Le journaliste et Administrateur général du Groupe Avenir communication, Madiambal Diagne, a offert hier, lors de l’émission «Le Débat africain» sur Radio France internationale (Rfi), une analyse perspicace de l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal dès le premier tour. Selon M. Diagne, l’élection de Bassirou Diomaye Faye a été indirectement favorisée par des actions du Président Macky Sall, notamment à travers l’adoption d’une loi d’amnistie.Par Ousmane SOW –

Bassirou Diomaye Faye a été élu président de la République du Sénégal, le 24 mars dernier, suscitant à la fois surprise et réflexion quant aux dynamiques qui ont façonné ce résultat inattendu. Evidemment, cette élection, qui a vu la défaite de Amadou Ba, l’ancien Premier ministre sous Macky Sall, dès le premier tour, a surpris bon nombre d’observateurs, y compris Madiambal Diagne, journaliste et patron du Groupe Avenir communication. «Il faut dire que c’est l’aboutissement d’un long processus démocratique et aussi un soulagement pour les électeurs sénégalais et pour la population de façon générale», a-t-il révélé, hier à Radio France Internationale (Rfi), dans l’émission «Le Débat africain».

Lors de cette intervention, Madiambal Diagne a évoqué les tumultes passés, rappelant les échauffourées qui ont émaillé la période précédant l’élection présidentielle, mais il se félicite du bon fonctionnement des institutions étatiques lors de ce scrutin du 24 mars dernier. Selon le patron du Groupe Avenir communication, cette victoire ne s’est pas dessinée sans heurts. Et cette vague politique a bousculé les attentes, préfigurant l’arrivée de Diomaye Faye à la tête du pays. «Une surprise pour beaucoup de gens, mais aussi c’était une dynamique sur laquelle a surfé l’opposition politique, notamment la formation Pastef. Quand on regarde dans le rétroviseur, on voit que lors des élections locales de 2022 et des élections législatives de la même année, il y a eu un bouleversement de la hiérarchie politique. Il y a eu l’irruption d’une catégorie d’hommes politiques où la cellule de Pastef, avec une coalition électorale très forte, a pu avoir une présence jamais constatée à l’Assemblée nationale. Et donc, les électeurs sénégalais ont continué de voter de la même façon», a-t-il réagi, répondant à la question de Rfi : comment a-t-il perçu l’arrivée de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal ?

Pourtant, il faut le dire, les obstacles semblaient nombreux. L’emprisonnement de Bassirou Diomaye Faye et de son leader Ousmane Sonko aurait pu entraver leur campagne. Madiambal Diagne semble confirmer cette perception. «Surpris, oui, j’avais été effectivement surpris, car je n’aurais peut-être pas pensé que la dynamique avec laquelle l’élection avait été approchée, avec la candidature de substitution que constituait Bassirou Diomaye Faye, mais également avec le fait qu’il avait été pendant un long moment victime d’un handicap avec sa détention, qui pouvait être un facteur handicapant pour sa campagne, se sont révélés, quelque part, être des facteurs catalyseurs d’une campagne électorale».
Madiambal Diagne poursuit en expliquant que l’élection de Bassirou Diomaye Faye a été indirectement favorisée par des actions de Macky Sall, notamment à travers l’adoption d’une loi d’amnistie. Il précise : «Surtout qu’ils ont bénéficié, il faut le dire, d’une situation où les circonstances ont été appréciées comme étant très favorables à cette dynamique de campagne. Parce que, souvenez-vous, à quelques jours du démarrage de la campagne, comme par enchantement, le président de la République a sorti de sa casquette cette loi d’amnistie pour élargir de prison Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, et cet élargissement leur a permis d’avoir le vent en poupe.»

Parlant de la formation de ce nouveau gouvernement sous la Présidence de Bassirou Diomaye Faye avec son Premier ministre Ousmane Sonko, Madiambal Diagne estime que tout dépendra maintenant de l’intelligence dont ils feront preuve tous les deux. Il explique : «Au plus haut niveau de l’Etat, il y a eu des expériences heureuses de collaboration comme cela. Comme aussi, il y a eu des expériences malheureuses. Toujours est-il que c’est une nomination qui était attendue. Effectivement, le peuple de Pastef attendait que Sonko soit aux manettes en même temps que Bassirou Diomaye Faye. Et aujourd’hui, les rôles sont partagés, ils vont essayer très certainement d’élaborer une politique commune et gouverner le pays dans la perspective des attentes de la population.»