Présidentielle de 2024, Report de la Présidentielle, report des électionsLa politique s’est emparée de tous les secteurs, notamment de l’éducation. Les enseignants ont débrayé hier pour protester contre le report de l’élection décidé par le Président Macky Sall et entériné par l’Assemblée nationale. La cheffe de l’établissement Anne Marie Javouhey, Mme Iréne Cissé, déclare que la politique ne devrait pas affecter l’éducation.Par Amadou MBODJI –
Après le report de l’élection présidentielle prévue désormais le 15 décembre prochain, les syndicats d’enseignants ont débrayé hier pour protester contre cette décision. Est-ce une décision normale ? «Moi, je pense personnellement que la politique est différente de l’éducation. Alors, ce qui se dit dans la politique ne devrait pas à mon avis affecter l’éducation. Donc, même si nous avons des enseignants, des directeurs, des chefs d’établissement politiciens, ils ont le droit de faire la politique, je pense qu’ils doivent libérer l’éducation par rapport à cette politique», a expliqué Mme Iréne Cissé, cheffe d’établissement des cours Anne Marie Javouhey, en marge du Forum des métiers que ledit établissement tenait hier dans ses locaux. Revenant sur l’importance de ce forum, la cheffe de l’établissement dit que son organisation est dictée par la volonté de permettre aux élèves de mieux s’orienter dans leur carrière professionnelle. «Il y a des métiers connus que les élèves aiment beaucoup : finance, logistique, commerce, etc. Mais il y a des métiers qui ne sont pas très connus. On a tenu à inviter ces écoles pour qu’elles présentent leurs métiers. Nous déjà, en tant qu’enseignants, faisons tout pour que les élèves soient informés de ce qui se passe dans le pays. Il y a d’autres filières, mais les élèves ne vont que vers banque finance, assurance, commerce. Et c’est pourquoi j’ai dit qu’il y a des stands qui sont là, qui nous proposent des filières pas connues, et nous allons essayer d’inviter les élèves à visiter tous ces stands. La technologie, la mécanique, tout ce qui est série S, S3, S4, S5. Ce sont des filières qui ne sont pas assez connues par les élèves et souvent nous n’avons que des L2, des S2, des S1 rarement. Il n’y a pas beaucoup d’élèves en S1. Donc, je pense que nous devons orienter nos élèves vers les séries techniques, les séries de journaliste, en général tout ce qu’on appelle hors du commun», a fait savoir Mme Cissé.
A sa suite, René Mathieu Sanou, préfet du lycée au niveau des cours Anne Marie Javouhey, renseigne : «A ce Forum des métiers participent des écoles supérieures, des institutions de formation…, en somme une trentaine d’établissements pour permettre aux élèves des cours Anne Marie Javouhey de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs.» Il ajoute : «La difficulté chez les élèves aujourd’hui, c’est qu’ils vont jusqu’à la classe de terminale sans connaître l’orientation à donner à leur avenir professionnel.
Je suis avec les élèves de terminale, généralement si je leur demande qu’est-ce que vous voulez faire après, ils réfléchissent avant de dire : «Monsieur, nous ne saurions le dire.» Mais un élève qui est passé par la seconde, la première, jusqu’en terminale, devrait savoir ce qu’il doit faire demain. Certains élèves ayant de mauvaises notes en maths, sciences physiques, Svt comptent faire la série S», argue René Mathieu Sanou. Ce dernier cite le cas d’un élève qui lui a fait savoir qu’il veut faire pétrochimie alors qu’il est performant dans les matières scientifiques, mais il rechignait à être orienté vers d’autres séries qui collent mieux à son profil. Il est arrivé au constat que l’enseignement au Sénégal est beaucoup plus basé sur la théorie que la pratique.
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