Le Secrétaire général du Syndicat national des corps gras du Sénégal demande de satisfaire d’abord l’industrie locale avant d’exporter les graines. Cela pour permettre aux usines locales d’avoir assez de matières premières pour fonctionner toute l’année et éviter d’envoyer les travailleurs saisonniers au chômage. Par Khady SONKO –

Le Secrétaire général du Syndicat national des corps gras du Sénégal a démarré, hier à Ziguinchor, une tournée nationale dans le cadre de la campagne de commercialisation de l’arachide. Celle-ci est ouverte depuis le 30 novembre 2023. Il s’agit, pour Samuel Ndour, de discuter avec les travailleurs, mais aussi de sensibiliser les autorités étatiques par rapport à un approvisionnement correct de l’industrie locale en graines. Cette année, on parle d’une production-record d’1 million 700 mille tonnes d’arachide. «Nous avons des besoins qu’il faut satisfaire. Il faut collecter rapidement les arachides, mais aussi permettre aux huiliers de collecter le maximum de graines, car ce sont leurs matières premières. Les besoins des usines locales doivent être satisfaits avant d’exporter», plaide M. Ndour.

L’industrie locale a beaucoup souffert ces dernières années, à cause du manque de matières premières. «On ne peut pas cumuler deux années sans graine. Il est nécessaire de se déplacer, d’aller vers tout le monde, de sensibiliser les autorités étatiques, mais aussi parler aux partenaires sociaux pour que les usines soient bien approvisionnées cette année, afin qu’il y ait du travail, parce l’industrie locale est pourvoyeuse d’emplois», défend le syndicaliste.

Dans le décret 2010-15 du 13 janvier 2010, il est dit que la production ne doit pas être exportée tant qu’elle n’excède pas 1 million 200 mille tonnes.

«Si la production n’excède pas 1 million 200 mille tonnes, pas d’exportation, et depuis 2012, ce sont même les exportations qui commencent la campagne. C’est en porte à faux avec la loi», dénonce Samuel Ndour. Ce qui est normal, estime-t-il, «c’est de collecter d’abord les graines et quand il y une production-record au-delà de 1 million 200 mille tonnes, qu’on puisse permettre les exportations. Mais sans ce tonnage, il ne doit pas y avoir pas d’exportation».

«Malheureusement, nous l’avons vécu depuis une dizaine d’années, et nous voulons que les autorités en prennent conscience, parce que les unités locales sont en train de souffrir et de mourir. L’année dernière, la Sonacos n’a eu que 22 mille 875 tonnes sur un besoin supérieur à 200 mille tonnes, soit à peine 10% de nos besoins. On n’a même pas pu triturer ou faire travailler les usines, parce que ces 22 mille tonnes étaient éparpillées dans 7 sites de collecte. Ce qui a fait un grand défaut avec beaucoup de problèmes. Les saisonniers sont ainsi restés un an sans travailler», a développé le Sg du syndicat des corps gras.

Par ailleurs, souligne-t-il, les exportations ne rapportent rien au pays. «Les semences, les engrais, le matériel de collecte sont tous subventionnés et après production, on donne ça aux étrangers et on fait mourir l’industrie locale. Comment peut-on parler de développement dans ces conditions», s’interroge le syndicaliste.

D’où le plaidoyer pour que les graines restent au Sénégal. Cette année, dit-il, la Sonacos n’a pas de problème de budget. «Les autorités doivent demander à ce que les exportateurs attendent que l’industrie locale s’approvisionne d’abord avant qu’ils n’exportent», insiste Samuel Ndour.

Lequel reste dubitatif par rapport aux prévisions de collecte. «L’année dernière, ils avaient annoncé une production dépassant 1 million 600 mille tonnes. En fin de campagne, la collecte n’a même pas atteint 300 mille tonnes, tous collecteurs confondus, y compris les étrangers», regrette le Sg des corps gras.
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