Le président Ousmane Sonko a-t-il vraiment besoin de l’amnistie du Président Sall ?

Les événements exceptionnels ont aussi ceci de particulier : leur faculté de révéler les hommes/femmes exceptionnels. A ce moment crucial de l’histoire de notre pays et pour la vie du président Ousmane Sonko, mon seul conseil à ses proches, c’est celui de se garder de toute pression ou même insistance à son égard. Ce moment est lourd, ce contexte est crucial et ce chemin est semé d’embûches. C’est le moment où le président a besoin de la plénitude de ses facultés, de ses moyens cognitifs et par conséquent, d’un calme total, pour opérer des choix éclairés, un pari décisif et des décisions constructives.
L’atmosphère politique de notre pays est très chargée ces derniers jours. Les raisons tiennent à la succession d’événements lourds en émotion, par leur caractère surprenant, inattendu et inédit. Alors, qu’est-ce qui est plus normal qu’un tel contexte charrie autant de commentaires, de débats et des hypothèses, y compris les plus improbables ? Parmi ces hypothèses, figure celle d’un dialogue en très haut lieu, tendant à accorder une amnistie de masse qui permettrait la libération des détenus politiques. Aussitôt dit, aussitôt fait, on note depuis quelques jours, des mouvements du côté de la Maison d’arrêt de Rebeuss. Jusqu’où iront-ils, ces mouvements ? Peut-on s’attendre à ce qu’ils continuent jusqu’à concerner la partie des cadres du parti Pastef, puisque c’est de lui qu’il s’agit ? Et parmi ceux-là, quel sera le sort du président Sonko et celui du candidat officiel du parti ? Mais dans tout cela, qu’est-ce qui explique une telle précipitation (305 détenus libérés en 72 heures, si mes sources se vérifient) ?
Y’aurait-t-il une volonté de se libérer d’un fardeau si lourd, en si peu de temps qui reste à Macky Sall, avant de passer le témoin à son successeur. Seulement, attention de tomber sous la coupe de l’émotion au point d’accepter un cadeau empoisonné de ce dernier. On lui rendrait un grand service que de lui donner l’occasion de refiler aussi facilement une «patate chaude» entre les mains du parti Pastef ? Car ce dossier si explosif, fait d’arrestations tous azimuts d’innocents coffrés un si long temps pour certains, libérés sans jamais être jugés, fera couler beaucoup d’encre et de salive.
C’est encore plus complexe si le successeur de Macky Sall est issu des rangs du parti Pastef. Qui sait ? Si cela advenait, seraient-ils entièrement à l’aise dans le traitement d’un tel dossier ? Ma principale inquiétude se situe encore plus en amont de cette éventualité et concerne les seuls cas d’amnistie du président Sonko et du candidat officiel du parti Pastef. Evidemment, je suis pressé de les voir, enfin, libres. Il n’y a plus de doute que c’est pour bientôt. Là n’est pas la question. L’enjeu est ailleurs, à ce que je crois. Le problème c’est que, à mon avis, Macky Sall a tout à gagner dans un prétendu dialogue, surtout lorsque celui-ci aboutit à une amnistie pour les deux Patriotes en chef. Et le parti Pastef ? A mon humble avis, je ne vois aucun gain. Cette logique s’opposerait littéralement à ce que le président Sonko a toujours clamé haut et fort. Ne disait-il pas que le Peuple, le seul souverain, va chasser ce système et ceux qui l’incarnent hors de leur zone de confort ? C’est de la même manière, je dirais aujourd’hui, qu’il faut laisser le sort de ces deux illustres détenus à la volonté du Peuple, qui va les libérer de la plus pacifique des manières. Encore que le seul fait de les savoir dans les liens de la détention vaut plus que mille discours d’une campagne électorale. Cela, en soi, constituerait une source de motivation du Peuple, qui sera prêt à en découdre, par son suffrage, pour leur libération. A contrario, laisser distiller des rumeurs selon lesquelles des pourparlers sont en cours pour leur libération, constitue un risque inutile à prendre. Il ne profiterait qu’aux tenants du pouvoir. Un tel risque en vaut-il la chandelle ?
Issa Amadou NDIAYE
Mouvement national des Cadres patriotes (Moncap)@ : issa_ndiaye@yahoo.fr
1 Comments
Si les deux adolescentes brûlées par les envoyés du ex parti pastef étaient tes sœurs, je ne crois pas tu aurais la même attitude de raisonnement nauséabonde.