Bilan – Situation en matière de gouvernance, de paix et de sécurité : L’autre sommet de la Cedeao

L’avenir de l’intégration régionale fera l’objet d’un Sommet spécial. Les chefs d’Etat de la Cedeao ont pris cette décision lors de la 65ème Session tenue ce week-end. La Conférence a ainsi chargé «la Commission de travailler avec le ministère des Affaires étrangères du Nigeria, qui assure la présidence du Conseil, pour en définir le format et le calendrier».Par Dieynaba KANE –
Les départs du Niger, du Burkina Faso et du Mali de la Cedeao ont fait réagir les membres de cette organisation. Lors de la 65ème Session ordinaire de la Cedeao tenue ce week-end, la Conférence des chefs d’Etat a chargé «la Commission de convoquer un Sommet spécial sur l’avenir de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest, en tenant compte de la situation en matière de gouvernance, de paix et de sécurité et du projet d’intégration régionale». Dans le communiqué final, il est indiqué que instruction a été également donnée à «la Commission de faciliter une réflexion approfondie sur les relations entre les processus électoraux, la démocratie et le développement, et de prendre des mesures visant à intensifier les efforts en vue d’atteindre les objectifs de la Vision 2050». Il faut noter que la création de l’Alliance des Etats du Sahel regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso a fait l’objet de débats lors de ce sommet. D’ailleurs, dans le document, la Conférence a exprimé «a déception face au manque de progrès dans les interactions avec les autorités du Burkina Faso, du Mali et du Niger, et instruit le président de la Commission de faciliter une approche plus vigoureuse conformément aux décisions du sommet extraordinaire du 24 février 2024». Les chefs d’Etat de la Cedeao ont en outre demandé «à la Commission d’élaborer un plan d’urgence prospectif à son intention pour faire face à toutes les éventualités dans les relations avec les pays de l’Aes, en tenant compte des exigences de l’article 91 du Traité révisé de la Cedeao de 1993». Ils ont également affiché leur volonté «de soutenir tous les efforts de médiation en cours en vue de mettre fin aux tensions entre la République du Bénin et la République du Niger». Il faut rappeler que le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été désigné comme facilitateur de la Cedeao dans les discussions de la communauté avec l’’Aes (Burkina Faso, Mali, Niger), en collaboration avec le Président Faure Essozimna Gnassingbé du Togo. Le Général Umaro Sissoco Embaló de la Guinée-Bissau s’est engagé à «soutenir les discussions, en particulier avec le Burkina Faso». Concernant la situation au Niger, la Conférence a déploré «le maintien en détention et la levée de l’immunité de l’ancien président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, et exige sa libération sans condition».
Pour ce qui est du processus de transition en Guinée, les chefs d’Etat de la Cedeao se sont réjouis «des progrès réalisés, parmi lesquels figure la tenue d’un référendum constitutionnelle en 2024». Dans la même dynamique, ils ont apprécié les «interactions en cours entre la Commission et les autorités de transition» et félicitent «les autorités guinéennes pour avoir réaffirmé leur appartenance indéfectible à la Communauté de la Cedeao». Ainsi demande a été faite «à la Commission de dépêcher une mission technique pour approfondir la collaboration avec la Guinée dans le cadre de la transition». Dans ce cadre, la Conférence exhorte «les autorités de transition à accorder la priorité à la facilitation d’un dialogue inter-guinéen inclusif impliquant tous les acteurs politiques afin d’assurer un processus de transition consensuel et pacifique».
Lutte contre le terrorisme : vers la mise en place d’une force régionale de 5000 hommes
La situation sécuritaire dans la région, avec notamment le terrorisme, l’extrémisme violent, la criminalité transnationale organisée, les changements anticonstitutionnels de gouvernement, la désinformation, a été abordée lors de cette rencontre. Relevant que ces problèmes «sèment la méfiance et compromettent les valeurs et les normes régionales», les chefs d’Etat de la Cedeao font remarquer qu’ils continuent de poser des défis à la sécurité et à la stabilité de la région, «par le spectre des guerres par procuration dans la région, résultant de la concurrence géopolitique et géostratégique renouvelée qui y prévaut». S’agissant de la lutte contre le terrorisme et des autres menaces pesant sur la sécurité et la stabilité de la région, la Conférence a réaffirmé son engagement à les éradiquer. A cet égard, note-t-on dans le document : «Elle se félicite des propositions faites par les ministres de la Défense et des Finances en vue d’activer une force régionale pour lutter contre le terrorisme, notamment la mise en place d’une force de 5000 hommes, en commençant par une brigade de 1650 hommes qui pourrait être progressivement renforcée dans un délai précis.» Sur cette question, «la Conférence charge le président de la Commission de faciliter de nouvelles consultations sur les modalités et options de mobilisation des ressources financières et matérielles internes sur une base obligatoire pour soutenir l’activation de la force régionale de lutte contre le terrorisme, y compris la convocation d’une réunion technique des ministères compétents». Concernant toujours ce sujet, le président de la Commission a été chargé «d’explorer d’autres possibilités de mobilisation de ressources avec la Commission de l’Union africaine, notamment dans le cadre de la Résolution 2917 du Conseil de sécurité des Nations unies du 21 décembre 2023 et des résultats du Groupe de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel conjointement facilité par l’Ua, l’Onu et la Cedeao». Pour ce qui est de la gouvernance et de la démocratie, il est indiqué dans le communiqué final que «la Conférence réaffirme son engagement indéfectible en faveur de la bonne gouvernance et de l’ordre constitutionnel, félicite la Commission pour la diligence dont elle a fait preuve en impliquant les Etats membres dans des consultations en vue de la révision du Protocole additionnel de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance». En plus, «elle charge la Commission de poursuivre les consultations avec les Etats membres, en vue de finaliser la révision pour examen lors de sa prochaine session».