Face à la meilleure nation du tournoi, les Bleus veulent valider leur place en finale de l’Euro, ce mardi à Munich. Un choc entre deux philosophies qui s’annonce alléchant.

Le choc de deux mondes. Deux courants de pensée. Deux philosophies. Avec une seule place en finale à la clé. Les retrouvailles tant attendues entre l’Espagne et la France, pour le 37e affrontement depuis cent deux ans entre les deux voisins, font saliver, dans un Euro qui tarde à enthousiasmer les foules. L’Equipe de France n’en a cure.

Les critiques sur le jeu, les stars et le peu de spectacle (3 buts inscrits, dont deux contre son camp et un penalty) ne semblent pas perturber l’édifice mis en place par Didier Deschamps qui dégoûte tous ses adversaires. Le bloc est solide, prêt à une nouvelle bataille devant 70 000 spectateurs dans l’arène de Munich, face à ce qui se fait de mieux cet été en Allemagne. Un vrai duel de gladiateurs dans une authentique opposition de styles. Savoureux et excitant. Le survivant retrouvera les Pays-Bas ou l’Angleterre dimanche à Berlin.

Mbappé doit se réveiller
«On va rencontrer la meilleure équipe de cet Euro», plante le patron des Bleus, qui enchaîne une quatrième demi-finale sur six tournois internationaux disputés depuis sa prise de fonction en 2012. Pas mal pour un technicien annoncé en fin de cycle par certains. Au passage, après la Coupe du monde remportée en tant que joueur (1998) et entraîneur (2018), il vise de même pour le championnat d’Europe avec sa bande d’affamés au sein de laquelle Kylian Mbappé et Antoine Griezmann, portés disparus pour le moment, doivent enfin prendre la lumière. Et leurs responsabilités. Le destin de la sélection est en jeu. Le capitaine masqué ambitionnait de «marquer de son empreinte» la compétition au moment de débarquer à Paderborn. C’est le moment de passer à l’acte, lui qui traverse ce rendez-vous allemand (1 seul but sur penalty) telle une ombre carbonisée par une saison irrespirable au Psg. Fini le temps des excuses. Le terrain doit parler. Comme toujours.

Si le football chatoyant n’est pas, jusqu’à présent, au rendez-vous pour des Bleus vainqueurs de la Belgique (1-0) et du Portugal (0-0, 5-3 aux tirs au but) en huitième et quart de finale, l’Equipe de France s’avance comme la nation la plus régulière à ce niveau sur les dix dernières années. Un âge d’or à ne pas sous-estimer. Et qui laisse tous les rêves possibles pour rejoindre les héros de 1984 et 2000 le 14 juillet prochain. Jour de fête nationale, dans un contexte politique qui plombe un été annoncé ra­dieux, l’idée ne serait pas saugrenue. Pour le clin d’œil, il y a quarante ans et vingt-quatre ans, les Français avaient déjà éliminé le Portugal et l’Espa­gne… avant d’être sacrés.

L’Espagne propose le jeu le plus sexy dans cet Euro
La Roja, privée de trois titulaires (Carvajal et Le Normand suspendus, Pedri blessé) ce soir, se présente le torse bombé et la confiance à son paroxysme, après avoir sorti l’Alle­magne, pays-hôte, au tour précédent (2-1, après prolongation). Meilleure attaque de l’Euro (11 buts), cinq victoires en autant de rencontres après s’être extirpée d’un groupe composé de l’Italie et de la Croatie, l’Espagne de Luis de la Fuente a tout pour enquiquiner la meilleure défense du tournoi (1 but encaissé).

Un milieu de terrain joueur et technique, à l’image du soyeux Parisien Fabian Ruiz ou du solide Rodri et des bombes sur les ailes avec Lamine Yamal (16 ans) et Nico Williams (21 ans). Un cocktail explosif qui peut faire sauter le verrou français… ou s’y fracasser. Au choix. Les Bleus ont une petite idée.
Avec lemonde