#Thiès – Les retraités bloquent la circulation du train : Les cheminots réclament une revalorisation de leurs pensions

En grève depuis une semaine, les cheminots retraités ont encore barré les trains ce mardi matin 26 mars 2024, bloquant la circulation ferroviaire sur la ligne Thiès-Diamniadio, pour réclamer une revalorisation de leurs pensions. Il s’agit d’un vieux contentieux social avec l’Etat du Sénégal, évalué à près de 2 milliards F Cfa. Une nouvelle forme de lutte pour obtenir la satisfaction de leur revendication.Par Cheikh CAMARA –
Les cheminots à la retraite ont bloqué hier encore les Grands trains du Sénégal. Le président de l’Entente des ex-temporaires et des régies des chemins de fer du Sénégal se veut précis : «On a bloqué à contrecœur, ce n’est pas de notre gré, mais c’est une urgence. Ce sont des travailleurs qui ont fait leur carrière et qui n’arrivent pas à percevoir correctement leurs pensions.» Des perturbations notées à la gare ferroviaire de Thiès, ce mardi 26 mars. Les anciens travailleurs temporaires de la régie des chemins de fer, en grève depuis une semaine, pour exiger une revalorisation de leurs pensions de retraite, ont encore bloqué la circulation ferroviaire sur la ligne Thiès-Diamniadio. Les trains assurant cette liaison sont restés en gare. Ces retraités déplorent le fait que «l’Etat n’ait pas daigné répondre pas à nos revendications».
Le directeur de l’Exploitation des Grands trains du Sénégal (Gts), Mamadou Diop, apportant des précisions sur les «raisons» invoquées par les anciens travailleurs contestataires, souligne : «A notre grande surprise, on les a trouvés à l’intérieur de la gare et on a saisi les autorités compétentes. On leur a expliqué la présente situation avant de saisir les Forces de défense et de sécurité, qui se sont vite déployées au niveau de la gare de Thiès pour leur expliquer réellement la situation.» Pour lui, il y a un nouveau gouvernement qui arrive. «Actuellement on va vers un changement de gouvernement et il faudrait qu’ils essaient d’attendre», dit-il. Maintenant, pense M. Diop, «le message est passé, ils ont compris l’information fournie par les Forces de l’ordre et ont décidé de lever leur mot d’ordre de grève à partir d’aujourd’hui». Il n’a pas manqué de rassurer les usagers sur le fait qu’«à partir de maintenant (hier), les trains vont reprendre la circulation. Nous comptons maintenir la sortie des trains à partir de Diamniadio, pour honorer l’engagement qu’on a pris envers les usagers des Grands trains du Sénégal, et on travaille en partenariat avec le Ter».
L’Entente des agents dits ex-temporaires de la régie des chemins de fer du Sénégal dénonce depuis belle lurette une «vieille injustice». D’abord, elle se félicite de «l’attention portée au dossier de ces ex-travailleurs du rail par les autorités étatiques qui, sur ordre du président de la République, avaient réglé une partie du contentieux social de ces agents». Mais, remarque le président de l’entente, «aujourd’hui, malgré les ordres du chef de l’Etat, force est de constater que beaucoup reste à faire, car des retraités des Chemins de fer, au nombre de 1300 pères de famille et ayants droit, vivent des moments inimaginables par la faute de l’administration de l’ex-régie des Chemins de fer du Sénégal. Ce qui fait qu’une partie de ces agents partis à la retraite depuis des années n’a pas encore touché une pension, ce qui a installé des agents dans la misère et la désolation».
Ces «opprimés», d’anciens cheminots admis à la retraite depuis plusieurs années et qui courent après le paiement de leurs indemnités de retraite, se rappellent, le cœur meurtri, que «le ministre des Finances et du budget, lors de son passage à l’Assemblée nationale, avait promis de régler le problème, ce qui avait soulevé beaucoup d’espoir chez les cheminots que nous sommes mais, à la longue, rien n’a été fait». Aussi de penser, avec conviction, qu’«aujourd’hui, il ne peut y avoir deux types de cheminots, car nous ne réclamons que nos droits». L’Entente des agents dits ex-temporaires de la régie des Chemins de fer du Sénégal a bon espoir que «le Président Macky Sall ne doit pas quitter le pouvoir sans régler ce vieux problème». Cette situation, remarquent-ils, est extrêmement préjudiciable pour eux, d’autant plus que les victimes sont des Sénégalais ayant travaillé à la sueur de leur front et ayant par conséquent droit à la retraite.
Il déclare qu’il y a certains parmi eux qui sont malades et n’arrivent pas à se soigner, et d’autres vivent dans la précarité en raison de ces manquements. Ne comptant pas s’arrêter à ce stade, ils déclarent qu’ils prendront toutes les dispositions nécessaires pour mettre fin à cette forfaiture. Aussi de déplorer «l’absence de réaction des autorités politiques thiessoises face à la situation chaotique dont nous sommes victimes». Ces cheminots ont passé des nuits à la gare ferroviaire de Thiès pour se faire entendre. «Notre mouvement d’humeur (revendications) a été suspendu sur demande du ministre des Finances, qui nous avait appelés à une rencontre, à Dakar, mais à notre arrivée, malheureusement, on ne l’a pas trouvé sur place. Cela nous a poussés à continuer notre plan d’actions.» Et sur ce, les anciens cheminots lancent un appel au Secrétaire général de leur centrale, Mody Guiro, pour qu’il vienne à leur secours, parce que, rappellent-ils, «nous sommes des travailleurs qui, après 35, 40 ans de service, se sentent délaissés à tort, et c’est vraiment regrettable de voir des retraités passer la nuit dehors, dormir à la belle étoile, rien que pour se faire entendre, vraiment c’est du jamais vu».
Correspondant