En président hier un Conseil interministériel sur les projets de mobilisation et de valorisation des eaux de surface, le Premier ministre a insisté sur une stratégie cohérente et globale pour relever les défis liés à la problématique de la gestion équitable et durable de l’eau.Par Dieynaba KANE –
Conscient du défi auquel notre pays est confronté, «à savoir assurer un approvisionnement adéquat en eau pour nos concitoyens, tout en veillant à la préservation et la gestion durable de nos ressources hydriques», le Premier ministre a présidé un Conseil interministériel hier sur les projets de mobilisation et de valorisation des eaux de surface. Dans son discours introductif, Amadou Ba a insisté sur la nécessité d’élaborer «une stratégie globale et cohérente visant à mobiliser et valoriser nos ressources en eau de surface de manière durable et équitable». Lors de cette rencontre, le Pm a relevé les effets du changement climatique qui «se font sentir de manière de plus en plus marquée, avec des pluies devenues imprévisibles et irrégulières».
En plus de ces défis, M. Ba souligne la «demande croissante en eau, tant pour les besoins domestiques que pour l’agriculture, l’industrie et la production d’énergie». Ce qui lui fait dire que «nous avons devant nous une tâche immense, mais aussi une opportunité sans précédent de transformer notre pays et d’assurer un meilleur avenir pour les générations à venir». Ainsi, pour faire face à cette situation, le chef du gouvernement indique que «la prise en charge des eaux de surface nécessite une démarche de mise en cohérence avec d’autres politiques telles que la Stratégie nationale de souveraineté alimentaire, la transition écologique et les politiques en matière d’élevage, de pêche et d’emploi». A ces préoccupations, fait savoir M. Ba, «s’ajoute la problématique de la qualité de l’eau avec notamment les cas des lacs de Guiers et de la Falémé». De ce fait, note le Pm, «nous devons naviguer avec agilité à travers les courants tumultueux de la stratégie et de la technologie, en quête de solutions novatrices et durables». Toutefois, Amadou Ba estime qu’ensemble, «nous pouvons transformer cet océan de défis en une mer d’opportunités, où chaque goutte d’eau compte et où chaque action compte double». Dans ce cadre, il a souhaité que cette «réunion soit le point de départ d’une nouvelle ère de progrès, où les eaux de surface du Sénégal sont non seulement mobilisées, mais aussi célébrées et préservées comme le joyau le plus précieux de notre patrimoine naturel». Le Pm est convaincu que ce vœu peut se réaliser «en unissant nos efforts et en mettant nos ressources en commun». Car, de cette manière, soutient-il, «nous pouvons surmonter les défis qui se dressent devant nous et construire un avenir où l’eau est une source de paix et de prospérité pour tous».
Les 15 recommandations
Au terme de ce Conseil interministériel, le Premier ministre a formulé 15 recommandations. Il a demandé au ministre de l’Eau, en relation avec le ministre, Secrétaire général du gouvernement, de prendre «les mesures pour accélérer le processus d’adoption du Code de l’eau qui vise à redynamiser le dispositif juridique et institutionnel de gestion des ressources en eau, à travers le Conseil supérieur de l’eau et le Comité technique de l’eau». De même, il sera chargé de finaliser et de veiller «à l’application de la stratégie d’amélioration de la qualité de l’eau, à la modernisation et au renforcement du dispositif d’entretien et de suivi qualitatif et quantitatif des eaux de surface, y compris la police de l’eau». Il doit aussi élaborer et mettre «en œuvre un projet d’éradication des végétaux aquatiques envahissants en privilégiant la valorisation de plantes telles que le typha». Dans la même dynamique, «le ministre de l’Eau, en relation avec le ministre de l’Economie, veillera à accélérer la mise en œuvre du Projet de sécurisation de la qualité des eaux du lac de Guiers (Praseg) financé par l’Etat du Sénégal avec l’accompagnement du Royaume des Pays-Bas». Il est également prévu que «le ministre de l’Eau, en collaboration avec le ministre de l’Environ-nement et le ministre des Mines», mette «en place un programme spécial de dépollution et de protection des eaux de la Falémé». Recommandation a été donnée au ministre de l’Intérieur, en relation avec les ministres de l’Eau, des Collectivités territoriales, de l’Environnement et de l’Urbanisme, de prendre «les mesures pour appliquer les textes visant à protéger les lacs et cours d’eau contre toute forme d’agression, notamment le décret n°73-275 du 19 mars 1973 déclarant le lac de Guiers et ses abords zone protégée en procédant à la libération des emprises occupées». En outre, «le ministre de l’Eau mettra en place un organe de concertation des usagers du lac de Guiers». Toujours dans le cadre des recommandations, «le ministre des Finances procédera, dans le cadre du Preferlo, en relation avec le ministre de l’Economie et le ministre de l’Eau, à la mobilisation des ressources nécessaires pour le paiement des impenses de la phase 1 et anticipera sur le financement de la phase 2». Il est également chargé de prendre «les mesures utiles, en relation avec le ministre de l’Eau, pour accélérer la mise en œuvre de la phase 1 du Projet intégré de sécurité de l’eau et de l’assainissement (Pisea), et anticiper sur l’agenda de la phase 2». Autres recommandations formulées lors du Conseil interministériel : «Le ministre de l’Economie prendra les dispositions pour diligenter, dans le cadre du Projet de mobilisation des eaux de surface du bassin de Baobolong, l’instruction de la requête de financement auprès de la Banque islamique de développement et du Royaume des Pays-Bas. Le ministre de l’Eau, en relation avec le ministre de l’Economie et le ministre de l’Agriculture, procédera à l’inscription du Projet de restauration des trois (3) marigots dans le compact Sénégal/Bad dans le cadre de la Stratégie nationale de souveraineté alimentaire, au même titre que les projets d’aménagement des lacs de Bakel et des vallées de Djikoye. Le ministre de Finances, en relation avec le ministre de l’Eau, veillera à mettre en place une redevance pour l’Olac conformément à la loi portant sa création. Le ministre de l’Eau soumettra, à validation, le projet de transfert interbassins à l’horizon 2035-2050.». Le chef du gouvernement a demandé au ministre de l’Eau, en relation avec le ministre des Finances, de diligenter «les études de définition d’un modèle de financement durable de la gestion des ressources en eau incluant, entre autres, le renforcement des ressources tarifaires, l’accroissement des dotations budgétaires et un ajustement favorable des taxes de prélèvement, ainsi que le mode de gestion et d’exploitation des infrastructures». Le ministre des Finances a été chargé de prendre «les mesures douanières et fiscales utiles pour l’application des régimes exonératoires prévus dans les conventions de financement pour le Projet de mobilisation de ressources en eau du bassin versant de Nanija Bolong (Promoren) et la phase 1 du Preferlo».
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