Bougane Guèye Dany, leader du mouvement Gueum sa bopp, estime que la responsabilité du collectif des recalés n’est pas engagée dans le report de la Présidentielle. Il explique que ce dernier a demandé à «stopper» le processus électoral et tenir «à date échue» la Présidentielle. Il est notamment revenu sur le choix de la Sen Tv de ne pas diffuser les manifestations de dimanche qui ont conduit à la fermeture de Walf. Il assure que la retransmission du combat de lutte en direct «n’était pas une question d’argent».Quelle est la responsabilité du collectif des recalés, qui avait demandé au président de la République d’arrêter le processus électoral ? 

Le collectif a été très clair dans la lettre adressée à Macky Sall : il n’a jamais été question de report et d’audience. Il a été question de stopper le processus électoral et d’organiser la Présidentielle à date échue, parce que c’était bel et bien possible. Au moment où nous écrivions la lettre, c’était le 15 janvier. Entre cette date et la publication de la liste définitive, il y avait 6 jours. Il avait la latitude de le faire. C’est pourquoi d’ailleurs, Gueum sa bopp a refusé d’aller à l’audience accordée par le président de la République. On a estimé que cette audience était sans intérêt. Car il ne pouvait pas légiférer à ce moment.
Il a dit que les décisions du Conseil ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Je ne vois pas la responsabilité des recalés par rapport à cette histoire. Maintenant, il y a des recalés du Conseil constitutionnel et des recalés de Macky Sall à travers sa décision d’annulation du décret convoquant le collège électoral.

Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que la Sen Tv et les autres télés ont volontairement tourné le regard et ce choix éditorial a aidé à la fermeture de Walf ?
Je ne peux pas expliquer ce qui a été à l’origine de la non-diffusion pour les autres médias en direct des manifestations. D’abord, il faut comprendre que c’était un dimanche. Et qu’il est difficile d’organiser les rédactions. C’est à leur décharge.

Le lendemain, il y a eu des directs, des éditions spéciales au niveau de toutes les chaînes de télévision. Il faut savoir qu’on a été victimes de ça, parce qu’on a diffusé des images de manifestations et le signal de la Sen Tv a été coupé. L’idée n’est pas de se morfondre, mais plutôt de se battre pour que de pareilles décisions soient éradiquées et que le ministre de la Communication n’ait plus à prendre des décisions de ce genre parce qu’il est contre une ligne éditoriale adoptée par un groupe de presse. C’est ignoble. Il faut qu’il pense aux centaines de pères de famille qui sont en chômage technique.

Etes-vous d’accord que si tous les autres médias avaient fait la même chose que Walf, il serait beaucoup plus difficile de les fermer tous ?
Tout à fait. C’est une question d’organisation. Le gros souci, c’est que c’est arrivé un dimanche. Et des manifestions comme ça, c’est compliqué à organiser.
Si Walf a pu s’organiser un dimanche, Sen Tv aussi pouvait le faire. Toujours est-il que la chaîne faisait un direct sur un combat de lutte…

Certainement. Mais un combat de lutte, c’est un contrat. Il faut d’abord interpeller la direction de D-Média. Le directeur ou le rédacteur en chef pourront vous expliquer.

Donc, l’argent est plus important que la manifestation ? 
Ce n’est pas une question d’argent. C’est une histoire de contrat. Il faut le respecter. C’est comme ça qu’il faut le comprendre, du moins c’est comme ça que je le comprends. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Ce n’est pas comme ça. Il y a eu des manifestations couvertes par toute la presse.
Aujourd’hui, nous sommes tous solidaires. Nous dénonçons ce qui s’est passé.
Propos recueillis par Malick GAYE (mgaye@lequotidien.sn)