Alors que le monde célèbre la Journée internationale des femmes, le 8 mars, il est important de reconnaître et de célébrer le rôle crucial des Bajenu gox dans la promotion de la santé maternelle et infantile au Sénégal. Elles ont dépassé cette mission première : ce sont des confidentes. Des psychologues. Leur dévouement et leur engagement continuent d’être une source d’inspiration et de changement positif, façonnant ainsi un avenir plus sain et plus prometteur pour les femmes et les enfants de ce pays.

Lundi 4 mars 2024. 12h. Au Centre de santé Nabil Choucair, les couloirs sont remplis de monde. Les voix des patients et de leurs accompagnants emplissent l’atmosphère au niveau de cette structure hospitalière. Mme Khoudja Sané, Bajenu gox de ce district-Nord, fait partie de ce décor depuis des années. Elle exprime avec fierté et humilité l’engagement de ses collègues. «Les Bajenu gox sont des femmes très engagées, qui travaillent gratuitement sans rien attendre. Ce sont des femmes de terrain. On travaille bénévolement avec les postes de santé pour servir la population», témoigne-t-elle. Même si elles ne sont pas marginalisées, les Bajenu gox notent parfois une certaine réticence chez leurs cibles. «Dans certains quartiers, vous n’avez pas accès parfois aux gens. Au cours des visites de sensibilisation dans les domiciles appelées Visite à domicile (Vad), dans certaines maisons, on te refuse d’entrer disant «non, nous on a un docteur qui nous suit». Mais dans les autres quartiers, on est toujours la bienvenue parce que ces gens savent que c’est pour leurs intérêts», confie Khoudja Sané.

Il faut parfois des conciliabules et beaucoup de diplomatie pour faire tomber les frontières. Au Centre de santé Nabil Choucair, chaque jour, il y a deux Bajenu gox qui viennent pour tenir des causeries, faire des discussions prénatales avec les femmes enceintes, sensibiliser sur la vaccination des enfants de 0 à 5 ans et la pédiatrie des enfants de 0 à 14 ans. Pour Mame Awa Koné, habitante de la Cité Impôts et Domaines, qui polarisent le centre de santé, être Bajenu gox va au-delà d’un simple travail. C’est devenu une vocation, une mission au service de sa communauté. «Le projet Bajenu gox est un projet éducatif», explique-t-elle. Un projet qui, selon elle, «aide les populations parce que nous on est proches d’elles». Cette proximité est cruciale, car elle permet d’apporter un soutien à plusieurs niveaux. Comme le souligne Mame Awa Koné : «Depuis que les Bajenu gox ont commencé leur travail, je crois qu’il y a une nette amélioration de certains aspects au niveau de la population.» Mais en quoi consiste exactement ce travail ? «Bajenu gox, ce n’est pas seulement la santé. Psychologiquement aussi, on apporte quelque chose à la population», précise-t-elle.

«Les Bajenu gox sont des psychologues»
Les Bajenu gox vont au-delà des simples sensibilisations médicales. Elles sont là pour écouter, pour comprendre, pour partager les préoccupations et les joies de la communauté. Des confidentes. «On parle avec les femmes de leurs ménages, de leurs enfants, de leurs problèmes familiaux. Tout cela, on le fait avec fierté et sans état d’âme. Les Bajenu gox sont des psychologues en quelque sorte. Nous faisons le travail avec fierté et volontairement», déclare Mame Awa Koné. Cette fierté, elle la partage avec ses collègues, et surtout avec leur présidente, une figure inspirante nommée Adja Ndèye Tagui Danfakha, présidente des Bajenu gox du district-Nord Centre de santé Nabil Choucair. «Elle nous a poussées et nous a fait aimer ce métier de Bajenu gox», confie-t-elle, tout en soulignant que l’appui des autorités est également essentiel pour le succès de ce projet. «Avec l’appui du Président Macky Sall, aujourd’hui, ça nous permet de très bien travailler», souligne Mame Awa Koné. Ce soutien institutionnel donne une légitimité supplémentaire à leur action et renforce leur impact sur le terrain. A en croire Mame Awa Koné, formée en 2020, être une Bajenu gox est bien plus qu’un métier, c’est aussi une vocation qui les relie profondément à leur communauté. «Le métier de Bajenu gox est un métier que nous aimons, parce que nous sommes des mères de famille. Les Bajenu gox ont du mérite. Et c’est une fierté d’être Bajenu gox», insiste-t-elle. Cette fierté se manifeste également dans leur désir de voir d’autres femmes rejoindre ce projet, pour étendre leurs actions et renforcer les liens au sein de la communauté. «J’appelle toutes les autres filles et femmes à venir rejoindre le projet des Bajenu gox», conclut celle qui dit être au service de son quartier : la Cité Impôts et Domaines. Cette joie, Aïda Diagne la ressent quotidiennement. Sage-femme au niveau de ce district, elle rend hommage à tous les Bajenu gox du Sénégal. «Les Bajenu gox nous aident vraiment dans notre travail de tous les jours. Elles nous facilitent le travail maintenant. On les remercie vivement et leur rend hommage», termine-t-elle.