Le calendrier académique au niveau de l’enseignement supérieur du Sénégal est complètement désarticulé. Pour éviter que le discrédit soit jeté sur le fonctionnement des universités, avec son lot d’impacts financiers, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, El Hadji Abdourahmane Diouf, a initié un séminaire de stabilisation du calendrier académique. La cérémonie d’ouverture a eu lieu hier à Saly et a regroupé les responsables de 8 universités publiques, 6 instituts d’enseignement supérieur privés et 2 universités en gestation (Matam et Tambacounda). En plus, des enseignants-chercheurs, des syndicats, des étudiants, les personnels administratifs et techniques ont pris part à ce séminaire qui va durer trois jours. Par Alioune Badara CISS –

Les années universitaires s’étirent vers l’infini. Les rentrées sont fixées en mai ou juin alors que les années débutaient en octobre. Cette désarticulation du calendrier académique au niveau des universités publiques est une véritable équation que le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation tente de résoudre. Il a présidé hier un séminaire sur la question à Saly, où ont été conviés les responsables de 8 universités publiques, 6 instituts d’enseignements supérieur privés et 2 universités en gestation (Matam et Tambacounda). En plus, des enseignants-chercheurs, des syndicats, des étudiants, les personnels administratifs et techniques ont pris part à cette rencontre. D’après Abdourahmane Diouf, le diagnostic montre que le calendrier académique est complètement désarticulé. Et cela n’est pas sans conséquence sur les finances publiques. «Le Sénégal est en train pratiquement de jeter de l’argent à la poubelle à cause du chevauchement des années académiques. Les étudiants qui doivent faire une Licence en 3 ans la font en 4 ans. Ceux qui doivent faire un Master en 2 ans le font en 3 ans. Et tout cela constitue un bloc de dépenses particulièrement importantes que le Sénégal pourrait rationaliser et injecter dans l’enseignement supérieur», regrette Dr El Hadji Abdourahmane Diouf. Durant ces trois jours, les acteurs vont se pencher sur les goulots d’étranglement qui plombent le calendrier académique. Après avoir travaillé sur l’impact financier, le Mesri va s’attaquer rapidement au délai d’orientation des étudiants. «Quand les étudiants ont le Bac au mois de juillet, pour l’année dernière, ils ont été orientés au mois de janvier. Six mois après, dans les autres universités, dans les autres pays qui fonctionnent normalement, on est presque à la fin de l’année ou au moins on a terminé le premier semestre. Nous nous sommes donc demandé sur quels leviers il faut appuyer pour arriver à orienter les étudiants 1 mois ou 1 mois et demi après l’obtention de leur Bac», suggère le ministre. En plus de cela, il y a l’écueil du logiciel Campusen, qui a déjà fait ses preuves mais qui doit être paramétré sur un certain nombre de préoccupations. «Avant, il fallait d’abord orienter les étudiants dans les universités publiques, après orienter les autres dans les Isep et enfin orienter le reste dans les établissements supérieurs d’enseignement privé. Nous avons considéré que tous les étudiants sont d’égale dignité et qu’il faut les orienter tous en même temps, dans le respect de l’éthique et de la déontologie. Maintenant, l’idée, c’est qu’avec le logiciel Campusen, on arrive à se réinventer pour nous proposer une orientation simultanée de tous les étudiants dans le délai escompté. Une fois qu’on a réussi à faire cela, on va commencer l’année au mois d’octobre», précise Dr El Hadji Abdourahmane Diouf.

Orientation des bacheliers
Par ailleurs, il y a le problème du chevauchement des années universitaires. «Les bacheliers de 2023 viennent à peine de démarrer leurs cours, il y a des bacheliers de 2022 qui sont encore en première année à l’université, c’est une anomalie. Il faut que ce gap soit rattrapé le plus rapidement possible pour qu’au mois d’octobre, quand on va commencer la première année pour les bacheliers de 2024, les autres étudiants soient restaurés dans leurs droits. Cela demande beaucoup d’efforts de la part des enseignants, des étudiants, et naturellement du ministre de l’Enseignement supérieur qui est prêt à les accompagner. Et aussi, une fois qu’on a réglé tout cela, il nous faut recruter des enseignants.»
Toujours sur les difficultés qui freinent le calendrier académique, le ministre rappelle le problème des infrastructures. «Il faut que les chantiers que le ministère a commencés, se terminent, parce que les étudiants doivent avoir des salles de classe décentes, des restaurants décents. Nous y travaillons et nous pensons pouvoir livrer une partie de ces chantiers d’ici la rentrée pour que les étudiants soient dans des conditions de travail décentes. Et nous travaillerons plus tard sur le contenu de la formation. Pour le moment, avec ce séminaire, nous essayons de régler des problèmes ponctuels, des problèmes conjoncturels, on est sur le court terme, et tout se passe bien. Tous les résultats qu’on aura ici, seront appliqués à partir du mois d’octobre», s’est engagé M. Diouf.
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