Par Cheikh CAMARA –
«Alors que nous nous apprêtons à commémorer la disparition de Ousmane Tanor Dieng, figure historique du socialisme sénégalais, le Parti socialiste traverse une crise profonde, fruit de dissensions intestines et d’une gestion contestée qui a miné notre crédibilité aux yeux du Peuple.» Le constat émane de l’Initiative de réflexion et d’action socialiste (Iras), qui a tenu une conférence publique, ce vendredi 28 juin 2024, à Thiès, pour «faire un état des lieux de la situation au sein du Parti socialiste» et réclamer «la tenue d’un congrès extraordinaire et le renouvellement des instances dirigeantes».
Cette rencontre, qui intervient dans un contexte particulier, avec un chapelet d’interrogations au sein de la famille socialiste, a été l’occasion, pour le Coordinateur national de l’Initiative de réflexion et d’action socialiste (Iras), Niokhobaye Diouf, de s’offusquer du fait que «pendant trop longtemps, la Secrétaire générale intérimaire a maintenu son emprise sur les rênes du parti, prolongeant son mandat bien au-delà des limites normales. Cette situation a suscité de légitimes interrogations au sein de notre famille politique et a gravement affaibli notre capacité à incarner une alternative progressiste digne de ce nom. Nos derniers revers électoraux en sont le triste témoignage».
Aussi de poursuivre : «Il est temps de sortir de ce marasme et de renouer avec les valeurs fondatrices de notre mouvement. Nous ne pouvons plus nous bercer d’illusions : le Parti socialiste se trouve à la croisée des chemins, confronté à des défis de taille qui nécessitent des réponses à la hauteur de nos ambitions.» M. Diouf se pose la question de savoir : «Comment regagner la confiance du Peuple sénégalais ? Comment redonner à notre parti sa force de proposition et sa capacité de mobilisation ? Comment surmonter ces divisions qui nous ont tant affaiblis ?»
Avec la plus grande fermeté, le Coordinateur national de l’Iras indique que «la direction actuelle du parti doit prendre la pleine mesure de la situation. Nous voulons, dans un délai très proche, convoquer un Bp afin d’aller clairement vers un congrès extraordinaire. Nous devrons envisager non seulement de renouveler en profondeur les instances dirigeantes, mais également actualiser nos textes fondateurs afin de les adapter aux réalités du Sénégal d’aujourd’hui. Seul un rajeunissement significatif de nos structures de base pourra nous permettre de reconquérir le cœur et l’esprit de nos militants, qui sont la colonne vertébrale de notre mouvement».
Mais au-delà de ces impératifs, Niokhobaye Diouf et ses camarades pensent qu’il leur faudra également travailler à «la réunification de la famille de la Gauche sénégalaise». Ils relèvent que «trop longtemps, nos divisions nous ont affaiblis face à l’adversaire politique» et pensent qu’«il est temps de dépasser nos querelles intestines et de nous rassembler autour d’un projet commun, capable de relever les défis auxquels notre pays est confronté. Seule une Gauche unie et déterminée pourra incarner l’alternative progressiste dont le Sénégal a besoin». Passé ce délai de dix jours, prévient M. Diouf, «l’Iras, en toute responsabilité, se verra dans l’obligation d’organiser des mobilisations et des actions de grande ampleur pour obtenir gain de cause. Nous ne pouvons plus tolérer cette gestion léthargique qui a trop longtemps prévalu. Si la direction actuelle persiste dans son immobilisme, elle en sera la seule et unique responsable. Nous prendrons alors nos responsabilités et mènerons un combat sans merci pour restaurer l’orthodoxie du Parti socialiste, ce parti qui a tant compté dans l’histoire de notre pays».
Correspondant