédent exercice, le nouveau ministre des Sports, Lat Diop, interpellé par les élus du Peuple par rapport à la problématique de la maintenance de nos stades, a annoncé la mise en place prochaine d’un «Office national de gestion des infrastructures sportives». L’objectif étant de rentabiliser les investissements de l’Etat.
D’abord, la première re­marque est que ce n’est pas la première fois qu’une telle annonce est faite au sujet de ce projet de création d’un Office de gestion des infrastructures sportives.

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Tour à tour, les anciens ministres, Matar Ba, et tout dernièrement Yankhoba Dia­tara, avaient fait la même an­nonce. En effet, face aux députés, en décembre 2022, Dia­tara, pour ses débuts au Département des Sports, avait déclaré : «Sur instruction du chef de l’Etat, une agence sera créée, en l’occurrence l’Office de gestion et d’exploitation des infrastructures sportives. Il s’agira d’exploiter les infrastructures de dernière génération, afin de générer des recettes pouvant servir à leur entretien.» Mais depuis rien n’a bougé !

Et aujourd’hui c’est le nouveau patron du sport sénégalais qui leur emboîte le pas.

Macky pour une «rentabilité durable» de nos stades
Pourtant, le président de la République tient beaucoup à ce projet de création d’une telle structure à même de rendre autonomes les stades et d’apporter des solutions définitives aux problèmes de maintenance et d’entretien des infrastructures sportives.

En effet, en février 2022, juste après l’inauguration du nouveau joyau du foot sénégalais qui porte désormais le nom de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, le chef de l’Etat, à l’issue d’un Conseil des ministres, avait pourtant parlé de «rentabilité durable» pour nos stades, en demandant qu’on lui propose «dans les meilleurs délais, un modèle performant de gestion des infrastructures».

Dans le communiqué, on pouvait lire : «Le chef de l’Etat demande, dès lors, au ministre des Finances et du budget, tutelle de la Sogip, au ministre des Sports et au ministre chargé de l’Economie, de lui proposer, dans les meilleurs délais, un modèle performant de gestion de l’infrastructure qui assure sa maintenance adéquate et sa rentabilité durable pour l’Etat.»

On attend toujours des actes concrets.
Et pendant ce temps, le stade de Diamniadio, pour sa maintenance, engloutit chaque année plus de 800 millions Cfa, si on se fie aux propos de l’ancien directeur de la Sogip, Gallo Ba. Qui avait précisé que la qualité des installations de­mande ainsi un investissement permanent afin de pouvoir maintenir ce joyau aux normes.

Le Naming, une solution durable 
Le Quotidien, dans un de ses articles, s’est interrogé : pourquoi le Président Macky Sall, en matière de gestion de complexes de dernière génération, ne s’inspire pas de Paul Kagamé ? Le Président Rwan­dais ayant, par exemple, mis en format Naming, le Kigali Arena, un «sosie» de Dakar Arena, construit par la même entreprise turque, Sum­ma.

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Aujourd’hui, Kigali, qui justement s’est inspirée de Dakar, est en avance en matière de gestion de ses infrastructures, avec son complexe sportif qui est depuis en format Naming.

Il faut souhaiter qu’avec l’avènement de Lat Diop, les choses bougent, avec la mise en place… enfin de cet Office de gestion des infrastructures sportives tant annoncé. Mais pour le moment, c’est le désert.

Projet annoncé mais jamais exécuté : Le Fonds de développement au sport, toujours… au fond
Ce n’est pas seulement le projet de création d’un Office de gestion des infrastructures qui traîne. Par rapport au financement du sport, il y aussi l’idée de la mise en place d’un «Fonds national de développement du sport» qui tarde toujours.

D’ailleurs face aux députés, lundi, le ministre des Sports en a fait allusion. «Nous sommes également en train de travailler avec le ministère des Finances et d’autres partenaires au développement pour la création d’un Fonds national dédié aux sports», rapporte l’Aps.

Faut rappeler que c’est l’ancien ministre des Finances, Abdoulaye Daouda Diallo, qui en avait fait la promesse à son collègue des Sports d’alors, Matar Ba, à l’Assemblée nationale, en décembre 2020.

«Je voudrais vous rassurer sur la mise en place d’un Fonds de développement pour alléger certaines dépenses urgentes de votre département», avait-il promis. Trois ans après, toujours rien !

hdiandy@lequotidien.sn