Les 50èemes Assises de l’union de la presse francophone (Upf) ont démarré ce mardi à Diamniadio. Le Président Macky Sall, qui a présidé la cérémonie inaugurale, a insisté sur la nécessité de préserver la profession de journaliste, en proie à de profondes mutations qui ne devraient pas remettre en cause ses principes sacro-saints. Selon lui, les échanges sur le thème s’articulant autour du triptyque médias-paix-sécurité, vont permettre de lever les écueils sur la voie du journalisme en son sens le plus noble. Par Alioune Badara NDIAYE –
Que les professionnels de la presse se penchent sur les problématiques aussi bien endogènes qu’exogènes affectant leur métier. C’est l’invite qu’a lancée le Président Macky Sall aux participants des 50èmes Assises de la presse francophone ouvertes ce mardi au Cicad de Diamniadio. «Je fais confiance à votre sens de l’autocritique et de l’autorégulation pour poser le débat et nous éclairer davantage sur les problématiques à votre ordre du jour», a souligné le Président Sall dans son allocution. «Des questions se posent également quant à la pratique de votre métier par des blogueurs et autres activistes qui, pour autant, ne s’encombrent pas des normes qui encadrent la profession. En tout état de cause, nous avons tous intérêt à la préservation du journalisme au sens noble du métier, celui de la sacralité des faits et du progrès des sociétés humaines», avait souligné le chef de l’Etat avant de lancer son invite, considérant que ces sujets renseignent sur les défis majeurs auxquels fait face le monde médiatique.
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Les mutations profondes enregistrées dans les outils de travail, la façon de s’informer et d’informer, mais aussi dans le rapport de l’opinion avec l’information, ne devraient pas, selon lui, être un frein aux règles sacro-saintes régissant le métier. «Comme le veut la Charte de Munich de 1971, endossée plus tard par la Fédération internationale des journalistes, les règles d’éthique et de déontologie de la profession demeurent immuables», a-t-il expliqué. «Aujourd’hui comme hier, le respect de la vérité des faits et de la vie privée, l’obligation de rectification immédiate en cas de publication d’information inexacte, l’interdiction de calomnier, de diffamer et d’inciter à la haine restent des exigences intangibles qui accompagnent et valorisent le métier de journaliste», a enchaîné le Président Sall, assurant que liberté et responsabilité vont de pair pour l’harmonie dans la société. «Quand on s’affranchit des normes, il n’y a plus de limites ; et quand il n’y a plus de limites, c’est notre humanité commune qui est en danger. La protection de l’ordre public et de la vie privée exige que l’exercice de toute liberté soit encadré par les lois et règlements qui s’y attachent. C’est un impératif minimal de la vie en société.
Dans une société qui se veut ouverte, libre et démocratique comme nous y tenons tous, la liberté va de pair avec la responsabilité comme les deux faces d’une même médaille», a-t-il noté. «Par définition, la liberté fait corps avec le métier des médias. Elle en est le socle et le bouclier. Mais la liberté elle-même est tributaire des conditions indispensables à son exercice», a posé le Président Sall sur le sujet, tout en se félicitant de la tenue de la rencontre au pays. «Au-delà du français que nous avons en partage, si vous avez choisi de vous réunir à nouveau ici, c’est bien parce que le Sénégal est une terre de paix et de liberté, chère à la presse, parce que conditions sine qua non de l’exercice de votre métier», a-t-il insisté, avant de dresser la cartographie locale des médias du pays, riche de 33 chaînes de télévision, 55 radios d’informations générales, 200 radios communautaires, 49 quotidiens et 140 sites d’information.
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Cela dit, il a magnifié l’intérêt du thème retenu. «L’état du monde, exténué par la guerre et la violence sous toutes ses formes, met en lumière la pertinence des sujets dont vous comptez débattre en travaux d’ateliers, notamment la place et le rôle des médias en temps de guerre, les médias face à la désinformation et à la manipulation, la paix et la sécurité à l’heure des réseaux sociaux, la liberté de la presse et la responsabilité», a-t-il souligné. «Notre passé, notre présent et notre futur nous commandent de nous pencher sur le thème de ces Assises : Médias : Paix-Sécurité. Ce triptyque est d’une très grande actualité, au regard de la cartographie des périls. (…) Les médias ont un rôle fondamental à jouer dans le traitement et la diffusion d’idées dont le destin est de transformer positivement le quotidien des peuples plutôt que de jeter les ombres noires du chaos sur des modèles politiques, sociaux et économiques appelés à promouvoir le progrès dans la stabilité», a relevé en cela El Hadj Abdoulaye Thiam, président de la section sénégalaise de l’Upf.
65 journalistes tués en 2023
Soixante-cinq journalistes ont été tués en 2023 dans l’exercice de leur fonction. Le Président Macky Sall a tenu à leur rendre hommage lors de la cérémonie. «Selon les chiffres de l’Unesco, rien qu’en 2023, 65 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur fonction, dont trente-huit dans des zones de conflit. Je rends hommage à leur mémoire», a-t-il relevé pour magnifier le dévouement de ces soldats de l’information travaillant bien des fois dans des conditions risquées, notamment dans des cas de troubles internes et de conflits armés. «Je pense aussi et surtout aux conditions de sécurité et de sûreté dans lesquelles se déploient les médias», a-t-il insisté.