La 27e édition du Festival des musiques sacrées s’est tenue du 24 mai au 1er juin à Fès, considéré comme la capitale spirituelle du Maroc. C’est également une ville dans laquelle vécurent, en harmonie, juifs, chrétiens et musulmans. Cette année, le festival a célébré Al-Andalus, fait de tolérance et d’émulations qui virent notamment naître, de ces métissages, la musique arabo-andalouse. Rencontre avec la flutiste Naïssam Jalal, autrice de l’album Healing Rituals (Rituels de guérison).

A cette image, le spectacle d’ouverture Zyriab ou la cinquième corde, une création de Alain Weber, rassemblait des artistes d’Ouzbékistan, de Syrie, d’Inde, d’Espagne, d’Egypte, d’Italie, de France et bien sûr du Maroc. Sur les remparts de la mythique place Bab el Makina, les artistes ont fait vivre avec ferveur l’histoire mythique et mystique de Zyriab, dit le «merle noir», qui vécut au VIIIe siècle. Parti de Bagdad où il était menacé de mort par un rival jusqu’à Cordoue, le père de la musique arabo-andalouse incarne aussi, pour les artistes, un personnage mystique qui se nourrit des musiques qu’il rencontra sur sa route.
Une démarche à l’image de celle du chanteur britannique d’origine iranienne, Sami Yusuf. Les milliers de billets de son concert étaient vendus depuis des mois. Du Maroc, d’Espagne ou encore d’Italie, ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement pour écouter celui dont les musiques soufies s’ouvrent sur celles du monde. Sa création -comme toujours inédite- faisait la part belle à la musique espagnole et marocaine, grâce, entre autres, aux prodigieux Nabyla Maan, Ismaïl Boujida et Morro Errayel. Tout comme Yatra-Safar, autre création unique, qui conduisit cette fois du Rajasthan à l’Andalousie, grâce à un concert à l’unisson du grand maître Vishwa Mohan Bhatt, du guitariste Justin Adams, des voix soufies de Desert Slide, de Anwar Khan Manganiyar, ou encore des chants des confréries Hamadcha de Fès. Une pure merveille.
Rfi Musique