Pour cette 5e édition du Dakar Music Expo (Dmx), Doudou Sarr, propose un large panorama sur les nouvelles réalités de la musique à l’ère du digital et de l’Intelligence artificielle. Des concerts, masterclass et panels vont se suivre ces prochains jours. Une belle vitrine pour les nouveaux talents de la musique sénégalaise. Par Mame Woury THIOUBOU –

La 5e édition du Dakar Music Expo (Dmx) aura lieu du 1er au 4 février autour du thème : «L’artiste à l’ère du digital.» Fondateur de ce salon exclusivement réservé à l’écosystème musical, Doudou Sarr a annoncé la couleur de cette édition au cours d’une conférence de presse ce mardi. Masterclass, concerts, panels et ateliers seront au cœur de cette édition placée sous le signe de la réflexion autour du digital et de l’Intelligence artificielle. «Le digital domine le monde entier», estime le promoteur du Dmx. Doudou Sarr qualifie, en effet, d’extraordinaires les avancées liées à l’arrivée de ces outils digitaux dans la pratique musicale. «On n’est pas obligé de passer par le digital, mais on a tout intérêt à le faire», explique-t-il. «Pour passer par le digital, il faut le maitriser, le contextualiser et même trouver des solutions locales. Spotify ne s’est pas créée en un jour. Donc pourquoi des ingénieurs africains ne penseraient pas à des solutions plus conformes à nos réalités ?», s’interroge M. Sarr.

Ces dernières années, l’arrivée des plateformes de streaming et la forte digitalisation des contenus ont précipité le monde de la musique dans une révolution technologique certaine en matière de distribution et de commercialisation. «En musique, il y a la pré-production, la production, la post production et la distribution. En post-production, il y a une compétence technique comme la masteurisation des albums. Aujourd’hui, l’Intelligence artificielle permet de faire cette masteurisation, d’arriver à avoir un niveau de qualité qui corresponde au niveau international sans débourser énormément d’argent.» D’où l’intérêt pour les artistes et professionnels du secteur musical, d’assister à ces quatre jours pendant lesquels des professionnels évoluant dans l’écosystème musical vont partager leurs expériences et compétences avec les artistes locaux. Ainsi, plusieurs panels sont prévus. Le panel d’ouverture, animé par le président de l’Association des métiers de la musique (Ams), Daniel Gomes, va porter sur les avancées autour de la législation sur le statut de l’artiste. Une masterclass sur le droit d’auteur à l’ère du digital et de l’Intelligence artificielle sera aussi animée par Okio Akot­chaye de la Sacem (France). Dans les prochains jours, d’autres thèmes seront abordés, notamment la participation aux festivals internationaux ou l’écriture d’un Kit de presse électronique (Epk).

Le Dmx, c’est également des concerts et des lives. Cette année, le programme musical est fort alléchant, avec la présence de jeunes talents de la scène musicale. La chanteuse sénégalo-allemande, Naya de Nayama, sera la première à se produire ce 1er février pour la soirée d’ouverture, avec les prestations de Sahad Sarr également. Magui, Ridia’na, Kya Loum, Lobi Traoré, Amadeus, Mama Sadio, T Mix, Dakar Ska Jazz, et Ashs The Best & friends seront également très attendus sur la scène de l’Institut français de Dakar où le Dmx a posé ses quartiers.

Doudou Sarr, promoteur du Dmx : «La musique sénégalaise souffre un petit peu»

Youssou Ndour, Ismaël Lô, Baba Maal, Thione Seck, Omar Pène, Daradji. Ils ont fait les beaux jours de la musique sénégalaise. Et ils ont aussi rayonné au niveau international. Si les jeunes talents qui ont émergé ces dernières années ont de belles dispositions pour conquérir le monde, cela tarde à se faire. Selon Doudou Sarr, le promoteur du Dakar Music Expo qui s’ouvre à Dakar ce jeudi, «on tarde à recréer une génération qui rayonne à l’international». Sans vouloir dire que la musique sénégalaise est en berne, Doudou Sarr précise plutôt que chaque sous-filière suit sa propre courbe d’évolution. «Et c’est pour ça qu’on se retrouve chaque année pour discuter des axes d’amélioration au Dmx.» Selon l’ancien collaborateur de Youssou Ndour, si le paramètre d’appréciation est l’exportation à l’international, «on peut dire que la musique sénégalaise souffre un petit peu». «On n’arrive plus à exporter des talents sénégalais. Cet espace est dominé par le Nigeria et l’Afrique du Sud, mais aussi la Tanzanie et le Kenya en Afrique de l’Est. Mais si on prend les chanteurs religieux, ils se portent très bien. Donc, si on analyse par sous-filière, le résultat est différent. Il y a des choses qui marchent super bien et il y a des choses à améliorer».
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