Par Serigne Saliou DIAGNE –

Dans un pays où tout semble déprimant et avec une économie quasi à l’arrêt du fait d’un nouveau pouvoir qui bande des muscles et veut tirer sur tout ce qui bouge, un match des Lions du Sénégal est la parfaite récréation. Il n’y a rien de mieux qu’un grand choc entre des nations folles de football pour trouver un peu de motivation au désordre ambiant et à la morosité du pays.

Tabaski oblige, mais les travées du Stade Président Abdoulaye Wade de Diamniadio ont rarement été aussi vides pour les rencontres qui ont pu être accueillies dans cet écrin. Au fur et à mesure que le match avancera, les gradins auront du monde, mais rien de fou.

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Un esprit tordu me dira qu’une partie de la jeunesse était prise à suivre le monologue révolutionnaire du «Tintin de Rosso», Juan Branco, venu professer des leçons de courage démocratique et de passion révolutionnaire au Cices. Cette fois-ci, il prendra les précautions d’entrer dans nos frontières légalement. Il n’est plus besoin qu’il s’essaie à la vie dangereuse puisque ses amis sont aux affaires. On ne nous aura épargné que l’université de Dakar soit le théâtre d’un nouveau cirque d’un autre prince, après Mélenchon qui était venu porter ses paroles à polémique.

Revenons à notre match. Côté tribune, il y a une belle symbiose entre les groupes de supporters du 12ème Gaindé, «Allez Casa» et l’Asc Lébou Gui. Entre percussions et rythmes endiablés, chacun des collectifs de supporters, qui se sont approprié respectivement une couleur du drapeau national, a donné le ton à la rencontre. Dans le virage sud, un groupe de supporters congolais est bien niché.

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90 minutes de foot guerrier entre les hommes des capitaines Kalidou Koulibaly et Chancel Mbemba. Ils rappellent d’une façon drôle par le sérieux qu’ils donnent à leur rôle de meneur d’hommes, les deux capitaines Mark Landers et Olivier Attone du fameux manga de football «Olive et Tom».
Le coach Aliou Cissé entraînera pour une centième sur le banc des Lions. Ce centurion qui aura fait face à toutes les critiques, toutes les formes d’adversité, aura tenu la barre de la barque pour plusieurs conquêtes. Dommage que la victoire ne soit pas au rendez-vous (1-1).

Tout ce qui fait de nous de bons supporters (spectateurs) sénégalais est au menu. L’impatience à chaque action, nos commentaires impertinents à chaque perte de balle, les milliers de coaches qui font et refont les actions, prêts à prendre «El Tactico» par la gorge. Comme dans toute belle chose, l’excès n’est pas loin. Un quadragénaire, symbole absolu d’une jeunesse aux commandes, arrosera un aîné d’insultes pour on ne sait quel motif. Je verrai le virulent nouvel opposant Oumar Sow s’interposer entre les deux pour appeler au calme. Toute une image !

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Côté terrain, nos Lions se sont cherchés le gros du match, avec des éclaircies par moments. Les buts ont pu être au rendez-vous grâce aux «pattes» de Ismaïla Sarr et Fiston Mayele, pour un partage des points.
Le public a pu communier avec une équipe qui cherche ses automatismes et opère une transition douce de générations. La solidité défensive, comme toujours, a été au rendez-vous. Les rocs Kalidou Koulibaly et Abdoulaye Seck auront sauvé à plusieurs reprises la maison Sénégal. Il y aura du travail à faire avant que nous puissions obtenir un ticket pour le Mondial nord-américain de 2026.

Il manquera Sadio Mané et Nampalys Mendy à ce choc, mais ils auront pu être dans les tribunes pour apporter soutien à leurs camarades. Une magie du Stade du Président Abdoulaye Wade de Diamniadio aura également manqué pendant cette rencontre.
Les Lions, malgré ce match nul face au Congo, auront donné un bol d’air et de quoi souffler dans un pays qui se cherche. De quoi garder encore une fierté pour cette Nation malgré tout le désordre ambiant…

saliou.diagne@lequotidien.sn